L'Hôtellerie Restauration No 3705

Poser une question, ajouter un commentaire Romy Carrere > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR063166 PENNEDEPIE Les époux Guignard ont ouvert Les Jardins de Coppélia, leur premier établissement, à l’automne 2019, aux abords d’Honfleur. Ils cherchent des solutions pour la reprise, malgré une situation qui reste préoccupante pour tout le secteur, et en particulier pour ceux qui viennent d’investir. “C es derniers temps, nous essayons d’être très actifs.” Malgré l’absence totale de clients en raison du confinement, Alexandra et Grégory Guinard , récents propriétaires des Jardins de Coppélia, près d’Honfleur (Calvados), font ce qu’ils peuvent pour trouver des solutions. “Nous sommes dans une région très fortement impactée puisque c’est une zone touristique importante.” Dans un premier temps, le couple était désemparé. “Les aides ne favorisent pas les jeunes entreprises, notamment dans le secteur du tourisme” , déplorent-ils. En effet, les prêts accordés par l’État pour obtenir des aides en matière de trésorerie exigent de répondre à certains critères prenant souvent en compte l’année n-1. Compliqué pour une entre- prise créée à l’automne 2019. “Nous souhaitons conserver les emplois mais si ça continue, on ne pourra pas. Sans comp- ter l’absence de soutien des assurances” , se désole le couple. “On ne sait même pas quand on pourra rouvrir. La société civile a une date de déconfinement. Mais nous, nous n’avons pas de visibilité” , poursuit le couple. Les jeunes hôteliers n’ont pas encore ouvert les réservations pour cet été, mais pour autant, ils gardent le contact avec leurs clients via les réseaux sociaux, où ils leur conseillent de réserver en France cet été. Mais là encore, le couple a une vision peu optimiste : “Entre les pertes de salaire et les jours de congés qui doivent être pris maintenant, les Français ne partiront peut-être pas beaucoup cet été.” De multiples questionnements De plus, de nombreuses incertitudes persistent. “On nous dit de mettre des gants et des masques, mais nous n’avons rien, nous ne sommes pas équipés. Nous avons passé une commande mais est-ce qu’on la recevra à temps ? Dans des quantités suffisantes ?” , s’inquiète Alexandra Guinard. Comment respecter la distanciation sociale dans un hôtel ? À l’accueil, au bar ? Faudra-t-il revoir le sens de circula- tion au sein de l’établissement ? Les idées ne manquent pas, mais il est difficile de repenser entièrement un hôtel- restaurant qui n’a même pas un an et qui a déjà nécessité un lourd investissement de départ. Alexandra et Grégory Guinard se posent beaucoup de ques- tions : “Quand pourrons-nous rouvrir ? Pour le spa, devrons- nous fermer notre hammam, notre sauna ? Et pour la piscine, que devrons-nous dire à nos clients ? De se baigner avec un masque ?” Mais une chose est certaine pour eux : “Il va fal- loir maximiser le taux d’occupation de cet été pour pallier les semaines d’hiver qui peuvent être compliquées.” Les gérants imaginent des offres promotionnelles, des packages avec des réductions pour les bons clients… Se réinventer “Nous espérons que les gens vont consommer autrement.” Partant de ce postulat, Alexandra Lorin Guinard garde le sourire, elle qui s’est attachée à créer un établissement dans le respect de l’environnement. Cette nouvelle consom- mation prendra en compte le développement durable, tout en repensant la dimension sanitaire. Mais cela a ses limites, quand on pense aux différentes installations d’un hôtel. “Nous avons besoin d’être particulièrement soutenus” , affirme la jeune propriétaire. Se réinventer passe aussi par les relations, que ce soit avec les clients, qui ont “des attentes qui ne sont plus les mêmes”, ou avec les partenaires. “Avant, je travaillais dans la fonction publique, et parfois, nous devions faire appel au mécénat pour avoir des fonds. Il faut trouver des idées similaires, en créant des partenariats gagnant-gagnant. Il faut accepter que les relations écono- miques évoluent” , imagine-t-elle. 8 L’Hôtellerie Restauration N° 3705 - 30 avril 2020 Alexandra Lorin Guinard : “Les aides ne favorisent pas les jeunes entreprises” HÔTELLERIE #coronavirus “Le monde traverse une crise sanitaire sans précédent, avec des conséquences inédites et massives sur l’industrie du tourisme, a déclaré dans un communiqué Sébastien Bazin , PDG d’Accor. À ce jour, près de deux tiers de nos hôtels sont fermés, et les autres pour la plupart dédiés à soutenir les personnels soignants et tous ceux qui, en première ligne, sont engagés pour lutter contre le Covid-19.” Dans ce contexte pour le moins compliqué, Accor affiche un chiffre d’affaires pour le premier trimestre 2020 à 768 M€, soit près de - 16 % en données comparables, et un RevPAR en chute de plus de 25 % au niveau mondial. Le groupe a tout de même ouvert 58 hôtels dans le monde (soit 8 000 chambres) dans la période. En France, le RevPAR est en recul de plus de 22 %. Les mesures mises en place depuis le 15 mars ont conduit à la fermeture temporaire de plus de 75 % des hôtels Accor dans l’Hexagone. “Aujourd’hui, notre impératif est double : gérer l’urgence et préparer le rebond, insiste Sébastien Bazin. Accor bénéficie d’un bilan robuste qui permet sur les prochains trimestres d’absorber les conséquences économiques de cette crise. Parallèlement, nous préparons la reprise (…) pour que le groupe puisse rebondir le plus rapidement possible.” 46 % des Français qui souhaitaient partir à l’étranger cet été resteront en France Un sondage réalisé par OpinionWay pour B&B Hotels dévoile que 62 % des Français interrogés avaient prévu de partir en vacances cet été, et 37 % n’en avaient pas l’intention ou les moyens. Parmi ceux désirant partir, 44 % avaient prévu de passer leurs vacances en France : 27 % à la mer, 12 % à la campagne et 9 % à la montagne (plusieurs réponses possibles). En outre, 22 % des personnes interrogées avaient des projets à l’étranger : 15 % en Europe et 8 % à l’extérieur de l’Europe. Amenés à repenser leurs projets de vacances en raison de la crise sanitaire, les Français qui souhaitaient partir à l’étranger revoient leurs plans : 46 % d’entre eux pensent qu’ils passeront finalement leurs vacances en France, alors que 18 % ne l’envisagent pas. Et 36 % d’entre eux ne savent pas encore quelle décision prendre. S’ils passent leur été dans l’Hexagone, ces Français privilégieraient la mer (76 %), devant la montagne (61 %) et la campagne (58 %). Les habitants de l’agglomération parisienne étaient beaucoup plus nombreux à souhaiter partir en vacances cet été (75 %). Il en est de même pour les Français confinés en appartement (68 %, même si 58 % des Français confinés en maison comptent aussi partir). Accor : le chiffre d’affaires baisse de près de 16 % au premier trimestre 2020 © PATRICIAJURET Alexandra et Grégory Guinard : “ On nous dit de mettre des gants et des masques, mais nous n’avons rien, nous ne sommes pas équipés.” © GETTYIMAGES

RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==