L'Hôtellerie Restauration No 3698

L’ACTUALITÉ/ #coronavirus 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3698 - 12 mars 2020 Coronavirus : le chef étoilé Anthony Jehanno ferme provisoirement son restaurant “O n paie des assurances toute l’année, on est surchargés. À un moment donné, il faut que tout ce que l’on donne serve à quelque chose.” C’est le message qu’entend faire passer Anthony Jehanno , chef étoilé à Auray (Morbihan), qui a fermé son restau- rant Terre-Mer au Domaine de Kerdrain le 4 mars dernier. En cause ? L’apparition et la multiplication de cas de coronavirus dans le Morbihan, avec une zone de circu- lation active du virus entre plusieurs com- munes, dont Auray. “Mardi dernier, on a fait dix couverts le midi et aucun le soir. En voyant nos réservations annulées, on a décidé de fermer le restaurant, pour assu- rer la sécurité de nos douze employés mais aussi des clients. Je mets mon entreprise en péril en prenant cette décision, mais je n’ai pas le choix.” Très impacté économiquement par cette décision, le chef a ainsi mis ses équipes au chômage partiel jusqu’au 17 mars. À Auray, ils sont une dizaine de restaura- teurs dans ce cas. Mais d’autres se posent déjà la question. “J’ai des amis restaura- teurs à Saint-Malo qui essuient des baisses de 30 %. S’ils arrivent eux aussi en zone cluster, ils vont se retrouver dans la même situation. C’est dramatique.” “Il faut se battre pour sauver l’économie locale” Le chef souhaite désormais que la profes- sion s’organise. “Je me bats avec l’Umih, aux côtés d’autres professionnels. L’Umih a rencontré le préfet le 6 mars pour que l’on passe en catastrophe naturelle. C’est le seul moyen pour que les assurances nous indemnisent. La seule solution pour que l’on puisse se relever et assurer la pérenni- té des employés. Il faut absolument que des mesures soient prises au niveau de l’État car, aujourd’hui, nous sommes dans une situation dramatique. Il existe des fonds pour des situations comme celle-là. Il faut les débloquer. Notre secteur est fragile et on vient encore plus le fragiliser en n’agis- sant pas” , explique le chef. Avec cette fermeture, l’établissement subit une perte de chiffre d’affaire de 100 %. “Nous sommes ouverts 52 semaines par an. C’est la seule solution pour payer les traites. Je suis endetté à hauteur de 2 M€ et il faut que mon entreprise tourne à 100 % pour pouvoir payer les salariés et mes fournisseurs – que l’on a d’ailleurs arrêté de payer pour le moment. Mais le pire est encore de rester ouvert, car si rien ne rentre, il faut que rien ne sorte ! Au-delà de mon restaurant, c’est toute l’économie locale qui est impactée. Et seule la recon- naissance en catastrophe naturelle nous permettra de nous reconstruire.” AURAY Depuis l’annonce de cas de coronavirus dans le Morbihan, l’établissement a enregistré de nombreuses annulations. Le chef a décidé de fermer jusqu’au 17 mars, mettant ses douze salariés au chômage partiel. Il demande à l’État de prendre les mesures nécessaires. “Nous sommes soudés et nous voulons nous faire entendre. Mais si rien n’est fait, je ne sais pas comment on pourra se relever” , alerte le chef Anthony Jehanno . Pierre-Emmanuel et Claude Guyon , à l’Auberge de la ferme du Grand Ronjon à Cormoz (Ain). Poser une question, ajouter un commentaire Stéphanie Decourt > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR462468 Poser une question, ajouter un commentaire François Pont > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR662440 G rosse frayeur à L’Auberge de la ferme du Grand Ronjon, à Cormoz. “Un couple d’habitués qui réside en Haute-Savoie est venu manger à l’au- berge samedi soir [le 29 février, NDLR]. Ma femme était en salle. Ils semblaient grippés, mais rien de plus. Dans la nuit, leur fille nous a appelés pour nous avertir qu’ils avaient été hospitalisés en urgence à Annecy après leur retour du restaurant. Surtout, elle nous informait qu’ils étaient porteurs du coronavirus. J’ai très mal dormi, comme vous pouvez l’imaginer” , confie le restaurateur Pierre-Emmanuel Guyon , qui a très vite contacté le Samu. “Ma femme a une sclérose en plaques. Elle est fragile. Le Samu est venu immé- diatement la chercher pour l’hospitaliser à Lyon. Je viens d’avoir les résultats de ses analyses, elle n’est pas porteuse du virus. Elle va très bien. Moi, j’ai fait des tests dimanche en ambulatoire, égale- ment négatifs. J’étais en cuisine et pas au contact avec la clientèle contrairement à ma femme” , détaille le chef. Le restaurateur se confine de lui-même et appelle ses clients À son initiative, Pierre-Emmanuel Guyon a annulé ses 50 réservations du lendemain. Sans qu’une autorité lui demande, il a contacté tous les clients du samedi soir pour les informer de la situation. “J’ai choisi de rester confiné en attendant les résultats, ajoute-t-il. On ne me l’a pas demandé, je n’ai pas reçu de consignes particulières. Le maire m’appelle régulièrement pour se tenir au courant de la situation. Je vais contac- ter mon assureur pour envisager de faire fonctionner la clause de perte d’exploita- tion. Mais si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. L’important est que tout le monde se porte bien et que l’on passe vite à autre chose. Il n’y a pas d’inquiétude pour les autres convives, et j’ai été en contact avec peu de gens depuis” , ajoute le restaurateur. Du côté de la mairie de Cormoz, on perçoit une certaine colère. “Monsieur le maire avait demandé aux journalistes régionaux de ne pas communiquer avant que les informations soient confirmées, ce qu’ils n’ont pas fait. Résultat, nous gérons beaucoup d’inquiétudes. Un banquet était prévu les jours prochains, et on nous appelle pour savoir si c’est maintenu” , jus- tifiait une interlocutrice à la mairie. Les restaurateurs comptent reprendre leur activité au plus vite avec la satisfaction d’avoir veillé sur leur clientèle. Des clients atteints du coronavirus mangent à l’auberge, le restaurateur réagit avec brio CORMOZ Le 29 février, un couple de clients haut- savoyards dînait à l’Auberge de la ferme du Grand Ronjon. De retour à leur domicile, ils ont été hospitalisés. Les analyses réalisées à l’hôpital d’Annecy ont révélé qu’ils étaient porteurs du covid-19. Les propriétaires du restaurant, avertis dans la nuit, ont eu les bons réflexes. Salons professionnels reportés : les nouvelles dates M.A.D.E. 2020 (Paris) 13-14 mai Franchise Expo (Paris) 24-27 mai Sandwich & Snack Show (Paris) 7-9 juin Egast (Strasbourg) 21-24 juin Food Hotel Tech (Paris) 29-30 juin Hostelco (Barcelone) 14 -17 septembre © DR #coronavirus Suivez en temps réel l’actualité liée à l’épidémie de coronavirus sur : https://www.lhotellerie-restauration.fr/hashtag/Coronavirus Lire aussi p. 4 et 16

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