L'Hôtellerie Restauration No 3698

14 L’Hôtellerie Restauration N° 3698 - 12 mars 2020 EMPLOI Rédiger un CV pour l’international Travailler dans un restaurant étoilé aux États-Unis : l’expérience d’un couple de Français Ne vous limitez pas à un CV unique si vous souhaitez postuler à l’étranger ! La règle d’or : adapter votre candidature aux critères en vigueur dans le pays ciblé. SAN FRANCISCO (ÉTATS-UNIS) Julie Staelen et Matthias Cattelin sont employés au restaurant californien Quince. Une expérience “magique” qui leur permet de découvrir une autre façon de travailler et un nouvel état d’esprit. © ISTOCK Règle n° 1 : 2 CV pour une candidature Si vous postulez dans un pays non anglo-saxon, l’idéal est de rédiger deux CV : l’un dans la langue du pays choisi, l’autre en anglais. S’il s’agit d’un établissement français à l’étranger, prévoyez systématiquement un CV en français et l’autre en anglais. Règle n° 2 : Pensez local Selon le pays, la présentation des CV varie considérablement. Avant de vous lancer, surfez sur le web pour connaître les us et coutumes locales. Exemple : en Allemagne - où l’on doit dater et signer son CV -, on peut détailler son état civil. Une pratique qui ne se fait pas aux États-Unis, où il vaut mieux se contenter du strict minimum (nom, prénom, adresse et numéro de téléphone). En revanche, dans ce pays, les recruteurs adorent les lettres de recommandation d’anciens employeurs. Au Japon, la structure du CV (appelé ‘rirekisho’) est très définie : écriture à la main, à l’encre noire, structurée en paragraphes prédéfinis. Un CV britannique s’étend généralement sur deux pages, sauf si on est jeune diplômé. Précision et rigueur sont alors la règle. Règle n° 3 : Pas de traduction mot à mot Les faux-amis sont votre ennemi. Gare au vocabulaire utilisé quand vous transposez votre CV en langue étrangère. Exemple : ‘high school’ n’est pas la traduction de grande école, mais de lycée. Le nom des établissements et des écoles ne se traduit jamais. Pensez également à indiquer toutes les informations relatives à votre visa et permis de travail. Règle n° 4 : Photo ou pas ? Non si vous postulez aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie. À l’inverse, c’est très bien perçu en Allemagne. Dans le doute, reste une solution : indiquez l’URL de votre profil LinkedIn ou Facebook, que le recruteur pourra ou non consulter. Règle n° 5 : dans l’UE, adoptez le CV Europass Si vous postulez en Europe, il est possible de créer un CV Europass. En tant que citoyen européen, cet outil est très pratique car il permet de présenter vos qualifications et d’avoir accès à des offres d’emploi ou de formation dans toute l’Union européenne. Ce système comprend également des modèles de CV et de lettres de motivation. Plus d’infos : https://europass.cedefop.europa.eu Poser une question, ajouter un commentaire Laetitia Bonnet-Mundschau > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR562419 Postuler à l’international nécessite de toujours bien vérifier les règles du pays en matière de rédaction de CV. L ors d’un voyage de quatre mois aux États- Unis, Julie Staelen , 23 ans, et Matthias Cattelin , 25 ans, ont un coup de cœur pour San Francisco. À l’époque, ils travaillent en Grande-Bretagne au Relais & Châteaux Gravetye Manor, alors fermé quelques mois pour travaux. Conquis, les jeunes Français veulent revenir à San Francisco pour y tra- vailler. Après consultation du guide Relais & Châteaux, ils envoient des CV en juin 2018 et, sans réponse, des relances en octobre. Le restaurant 3 étoiles Quince, à San Francisco, retient leurs candidatures, et leur propose deux contrats à durée déterminée d’un an. L’établissement, via ses avocats, gère l’ob- tention de leurs visas de travail - délivrés après cinq mois d’attente. Julie et Matthias atterrissent à San Francisco en avril 2019, et débutent en tant que commis, comme tous les employés. “J’ai été commis pendant trois semaines, puis ‘kitchen server’ - en charge des commis et de la communication avec le chef - pendant un mois et demi, avant de prendre le poste de chef de rang”, raconte Julie Staelen. Après deux mois en tant que commis, Matthias Cattelin intègre le poste de somme- lier, juste libéré. Leurs visas et leurs emplois garantissent une assurance sociale. Ils touchent leurs salaires toutes les deux semaines et paient des impôts qu’ils récupèreront à leur départ, ne pouvant rester sur le sol américain à la fin du contrat. La jeune femme gagne en moyenne 4 500 $ par mois (environ 4 000 €), et son compagnon 6 000 $ (5 400 €). Les pourboires constituent une grosse partie de la rémunération. “Mon salaire connaît des variations de plus ou moins 300 $ (270 €). Le restaurant nous paie 15 $ (13,5 €) de l’heure, mais cet argent part dans les impôts. Les clients, habitués à ce fonction- nement, laissent un pourboire d’au minimum 12 à 15 % de la note. Dans un trois étoiles, ils sont généreux” , souligne Julie, qui précise toutefois que la vie à San Francisco coûte cher, notamment pour se loger. Une approche différente Au restaurant Quince, le couple découvre une autre façon de travailler. “Les Américains sont accueillants, ouverts. Si l’on fait une erreur, ils restent bienveillants. Si nous sommes en difficulté, ils ont même du mal à en parler, de peur de vexer. En arrivant, on nous a conseillé de laisser de coté notre approche européenne des restaurants étoilés, la brigade et le ser- vice français tels que nous les connaissons. San Francisco est une ville relax. Les clients, dont beaucoup d’étrangers, viennent avant tout pour la cuisine et souhaitent manger leur menu de dix plats en moins de deux heures” , note Matthias. “Les rapports sont détendus entre collègues et responsables. Le stress est moindre car nous sommes nombreux. Les responsabilités et la hiérarchie sont différentes. En tant que chef de rang, je gère cinq tables et je réponds à un manager, alors qu’en Grande-Bretagne, je gérais onze tables seule” , ajoute Julie. Les Français sont appréciés et bien formés : aux États-Unis, les formations en cuisine s’arrêtent au niveau bac pro, et beaucoup ont appris le métier sur le tas. Pour Julie et Matthias, cette parenthèse américaine est “magique” . Ils rentreront à regret en France en mai, avant de repartir à Londres, pour poursuivre une expérience anglophone. Poser une question, ajouter un commentaire Mylène Sacksick > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR759602 Julie Staelen et Matthias Cattelin : “En arrivant, on nous a conseillé de laisser de coté notre approche européenne des restaurants étoilés.”

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