Page 10 - L'Hôtellerie Restauration No 3345

L’actualité
Le Synhorcat a officiellement proposé, mercredi 29 mai, de créer une appellation restaurant. Une initiative
critiquée par les autres organisations professionnelles.
PAR SYLVIE SOUBES
Le projet d’appellation du terme restaurant fait débat
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POUR :
LE SYNHORCAT
L’enjeu, pour le Synhorcat, est de poser
les jalons d’une information claire à
destination du consommateur.
Didier Chenet
,
président du syndicat,
a présenté mercredi 29 mai un
projet portant sur la création d’une
appellation restaurant. Le dossier est
soutenu par la députée PS de Gironde
Pascale Got
-
membre du club de la
Table française - et par le député UMP
du Pas-de-Calais
Daniel Fasquelle
-
coprésident de France terre de
tourisme.
Le Synhorcat a demandé à l’institut
I+C de réaliser une étude d’impact
auprès des professionnels sur
l’éventualité d’une réglementation
de l’appellation restaurant.
Pour
69 %
des professionnels, l’appellation
restaurant aurait pour conséquence
une augmentation de l’utilisation
des produits de saison et des circuits
courts, et pour 53 %, une diminution du
nombre de produits proposés à la carte”,
constate l’institut. Seulement 31 % des
restaurateurs déclarent employer des
produits industriels. Et parmi eux, 67 %
seraient prêts à les abandonner. Mieux,
81 %
des restaurateurs interrogés
considèrent qu’ils peuvent se passer de
produits industriels dans leur cuisine”.
Ces résultats confortent la démarche
entreprise par le syndicat en faveur de
la création d’une appellation restaurant.
Cette proposition
,
explique Didier
Chenet,
s’articule autour d’un principe :
un restaurant est un lieu où l’on sert à la
clientèle des plats cuisinés sur place à
base de produits bruts. Et d’exceptions
comme les charcuteries, les condiments,
les fromages, les pains et viennoiseries,
les glaces, etc.”
Pascale Got et Daniel Fasquelle étaient
aux côtés de Didier Chenet lors de
la présentation officielle du projet.
Les deux parlementaires soutiennent
le principe, qui devrait faire l’objet
d’un amendement dans le cadre de
la loi sur la consommation qui va être
discutée en juin. Une proposition de
loi, visant à réglementer l’appellation
de restaurateur et de restaurant a déjà
été présentée par le député du Pas-de-
Calais l’an dernier. Le dispositif peut-il
aujourd’hui aboutir ?
Pour Didier Chenet, il s’inscrit dans la
volonté de transparence et la qualité
réclamées par les consommateurs.
Il répond à une demande forte”
,
insiste
le dirigeant syndical qui estime que
c’est
une première marche”
et que la
seconde correspond au titre de Maître
restaurateur.
Q
Dans un communiqué commun, l’Umih, la CPIH, le GNC,
le Snarr, le SNRPO et le SNRTC ont réaffirmé leur opposition
à l’éventuelle création d’une appellation restaurant.
S’il est souhaitable d’apporter à nos clients une information
juste et transparente,
estiment-ils
,
cette démarche doit se
faire de manière constructive en évitant toute exclusion. Nous
sommes tous favorables à valoriser la restauration qui travaille
les produits bruts. Elle est non seulement source d’emplois,
mais c’est elle qui assure la transmission des savoir-faire
culinaires de notre pays. Elle est au cœur de la relation de
confiance entre le consommateur et le restaurateur. La
protection de l’appellation restaurant, c’est aller à l’encontre
de la vraie richesse de la restauration française qui, dans sa
grande diversité, est un atout majeur du rayonnement de la
France à l’international, capable de servir des prestations
de restauration pour toutes les occasions et pour tous les
budgets. Cela n’aura pour effet que de créer une complète
confusion dans l’esprit du public, des clients et surtout des
touristes internationaux qui ne se retrouveront pas dans
cette différenciation d’établissements de restauration.
N’oublions pas que selon le
Petit Robert,
un restaurant est un
établissement où l’on sert des repas moyennant paiement.
C’est créer, par ignorance de la réalité de nos métiers, un
handicap supplémentaire dans la promotion du tourisme
à l’étranger. Enfin, et surtout, cette appellation restrictive
du mot restaurant aurait des conséquences dramatiques
en termes d’emplois, notamment chez les jeunes. Dans
un contexte où plus d’un quart des 700 000 salariés du
secteur a moins de 25 ans, que deviendront les salariés des
établissements qui ne bénéficieront plus de la reconnaissance
du mot restaurant ?”
Les syndicats signataires de ce texte sont en revanche
favorables à la création d’un statut d’artisan restaurateur,
qui s’appuierait sur le label Maître restaurateur et qui,
selon eux,
préserverait la cohérence du secteur tout en
valorisant un savoir-faire et des pratiques artisanales, dans
l’un des rares secteurs à ne pas encore bénéficier de cette
reconnaissance”
.
Q
CONTRE :
L’UMIH, LA CPIH, LE GNC, LE SNARR, LE SNRPO ET LE SNRTC