du 14 février 2008 |
DERNIÈRE MINUTE |
SUITE À L'INTERDICTION DE FUMER DANS LES LIEUX PUBLICS
Bars à chicha : chronique d'une mort annoncée
Cette catégorie de bars est condamnée à disparaître. Bénéficiant jusqu'alors d'une relative trêve de la part des forces de l'ordre, ils sont désormais dans la ligne de mire. Les sanctions tombent.
Rémy Cléré, un des pionniers des bars à chicha. |
Pas moins de 800 bars à chicha
recensés, revendiquant 3 000 salariés, sont condamnés à disparaître, pour ceux
qui ne pourront pas se reconvertir.
Alors que les buralistes ont finalement
obtenu d'être reçus par Nicolas Sarkozy (lire page 5) pour rouvrir le
dossier sur l'interdiction de fumer dans les bars-tabac afin d'obtenir des
compensations et aménagements, les bars à chicha ont pour leur part été informés
du renforcement des contrôles les concernant. Depuis lundi, les sanctions
tombent pour non-respect de l'affichage réglementaire sur l'interdiction de
fumer, ainsi que pour chaque fumeur en infraction.
Il faut dire que les bars à chicha n'ont jamais cru que cette réglementation
allait les concerner. Ils pensaient obtenir une dérogation spécifique à leur
activité. L'année dernière, a été créée l'Union patronale du narguilé (UPN), qui
compte actuellement 200 adhérents avec, pour président,
Francis Druyer. Depuis plus d'une année, l'UPN demande à être reçue par
les pouvoirs publics. Sans suite. Rémy Cléré a fait partie des pionniers
quand il avait ouvert, en 2002, son bar à chicha, l'Orienthé,
à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.
Beaucoup d'idées, mais peu
d'argent
Fort de son BTS en
hôtellerie-restauration, après un BTS de force de vente, d'expériences
professionnelles à l'étranger - dont New York -, il souhaite s'installer à son
compte. Beaucoup d'idées, mais peu d'argent. Il est alors au RMI. Il a déjà son
projet en tête : ouvrir un bar à narguilé. Pari un peu fou auquel personne ne
croyait. D'autant qu'à cette époque, le narguilé subissait une image encore plus
sulfureuse qu'à l'heure actuelle. Pour beaucoup, le narguilé servait à fumer de
la drogue et non pas du tabac parfumé. Il parviendra à obtenir une aide
financière de l'Accre (Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'une
entreprise), trouve un local qui n'était plus exploité. Il refait tout,
l'aménagement et la décoration avec sa famille et ses amis. Le concept démarre
très vite et très fort. Ce qui lui permet de réinvestir aussitôt, d'embaucher du
personnel. "C'était mon rêve américain. J'ai pu embaucher du personnel,
payer mes impôts, moi l'ancien RMIste." Après six ans d'exploitation, il a pu
rembourser les trois quarts de son emprunt. Si le narguilé ne représente dans
son établissement que 50 % de son activité à côté de la dégustation de plus de
60 sortes de thé et de gâteaux orientaux, l'interdiction de fumer la chicha lui
a fait perdre déjà une importante partie de sa clientèle, et condamne, à terme,
son fonds de commerce.
Pascale Carbillet
zzz32
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3068 Hebdo 14 février 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE