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Maintenir l’activité de l’entreprise

pendant une grève

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Face à un arrêt du travail d’une partie de son personnel, le chef d’entreprise doit

continuer à délivrer le service attendu par sa clientèle. Le point avec Bastien Ottaviani,

associé chez Vaughan Avocats.

Juridique

FICHE PRATIQUE

BON À SAVOIR

Les grévistes n’ont pas le droit d’empêcher

les non-grévistes de travailler ou les clients

d’entrer dans l’hôtel.

Il est interdit à l’employeur d’embaucher

un salarié en CDD ou de faire appel à un

intermédiaire pour remplacer un salarié

gréviste, sous peine de sanctions pénales.

L’embauche d’un salarié en CDD ou d’un

intermédiaire, même pendant la grève est

autorisée :

- pour l’accomplissement d’autres tâches que

celles dévolues aux grévistes (remplacement

d’un salarié malade, accident, etc.) ;

- à la fin du conflit, pour faire face au surcroit

d’activité résultant de la nécessité de rattraper le

retard pris pendant la grève.

Par ailleurs, il n’est pas interdit de faire appel à

une autre entreprise. Celle-ci interviendra soit

sur les lieux mêmes de la société en grève en

envoyant ses propres salariés, soit en réalisant la

production dans ses propres locaux.

Î

L’effet d’une grève sur le contrat de

travail des salariés grévistes

Lorsque le salarié n’exécute plus son travail, l’em-

ployeur est dispensé, sauf exception, de lui verser le

salaire, ainsi que ses compléments et accessoires.

La retenue opérée sur le salaire doit être strictement

proportionnelle à la durée de la suspension du contrat

de travail. Au-delà, il s’agit d’une sanction pécuniaire

interdite.

Î

L’employeur peut-il demander au personnel

non-gréviste de travailler plus ?

En pratique, se contenter de maintenir les non-gré-

vistes à leur poste selon l’horaire habituellement pra-

tiqué ne suffira pas. Il faudra généralement augmenter

leur temps de travail et/ou les affecter aux postes tem-

porairement vacants. Bien sûr, l’employeur est tenu de

payer les salaires et les heures supplémentaires majo-

rées. Il peut décider d’aller au-delà de cette obligation

minimale en récompensant les non-grévistes par le

versement d’une gratification, mais sa justification

devra être objective pour éviter toute discrimination.

Î

Les salariés non-grévistes peuvent-ils

refuser d’effectuer des heures

supplémentaires ?

Selon une jurisprudence constante, le fait pour un sala-

rié de refuser d’exécuter des heures supplémentaires

valablement imposées constitue, selon les circons-

tances, et sauf stipulation contractuelle contraire, une

faute pouvant parfois donner lieu à licenciement. En

vertu de ce principe, ils doivent donc se conformer aux

directives de l’employeur et accepter cette surcharge

de travail.

Î

Le personnel non-gréviste réquisitionné

est-il en droit de refuser d’effectuer des

tâches qui sortent de son emploi habituel ?

Sous réserve que l’accomplissement de ces tâches ne

caractérise pas une modification de leurs fonctions,

l’employeur pourra être amené à confier aux non-gré-

vistes des tâches annexes ou accessoires. Mais le per-

sonnel réquisitionné est en droit de refuser d’exécuter

une tâche inhabituelle sortant du cadre de son emploi,

Ce refus n’étant pas constitutif d’une faute.

Î

L’employeur peut augmenter la durée de

travail des salariés à temps partiel

L’employeur peut proposer aux salariés à temps

partiel un avenant au contrat aux termes duquel ils

travailleront, pendant une durée limitée, à temps

complet. Cela ne le dispense pas pour autant de payer

les majorations pour heures complémentaires et/ou

supplémentaires.

Î

L’employeur peut faire appel à sa famille

pour l’aider pendant la grève

En pratique, la loi n’interdit pas à l’employeur de pro-

céder au remplacement des salariés grévistes par des

bénévoles comme sa famille, ses amis, etc. Le bénévo-

lat doit cependant rester exceptionnel pour que cette

pratique ne soit pas requalifiée en travail dissimulé.

Î

L’employeur ne peut pas sanctionner ou

licencier un salarié ayant fait grève

L’exercice du droit de grève ne peut pas justifier la rup-

ture du contrat de travail, sauf faute lourde imputable

au salarié. Àdéfaut, le licenciement est nul. L’employeur

ne peut pas non plus sanctionner un salarié pour avoir

participé à une grève, hors cas de faute lourde.

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© THINKSTOCK

AVOIR LES BONS

RÉFLEXES

POUR

SORTIR D’UNE

GRÈVE

Faut-il nommer un huissier ? Prendre un avocat ?

Comment communiquer avec les salariés ? Quelle

est la procédure judiciaire quand l’employeur ne

veut pas céder ?

www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR738871

ou flashez ce QR code

LES LIMITES

DU DROIT DE GRÈVE

Pour être valable, la grève doit :

prendre la forme d’un arrêt total du travail ;

être issue d’une volonté collective et concertée

des salariés (l’appel d’un syndicat à faire grève

n’est pas nécessaire) ;

avoir pour objet des revendications

professionnelles (salaires, conditions de

travail...).

Si ces trois conditions ne sont pas réunies, il ne

s’agit pas d’une grève mais d’un mouvement illicite

pouvant être sanctionné par l’employeur dans le

cadre de son pouvoir disciplinaire.

Bastien Ottaviani

, associé

chez Vaughan Avocats.

Une question ?

Blog des Experts ‘Droit du travail en CHR :

les conditions de travail (+ modèles de lettres)’

sur

www.lhotellerie-restauration.fr

DANIEL

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Vaughan Avocats

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