L'Hôtellerie Restauration No 3699

L’ACTUALITÉ/ #coronavirus 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3699 - 19 mars 2020 Pris de court par la fermeture des restaurants, les professionnels restent avec de la marchandise sur les bras. Si certains arrivent à congeler certains produits, d’autres organisent une vente à prix coûtant. Les restaurants contactent leurs clients ou mettent des messages sur les réseaux sociaux. À Bordeaux, une page Resto&nous recueillait les propositions des restaurants. Quelle que soit la région, il semble que les clients et le voisinage y ont vu une bonne occasion de bien manger pour moins cher, voire une aubaine si cela peut leur éviter d’aller faire des courses au supermarché et ainsi d’éviter la promiscuité. Les restaurants ont également pensé à réaliser des paniers anti-gaspi sur l’application @phenix_antigaspi, par exemple. Reste ceux qui ont imaginé passer à la vente à emporter ou à la livraison pour traverser cette crise dont on ne sait combien de temps elle durera. Il a fallu alors faire le point en matière de production possible en fonction des forces disponibles, d’approvisionnement, d’emballages… Il faut revoir les plats, les prix et trouver des débouchés. Certains ont dû renoncer, d’autres se sont lancés. Les jours qui viennent nous diront si le confinement est un moteur ou un frein pour cette activité. “Plutôt donner que jeter.” Les réseaux sociaux ont aussi servi à organiser du déstockage gratuit devant les établissements. Il y a ceux qui ont pensé à faire don des produits restants à leurs salariés voire à des associations caritatives. Mais dans l’urgence, quand on sait seulement qu’il faut tout ranger, tout nettoyer et tout vider avant la fermeture, les poubelles étaient souvent pleines. Une perte sèche. Quatre mesures d’urgence présentées par les chefs portent sur la création d’un crédit à taux zéro, l’exonération des charges sociales et salariales, le moratoire sur les impôts et l’échelonnement des dettes bancaires. Alain Ducasse , Christian Regouby , Célia Tunc et Stéphane Jégo , au nom du Collège culinaire de France, ont fait parvenir au président de la République une proposition d’actions en quatre points pour assurer, en urgence, la survie des entreprises du patrimoine culinaire artisanal. Des mesures d’aides immédiates aux PME-PMI : • Une ligne de crédit à taux zéro pour assurer la survie de toutes nos entreprises, producteurs à concurrence des pertes d’exploitations qu’elles subissent, afin de régler les salaires ou les compléments pour ceux en chômage partiel, ainsi que les fournisseurs prioritaires eux-mêmes en grande difficulté. Cette ligne de crédit serait accordée sur quinze ans avec un début de remboursement exigible seulement à l’issue d’une période de trois ans (remboursement anticipé, si possible). • Une exonération des charges sociales et salariales (Urssaf et caisses de retraite) jusqu’à la sortie du confinement, avec une franchise de trois mois (exemple : fin de crise en mai, reprise des paiements à compter des salaires au 1 er septembre). • Un moratoire sur les impôts directs et indirects (TVA, CVAE ou IS) jusqu’au redémarrage de l’activité, avec reprise de l’échéancier mensuel à l’issue d’une franchise de trois mois. • Un échelonnement des dettes bancaires : franchise de nos remboursements en 2020, et report des échéances en fin de contrat, afin de reprendre le paiement de notre dette à compter du 1 er janvier 2021. Poser une question, ajouter un commentaire Nadine Lemoine > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR562637 #coronavirus Suivez en temps réel l’actualité liée à l’épidémie de coronavirus sur : https://www.lhotellerie-restauration.fr/hashtag/Coronavirus Les chefs du Collège Culinaire de France, lors de leur assemblée générale, en septembre dernier à Paris. Q Stéphane Jégo : “Cette crise est un cas de force majeure, mobilisons-nous !” Comme tous ses collègues, Stéphane Jégo a dû fermer en quelques heures les portes de son restaurant parisien, L’Ami Jean (VII e ). “Après deux hivers particulièrement difficiles suite aux manifestations des gilets jaunes en 2018 et les grandes grèves des transports en 2019, nous sommes une nouvelle fois touchés de plein fouet. À quoi ça sert de reporter le paiement des charges et cotisations si les caisses sont vides ?”, s’interroge le chef, qui ne mâche pas ses mots. Devant cette crise sans précédent, si rien n’est fait, Stéphane Jégo estime qu’il faut “s’attendre à ce qu’un grand nombre de petites entreprises, les plus vulnérables, ne se relèvent pas de cette nouvelle épreuve”. Il a commencé par contacter ses assurances, celles auprès de qui il paye des cotisations afin de se prémunir face à une perte de chiffre d’affaires. Il s’est retrouvé face à un mur. Le coronavirus n’entre pas dans les conditions requises pour faire jouer la garantie (lire aussi p. 9). “C’est une catastrophe naturelle sanitaire mondiale. C’est un cas de force majeure ! Il faut faire du lobbying pour que cette crise soit prise en considération par les assurances. Il faut se mobiliser ! Restaurateurs, producteurs, éleveurs, artisans, nous sommes tous concernés , clame Stéphane Jégo. J’appelle tous les restaurateurs et commerçants à se mobiliser pour faire porter nos voix. Le Gouvernement doit annoncer des mesures de soutien, et nous en avons besoin, c’est une question de survie pour nos entreprises. Sur les réseaux, interpellez @economie_gouv, @edouardphilippepm, @brunolemaire, @elysee. Unissons-nous, ensemble, nous serons plus forts !” Q Philippe Etchebest : “Bon sang, restez chez vous !” Le chef du Quatrième Mur, à Bordeaux (Gironde), a réagi en vidéo sur Twitter suite aux mesures de confinement renforcé annoncées par le président de la République, Emmanuel Macron, le 16 mars. “Je viens d’entendre le discours de notre président, qui est très bien sauf que j’aurais voulu entendre le mot confinement. Il est très important aujourd’hui que chacun et chacune reste chez soi pour éviter la propagation de l’épidémie. On a demandé aux restaurateurs, aux bars, aux cafés, aux discothèques, samedi soir à 19 h 30 de fermer tout à partir de minuit, ce qui a été appliqué. C’était extrêmement difficile et violent ! Mais je crois qu’aujourd’hui, pour qu’on aille plus vite tous ensemble, il faut vraiment être responsable ! Bon sang, restez chez vous ! Pensez au personnel médical qui galère et qui va galérer encore pendant un petit moment... Alors plus vite on sortira de cette crise et mieux on se portera. Ce ne sera pas sans séquelles bien évidemment, mais on en sortira plus forts !” Le Collège culinaire de France adresse une proposition d’actions à Emmanuel Macron Dans l’urgence, à chacun sa solution ©THINKSTOCK

RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==