L'Hôtellerie Restauration No 3704

Quel sera l’impact de la crise sanitaire sur les ventes de fonds de commerce ? Pour Charles Marinakis, directeur général de Century 21 France et propriétaire de dix agences Horeca spécialisées en cession de fonds de commerce, le marché va devenir un marché d’acquéreurs, car le nombre d’affaires à la vente va mécaniquement chuter, conséquence de la crise. L’Hôtellerie Restauration : Comment voyez- vous l’avenir du marché de la transaction de fonds de commerce ? Charles Marinakis : Le marché va se segmen- ter. À côté de ceux qui, hélas, ne seront pas en mesure de rouvrir à l’issue du confinement, il y aura ceux qui pourront résister et différeront leur projet à fin 2021 pour avoir une année de bilan plus présentable que 2020. Au centre, il y aura ceux - 50 à 70 % des cédants - qui laisseront leur bien à la vente sur la base d’un chiffre d’affaires 2019, tout en continuant à l’exploiter aussi bien que possible en sortie de crise. Parmi eux, ceux qui ne s’en sortent pas n’auront d’autre choix que de vendre dans les moins mauvaises conditions possibles, idéa- lement hors procédures collectives, en accep- tant un prix qui couvrira au moins leur passif. Chacun devra être très lucide sur sa situation professionnelle, bien envisager toutes les solu- tions objectives dont il disposera et arbitrer en conséquence. La crise sanitaire influencera-t-elle le prix à la baisse ? Le bilan 2020 sera mis entre parenthèses et ne devrait pas influer sur la valeur théorique de l’affaire, car il s’agit d’une période excep- tionnelle dans la vie de l’exploitation et qui ne reflète pas son potentiel dans des conditions normales. Néanmoins, le marché devien- dra un marché d’acquéreurs et les vendeurs accepteront sans doute des baisses de prix à condition qu’elles demeurent dans la limite du raisonnable. Quel sera le volume des transactions ? Je pressens qu’il y aura une chute des ventes comprise entre 30 et 50 %. En réalité, il est trop tôt pour le dire, et on ne pourra vraiment en prendre la mesure qu’à la fin du mois d’août. Il est toutefois certain qu’elle sera significative. De nombreux exploitants indépendants ne survivront pas à la crise et ne rouvriront pas. Quant à ceux qui rouvriront, leur priorité sera de redresser la barre ou du moins de ne pas couler. Mécaniquement, le nombre d’affaires à vendre va chuter. Comment voyez-vous l’avenir ? Étant un observateur privilégié de l’uni- vers des CHR depuis trente ans, je leur fais confiance car j’ai constaté que les exploitants d’établissement ont une incroyable faculté à rebondir et à se réinventer, surtout en période de crise. Le bilan 2020 sera mis entre parenthèses et ne devrait pas influer sur la valeur théorique de l’affaire, car il s’agit d’une période exceptionnelle dans la vie de l’exploitation, qui ne reflète pas son potentiel dans des conditions normales.” Charles Marinakis Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR663112 Poser une question, ajouter un commentaire Tiphaine Beausseron > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR263089 L e tourisme, qui représente 7 % du PIB en France, est au point mort. Comment la filière va-t-elle pouvoir se redresser alors qu’elle n’a, à ce stade, aucune lisi- bilité ? Un plan tourisme a été annoncé par le président de la République. La semaine dernière, une réunion avec les organisations professionnelles et le secré- taire d’État au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne , a acté la tenue, courant mai, d’un conseil interministériel du tourisme. D’ici là, les cafés, les restaurants ou encore l’événementiel seront toujours à quai. Pour David Lisnard , maire de Cannes et président du comité régional du tourisme Côte d’Azur France, le plan de relance doit “être massif, tourné vers la demande et l’investissement, finalisé avec les professionnels et les destinations” . Et il doit être mis en œuvre dès maintenant. “Nous avons besoin immédiatement d’un calendrier précis, méthodique, resserré dans le temps, affiché et partagé. Les professionnels - hôtels, res- taurants, événementiel, transport de personnes, etc. - ont besoin d’un objectif de date de réouverture clair, à l’instar de ce qui a été annoncé pour d’autres secteurs, conforme aux exigences de santé publique.” “Adapter les missions de chacun à la nécessité du moment” Va-t-on devoir faire une croix sur la saison estivale ? 2020 sera une année blanche ou presque pour le tourisme. Les grandes manifestations de juin et juillet sont annulées, le Tour de France ne s’élancera qu’à la fin de l’été. “Au-delà des mesures immédiates de trésorerie, de passage du tunnel économique de la fermeture pour nos profession- nels pour permettre au plus grand nombre de survivre, il faut un plan Marshall pour le tourisme avec notamment des moyens de promotion sans commune mesure avec ce qui a été fait ces dernières années après les attentats” , considère David Lisnard, qui trouve “inconcevable que l’organisme de promotion du Gouvernement, Atout France, ne cofinance pas les plans de relance d’ores et déjà prévus par les destinations. Sur la Côte d’Azur, avec les collectivités locales et les professionnels, nous avons déjà abondé un plan de 2 M€.” Et d’ajouter : “Le Gouvernement se doit d’abonder ces plans de promotion mais aussi marketing et commerciaux à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. Atout France n’intervenait jusqu’à présent qu’auprès des clientèles internationales. Il ne serait pas pensable que l’agence gouvernementale n’intervienne pas sur des plans ciblant la France, ce qui sera sans doute le territoire réduit qui nous sera autorisé dans les prochains mois. Il est temps de renverser la table, et donc si nécessaire adapter les missions de chacun à la nécessité du moment.” Le président du CRT Côte d’Azur rappelle en outre que les territoires, comme celui qu’il représente, réfléchissent déjà à des “plans de rebond”. Il réclame enfin une politique européenne cohérente. Pour lui, il est nécessaire que les États européens travaillent de concert à “l’harmonisation des sorties de confinement et des déplace- ments au risque de très grandes inégalités entre les professionnels des différents pays, alors que les frontières européennes devraient rester fermées encore plusieurs mois.” Pour David Lisnard, le tourisme a besoin “d’un plan Marshall immédiat” CANNES Le maire de Cannes et président du comité régional du tourisme Côte d’Azur France demande au Gouvernement des mesures massives, tournées vers la demande et l’investissement, pour sauver la filière. © CRTCÔTE D’AZUR Le tourisme, secteur créateur d’emplois et de richesse, doit bénéficier d’un plan à la hauteur des enjeux. Charles Marinakis : “Les vendeurs accepteront sans doute des baisses de prix à condition qu’elles demeurent dans la limite du raisonnable.” 7 23 avril 2020 - N° 3704 L’Hôtellerie Restauration DANS VOS RÉGIONS #coronavirus

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