L'Hôtellerie Restauration No 3706

Poser une question, ajouter un commentaire Romy Carrere > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR863293 Vente à emporter : la clé pour rouvrir son restaurant sans accueillir du public Comment envisager la reprise d’activité dans les restaurants grâce au Click and Collect ? Lors d’un webinaire organisé le 30 avril par Les Ateliers du succès, quatre experts ont donné des pistes aux professionnels enmatière de digital, d’optimisation des coûts, de réglementation et de packaging. 9 7 mai 2020 - N° 3706 L’Hôtellerie Restauration “C lick and Collect : Comment rouvrir son établissement sans accueillir du public ?” : voici la question à laquelle quatre experts ont souhaité répondre lors d’un webinaire organisé par Les Ateliers du succès, le 30 avril dernier. “ Je pense qu’il ne faut pas rouvrir trop vite le service à table ”, affirme sans détour Rémi Ohayon , meilleur ouvrier de France en communi- cation digitale et président-fondateur d’Api & You, agence de conseil et communication. “ Les Français ne sont pas encore prêts à se rendre en masse dans les établissements ”, assure-t-il. La vente à emporter (VAE) est donc l’une des solutions indispensables pour la reprise d’activité. Un dispositif qui rassurera le client car “ il se sentira plus en sécurité chez lui ”. La clé pour générer du chiffre d’affaires selon l’ex- pert : “ Créer de nouvelles opportunités ”. Les points relais “ Aujourd’hui, un client commande via son smart- phone, éventuellement via un ordinateur ”, détaille Rémi Ohayon. Il est donc primordial d’avoir un site internet qui soit adapté à ces deux supports. Autre conseil important : proposer un point de collecte dans un établissement relais. “ Pourquoi ne pas envisager de s’allier à un fromager, un caviste, un pâtissier et se servir de ces établissements pour distribuer ses plats ?” , suggère l’expert. Cela permettra au partenaire de com- pléter son offre et d’augmenter ainsi la fréquentation. Autre piste : le prêt à cuire, avec une offre de viande non cuite pour un barbecue, par exemple, accompa- gnée d’une garniture cuisinée. Mise en place du Click and Collect Même si les repas sont proposés en vente à empor- ter, “ il est important de maintenir le tarif habituel. Les clients connaissent vos produits et votre offre, il faut garder votre marché ”, conseille Rémi Ohayon. En revanche, il faut penser à de nouvelles possibilités de paiement pour le client, par exemple que plusieurs personnes puissent régler une même commande. La mise en place du Click and Collect nécessitera bien sûr de garantir la sécurité sanitaire de tous. “ Il faut se protéger, protéger ses collaborateurs et sa clientèle par la mise à disposition d’équipements de protection ”, insiste Nurhan Tran , directrice du pôle usage unique Groupe Matfer Bourgeat-Division Flo & In Situ. Dernier point important à ne pas négliger : le pac- kaging. “ Le restaurateur est un créateur d’émotions et le packaging peut y contribuer ”, affirme Tatiana Rumeau , directrice générale de Comatec. Selon l’ex- perte, le packing doit être ludique, pratique et éco- logique, car il contribue à créer “ une expérience et à fidéliser le client ”. Q Comment se mettre en règle juridiquement pour faire du Click and Collect, de la livraison, du drive ? Selon maître Cédric Seguin , avocat en droit des affaires (cabinet CS Avocats associés), il faut distinguer, d’une part, ceux qui déployaient déjà une activité de vente à emporter avant la loi d’urgence sanitaire et qui, sans doute possible, sont autorisés à poursuivre leur activité et, d’autre part, ceux qui ne l’avaient pas mise en place. Pour ces derniers, un décret du 23 mars 2020 confirme que les restaurateurs qui devaient rester fermés peuvent déployer une activité de livraison ou de VAE. Donc, on peut en déduire que, sur un plan règlementaire, l’activité est autorisée de manière générale. Il est même fortement recommandé de déployer une activité de vente à emporter car les juges considèrent que si l’entreprise peut reprendre son activité et qu’elle ne le fait pas, ils ne participent pas à la perte. Un argument qui peut également être utilisé par les assurances. Q Tous les restaurateurs ont-ils le droit de faire de la vente à emporter ? Non, et la question de l’autorisation est importante. Le restaurateur doit vérifier le bail des locaux et sa destination, c’est-à-dire l’activité pro- fessionnelle autorisée par le bail. S’il prévoit une activité de restaurant, vous n’êtes pas, en principe, autorisé par le bailleur à développer une activité de VAE. Celle-ci est considérée comme une activité connexe ou diverse. Pour avoir une activité pérenne en Click and Collect, il faudra demander une autorisation du bailleur, en lui indiquant votre souhait de développer une activité connexe de VAE ou de livraison par lettre recommandée ou huissier de justice. Celui-ci a un délai de deux mois pour répondre et son silence vaut accord tacite. S’il refuse, il faudra saisir le tribunal judiciaire qui se prononcera sur l’évolution des usages. A priori, on peut penser que l’évolution ira dans le sens du locataire. Il est absolument indispensable de régulariser la situation du bail par rapport à cette activité car les risques encourus ne sont pas neutres et peuvent conduire à la résiliation du bail. Autre conséquence : une activité de VAE peut permettre au bailleur de solliciter (pas forcément d’obtenir) une augmentation du loyer. Compte tenu de la situation actuelle, il est certain que les professionnels dis- posent aujourd’hui, et pour un certain temps, d’atouts pour négocier avec leur bailleur et éviter une augmentation du loyer, voire même obtenir une réduction. Q Peut-on vendre de l’alcool en Click and Collect ? Les licences IV ont le droit de vendre de l’alcool en vente à distance. Attention : la plateforme sur laquelle vous vendez de l’alcool doit reprendre les mentions légales obligatoires de l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs. Pour la vente entre 22 heures et 8 heures, il faut avoir suivi une formation. Q Une piste pour ceux qui ne s’en sortent pas ? Il ne faut surtout pas attendre pour consulter un comptable ou un avocat, et éventuellement envisager de se placer sous la protection de la loi en se mettant en faillite. Ce terme fait peur mais ce n’est pas un échec, c’est un accident de la vie économique. Il faut utiliser tous les moyens mis à votre disposition et ne pas avoir honte. Cela permet d’ob- tenir le gel des dépenses et l’effacement de certaines dettes. Le point sur la réglementation Maître Cédric Seguin, avocat en droit des affaires (cabinet CS Avocats Associés). © GETTYIMAGES

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