L'Hôtellerie Restauration No 3702

Au Coq Hôtel à Paris, d es soignants hébergés gratuitement PARIS Depuis le 30mars, l’établissement loge et nourrit une quinzaine de soignants venus du Havre pour renforcer les équipes de la clinique des Peupliers. Poser une question, ajouter un commentaire Anne Eveillard > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR962968 Quelles perspectives pour l’hôtellerie dans le Grand-Est ? Trois professionnels témoignent Daniel Zing, spécialisé dans les transactions, expertises et transmissions en hôtellerie dans le Grand-Est, a mené une enquête concernant la crise actuelle auprès de quelques-uns de ses anciens clients. Voici leur point de vue. “S ur une dizaine de répondants, aucun de mes clients hôteliers n’envisage de devoir arrêter son activité pour raisons économiques. Aucun dépôt de bilan n’est envisagé” , positive Daniel Zing , spécialisé dans les transactions, expertises et transmissions en hôtellerie depuis près de vingt ans dans le Grand-Est. Cet expert a questionné plusieurs de ses clients pour connaître leur point de vue sur la situation que nous traversons, dans une région particulièrement touchée. Parmi les témoignages, aucun établissement n’envisage une fermeture pour raisons économiques. Pourtant, tous les établissements ont dû fermer, faute de clients. “Je constate que les hôteliers qui ont une clientèle d’affaires sont moins pessimistes pour une sortie de crise que ceux qui ont une clientèle majoritairement touristique”, détaille Daniel Zing. Pour l’instant, aucun des établissements n’a prévu d’accueillir de personnel soignant. Tous ont dû mettre leur personnel au chômage partiel (lire aussi p. 2-3). “Une vraie galère” , témoignent Madame et Monsieur Macé , gérants propriétaires de l’hôtel- restaurant de la Croix d’or, à Orbey (Haut-Rhin). Tous ont gardé contact par téléphone, sans exploiter d’autres moyens de communication comme les différents réseaux sociaux. Une sortie de crise “incertaine” Quand on les questionne sur la sortie de crise, ils la voient plutôt incertaine voire très compliquée. Frédéric Jacquot , de l’Hôtel des bains à Gérardmer (Vosges), anticipe une perte de 15 % des salaires et d’une semaine de congés payés, dans le but de minimiser les pertes. Le professionnel redoute particulièrement un éventuel confinement inter-Europe qui le priverait d’une partie de sa clientèle habituelle. Il faut donc, selon lui, “miser sur une clientèle française en restant sur des prix de basse saison sans pour autant brader pour ne pas perdre d’argent sur chaque chambre louée” . ‘Quels outils vont le mieux vous aider pour redémarrer ?’, a demandé Daniel Zing aux hôteliers. Certains se rassurent en évoquant l’influence de l’enseigne et “une nouvelle politique commerciale” , confie Frédéric Humblot , dirigeant-propriétaire d’un hôtel Kyriad à Ludres (Meurthe-et-Moselle). “La réactivité sur les tarifs devra être immédiate, sans brader pour autant, et toutes les adaptations devront l’être également”, selon ce directeur. En ce qui concerne le marché des ventes de fonds, les hôteliers interrogés ont des avis divergents lorsqu’on leur demande quelle aurait été leur position s’ils avaient été à la place d’un hôtelier ayant l’intention de vendre son affaire cette année. Pour certains, c’est une situation difficile voire impossible, quand d’autres sont plus optimistes et voient des possibilités. “En entendant le président Macron déclarer : ‘Nous sommes en guerre’, j’ai eu l’idée de consulter un homme âgé de plus de 80 ans, encore en bonne santé, en Ehpad. S’il compare la situation à celle de 1945-1946, la reprise d’activité devrait être forte en fin d’année et nous devrions avoir beaucoup de travail en 2021. Une vision optimiste que peuvent partager certains de mes anciens clients. Concernant les transactions elles-mêmes, les agences d’affaires de structure légère comme la mienne passeront facilement le cap 2020 mais pour celles qui vivent grâce à des négociateurs, j’imagine que des cessations parmi les agents commerciaux ou assimilés sont à craindre” , confie Daniel Zing. 7 9 avril 2020 - N° 3702 L’Hôtellerie Restauration “U n hôtel ce n’est pas fait pour être fermé.” Un établisse- ment a besoin d’être aéré, nettoyé et surveillé, explique Florian Bitker , directeur des opérations des hôtels Coq et Monte Cristo, à Paris (XIII e et V e ). “Quant à la sécurité, nous n’avons pas de rideau de fer en façade et la porte d’entrée en verre peut être fracturée.” Alors, depuis le 27 mars, Florian Bitker adhère à la dynamique de maintien des hôtels ouverts, menée par Nexgen. Ce mou- vement regroupe une dizaine d’hôte- liers parisiens, soit une centaine d’établissements, sous la houlette de Grégory Pourrin , directeur général de Paris Inn Group, et Kevin Machefert, aux commandes de Machefert Group. Deux chambres transformées en salle de pause En pratique, Florian Bitker a dépêché quatre bénévoles, parmi ses équipes, pour créer, avec lui, un roulement de “trois jours et trois nuits” . “Nous venons à tour de rôle avec notre conjoint(e) et nous nous partageons entre les deux hôtels.” L’information circule et par- vient jusqu’à la clinique des Peupliers, située à quelques rues du Coq. “La directrice des soins de la clinique m’a alors demandé si je pouvais héberger 15 soignants en provenance du Havre pour renforcer les équipes des Peupliers” , raconte Florian Bitker. Avec l’aval de Michel Delloye , proprié- taire des Coq et Monte Cristo, il rouvre 15 chambres du Coq, en transforme deux autres en salle de pause, avec frigo et micro-ondes. “Il était hors de question que nous leur fassions payer quoi que ce soit. Pour nous, c’est un élan de solidarité. C’est notre façon d’aider ces soignants qui travaillent 14 heures par jour.” Au gîte, s’ajoute le couvert, gratuit également. Et ce, grâce “aux voisins du Coq” , mais aussi à des partenariats menés avec les Grands Moulins de Paris, Transgourmet, Terres de café, Kodama, Filfa, One Touch Cosmetic ou encore Evoleum. Résultat : “Les soignants ont un petit déjeuner le matin et un repas le soir” , détaille Florian Bitker. Le directeur des opérations, approvisionné en masques et gants par la clinique, a également préparé des chambres au Monte Cristo “au cas où les hôpitaux Broca, Cochin ou de la Pitié-Salpêtrière auraient besoin de loger gratuitement des soignants” . Car la directrice des soins des Peupliers a reconnu avoir appelé des dizaines d’hôtels parisiens, avant de solliciter Florian Bitker. Elle a dû décliner toutes leurs offres payantes, faute de budget. Le lac de Gérardmer, dans les Vosges. Il était hors de question que nous fassions payer quoi que ce soit C’est notre façon d’aider ces soignants qui travaillent 14 heures par jour.” Florian Bitker , directeur des opérations du Coq Hôtel, à Paris. Florian Bitker © GETTYIMAGES © DR HÔTELLERIE #coronavirus

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