Page 22 - L'Hôtellerie Restauration No 3318

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Emploi
Deuxième session
Depuis le 22 octobre, huit stagiaires en situation d’insertion professionnelle ont débuté un marathon de douze semaines
intensives de formation avec, à la clé, un certificat de qualification professionnelle et un emploi.
Thierry Marx crée une formation gratuite et qualifiante
H
uit stagiaires en réinsertion professionnelle ont
choisi les métiers de la restauration et ont dû
prouver leur motivation pour suivre une session
de formation d’un nouveau genre. Baptisé Cuisine
mode d’emploi(s), cet apprentissage est de courte durée
-
douze semaines en alternance dont deux semaines de
stage en entreprise -, et est piloté par de grands noms de
la gastronomie comme
GérardCagna
,
AlexMiles
ou
ThierryMarx
et accompagné par des professionnels du
recrutement comme Adecco. Cette formation gratuite,
voire rémunérée sous certaines conditions, permet
l’obtention d’un certificat de qualification professionnelle
(
CQP). Thierry Marx, à l’origine de ce projet, a voulu
rendre accessibles les métiers de la cuisine à un public en
situation d’insertion ou de reconversion professionnelle.
Pour réussir son pari, il a mobilisé de nombreux
partenaires dont la mairie du XX
e
arrondissement à
Paris, qu’il connaît bien pour avoir passé son enfance
et son adolescence dans le quartier. Ce challenge lui
tient particulièrement à cœur. En effet, à 13 ans, celui
qui deviendra un chef étoilé reconnu, aujourd’hui aux
commandes des cuisines duMandarin Oriental Paris,
a connu les difficultés d’orientation. Le futur spécialiste
de la cuisine moléculaire s’est même retrouvé en CAP de
mécanique.
OUVRIR LA RESTAURATION À DE NOUVEAUX
PROFILS
Alors, en 2012, le cuisinier met son réseau et sa
notoriété au service des personnes en difficulté
sur le marché de l’emploi afin de leur offrir une
nouvelle chance.
Deux ans de formation pour ce
public, c’est trop long. Il fallait donc concevoir un
programme adapté qui permette de décrocher un
emploi immédiatement après”,
explique Thierry Marx.
Ouvrir le monde de la restauration à de nouveaux
profils répondait aussi à la problématique de
recrutement récurrente d’un secteur souvent mal jugé
et méconnu.
Mais attention, pas question non plus de
déguiser la réalité d’un métier qui offre de nombreux
débouchés mais qui reste difficile. Il est important
d’être transparent auprès des candidats”,
ajoute-t-il.
La sélection des futurs stagiaires ne laisse donc rien
au hasard. Après l’étude des dossiers et un entretien
individuel, les postulants se présentent devant un
jury composé de professionnels de la cuisine et du
recrutement. Leur motivation est alors évaluée et le
déroulement de la formation et l’exigence de la cuisine
leur sont à nouveau expliqués.
L’instructeur, Gérard Cagna, a douze semaines
pour enseigner aux futurs commis de cuisine les
bases nécessaires pour être opérationnel en brigade.
Intensif et pratique, l’apprentissage s’articule autour
de 80 gestes et 9 modules (hygiène et sécurité,
préparations préliminaires, cuissons, fonds et
sauces, pâtisserie, approvisionnement et stockage,
organisation, distribution, remise en état du poste de
travail et des locaux). En parallèle, les stagiaires sont
suivis de près et coachés. Ainsi, tous les lundis, un point
est fait sur leur projet professionnel.
Il faut réveiller
leur ambition et les pousser à aller vers les employeurs”,
précise Thierry Marx.
LA GARANTIE DE L’EMPLOYABILITÉ
À mi-parcours, un responsable d’Adecco reçoit
individuellement chaque stagiaire pour échanger sur la
formation et les choix à faire pour la suite. Le cabinet
de recrutement, partenaire du projet Cuisine mode
d’emploi(s), vient en appui à différentes étapes. Au
niveau de la sélection en épluchant les C.V. reçus et en
participant aux entretiens et au jury, mais aussi en fin
de session pour ceux qui n’ont pas obtenu ou n’ont pas
voulu tout de suite de CDI. Certains préfèrent, en effet,
commencer par l’intérim et un intermédiaire pour se
rassurer et prendre leurs marques dans leur nouvelle
vie professionnelle.
Cette formation est une très
bonne chose en terme d’employabilité. Les stagiaires
s’intègrent très bien par la suite”,
assure
Dominique
Viel
,
directeur pôle recrutement hôtellerie-restauration
chez Adecco. Et, bien sûr, ces commis de cuisine
bénéficient, pour leur stage ou leur premier emploi,
du réseau de Thierry Marx. Un coup de pouce
bienvenu pour ceux qui se trouvaient dans une impasse
professionnelle quelques mois auparavant.
V. M.
Lutter contre les stéréotypes négatifs
Un nouveau site d’information sur les métiers du secteur est en ligne depuis le mois d’octobre. Orchestré par la branche
professionnelle, le Snarr, l’objectif est de faire connaître les perspectives d’un marché dynamique.
La restauration rapide valorise sa filière
D
ès la page d’accueil, le nouveau site
de l’Observatoire des métiers de la
restauration rapide (
-
restaurationrapide.fr) donne le ton. En
effet, il s’attaque de front aux nombreux
clichés tenaces auprès du grand public.
Les postes y seraient essentiellement
de
petits jobs d’étudiants”
?
Les jeunes
désireux d’arrondir leurs fins de mois
ne représentent pourtant que 25 %
des effectifs. La restauration rapide ne
proposerait que des CDD ? C’est tout
l’inverse : 90 % des contrats signés sont
des CDI. L’Observatoire paritaire du
Snarr (Syndicat national de l’alimentation
et de la restauration rapide), après
avoir mené ces six dernières années
de nombreuses actions notamment
dans le domaine de la formation, s’est
lancé, avec la refonte de son site, dans
une stratégie de communication active
.
Nous avions besoin de faire connaître
auprès du grand public nos métiers, nos
parcours professionnels et les possibilités
de carrière offertes à tout type de profil,
y compris des profils non qualifiés”,
déclare
SophieRooryck
,
présidente de la
commission formation au sein du Snarr
et responsable RH Île-de-France du
groupe Quick. Car la restauration rapide
souffre d’une image contrastée. Ainsi,
des secteurs qui partagent les mêmes
profils à l’embauche - comme la grande
distribution - apprécient aujourd’hui
l’employabilité des personnes issues de
la restauration rapide et les recrutent
volontiers. Même reconnaissance du
côté des lycées hôteliers et des écoles
de cuisine qui désormais ouvrent leurs
portes.
ÉVOLUTION DE CARRIÈRE
ET FORMATION CONTINUE
En revanche le grand public, lui, a encore
en tête des stéréotypes négatifs sur la
restauration rapide. Voilà pourquoi
l’Observatoire a voulu donner la priorité
aux informations sur les possibilités
d’évolution de carrière et de formation
offertes par le secteur. En effet, 70%
des managers y ont commencé comme
employé polyvalent de restauration.
À la clé, de nombreuses formations
(1 500
certificats d’aptitude au niveau II
et 2 000 CQP délivrés fin 2011) jalonnent
le parcours des salariés du secteur pour
les accompagner dans leur évolution
professionnelle. La branche poursuit ses
efforts en faveur de la reconnaissance
de sa formation continue et devrait
bientôt obtenir l’inscription au répertoire
national pour son CQP de responsable
opérationnel et l’ouvrir ainsi aux
équivalences.
Le site sera alimenté régulièrement de
témoignages, de résultats d’enquêtes
réalisées par l’Observatoire mais
aussi d’événements ou d’actualités du
marché. Enfin, le contenu de l’espace
entreprise sera bientôt disponible aux
membres du Snarr munis d’un code et
d’un identifiant. Ils auront alors accès à
des synthèses d’enquêtes effectuées par
l’Observatoire sur l’évolution des métiers
et des compétences, des informations
sur l’actualité des actions de formation
menées, mais aussi des conseils sur
l’organisation RH.
VALÉRIE MEURSAULT
La page d’accueil du site l’Observatoire des métiers
de la restauration rapide.
En chiffres
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