L'Hôtellerie Restauration No 3706

Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR863293 Jean-Virgile Crance propose la création de chèques vacances solidaires 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3706 - 7 mai 2020 Le président du GNC participe à tous les travaux du Gouvernement. Il livre son constat et explique quelles sont ses attentes et ses propositions pour accompagner la reprise du secteur. L’ACTUALITÉ #coronavirus Food Service & Covid 19 propose une étude prospective signée Food Service Vision qui sera réactualisée dans les prochains mois afin d’offrir un éclairage sur les enjeux et conséquences de la crise sanitaire dans le secteur du food service. Les décisions politiques de déconfinement, la confiance des consommateurs, le pouvoir d’achat disponible et la dynamique des opérateurs conditionneront la reprise de l’activité. Q Les acteurs du food service s’attendent à cinq phases successives : • retour de certains actifs pour le déjeuner et reprise contrôlée des déplacements professionnels ; • retour des écoles, collèges, lycées ; sorties loisirs en petits groupes ; • réouverture d’espaces de restauration sécurisés ; • reprise progressive des voyages professionnels et loisirs ; • réouverture de la restauration en grands groupes. Q L’étude Food Service & Covid 19 liste également les enjeux du futur : • un intérêt croissant pour l’offre ‘circuits courts’, répondant à des normes d’hygiène plus strictes ; • à la lumière du ‘sans contact’, le service devra se réinventer ; • l’expérience consommateur devra combiner plaisir, convivialité et sécurité ; • une nouvelle équation à résoudre en matière de rapport qualité-prix, afin d’anticiper une potentielle baisse du pouvoir d’achat dans les mois à venir. Q Cinq pistes d’actions pour réussir le redémarrage • Comprendre les nouvelles donnes du marché de la restauration et décrypter les meilleures pratiques • Redéfinir une stratégie d’offre • Innover en créant de nouveaux produits et services répondant aux nouvelles attentes du marché • Développer et se diversifier pour conquérir de nouveaux segments de marché • Piloter au plus près en fonction des nouvelles attentes des professionnels et des consommateurs Q Trois défis stratégiques pour tous les acteurs • Revoir son business model • Adapter l’offre et le service à une conjoncture nouvelle • Adapter le marketing et la communication à la nouvelle donne du marché Quels scénarios pour le redémarrage de la restauration ? © GETTYIMAGES L’HôtellerieRestauration : L’actionduGouvernement est-elle suffisante ? Jean-Virgile Crance : L’objectif du Gouvernement a été, après celui de sauver des vies grâce au confi- nement, de sauver les entreprises. Nous sommes à un niveau de gravité sans précédent. Les condi- tions d’accès au fonds de solidarité viennent d’être améliorées, mais elles doivent encore évoluer, pour que personne ne soit oublié. Il reste à traiter tous ceux qui étaient dans une phase de création [d’en- treprise] et qui ne bénéficient d’aucune aide. Quid aussi des gens qui ont des petites rémunérations, de ceux qui ne peuvent pas bénéficier du fonds et se retrouvent pourtant dans des situations drama- tiques ? Beaucoup de choses ont été mises en place. Les frais bancaires sont reportés automatiquement pour six mois pour les CHR. L’exonération des charges sociales et fiscales, de mars à juin, nous a été confirmée par le président de la République. Concernant le chômage partiel, c’est acté pour les 39 heures [lire aussi p. 11]. Compte tenu du contexte, il va falloir que ce dispositif, pour notre secteur, soit maintenu jusqu’en mars 2021. Il faut instaurer un principe de flexisécurité, qui va permettre d’éviter les défaillances, d’accompagner une reprise progres- sive et la réembauche. Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin , s’est engagé à travailler sur toutes les taxes : cotisation foncière des entreprises, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, taxes foncières… La taxe de séjour au forfait est exonérée, mais 95 % des taxes de séjour ne sont pas au forfait. Le Gouvernement demande aux municipalités de faire des efforts. Il est impor- tant qu’à chaque échelon du pays, chacun apporte sa contribution. Il y a aussi le problème des loyers et des assureurs... Les grands bailleurs institutionnels vont suspendre les loyers, mais ils ne représentent qu’une petite partie des bailleurs. Un médiateur des loyers vient d’être nommé, qui va poser un cadre de bonne conduite, nous dit-on. Nous avons tous les cas de figure dans notre secteur, jusqu’au professionnel qui, après quarante-cinq ans de métier, a vendu son affaire et a gardé les murs dont la location lui assure un revenu pour vivre… Les assureurs doivent aussi prendre en compte la perte d’exploitation, à hauteur à minima de 30 %. C’est leur rôle de venir au secours de la profession. Il faudrait aussi constituer un fonds spécifique pour les petits bailleurs, qui pourrait être alimenté par les compagnies d’assurances. L’État doit s’engager pour qu’une suspension des loyers soit actée pen- dant au moins toute la durée de fermeture de nos établissements, et même pour les hôtels puisqu’il n’y a pas de clients. Comment va-t-on relancer la machine du tourisme ? Le comité de filière du tourisme, installé avant cette pandémie, regroupe tous les acteurs. On s’aperçoit aujourd’hui que toutes les activités forment une chaîne indissociable et que lorsqu’il manque un maillon, ça ne fonctionne pas. L’enjeu de la reprise, c’est l’offre. Nous devons avoir une offre cohérente et de qualité. La sécurité sanitaire, mais également celle des biens et des per- sonnes, doit être au centre de nos préoccupations. Les pays qui vont tirer leur épingle du jeu sont ceux qui auront une offre attractive et la capacité à rassu- rer le client. On va également parler promotion et, à plus long terme, d’un plan d’investissement sur le digital. Quand les établissements auront pu rouvrir, que faire pour attirer le client ? La filière tourisme et CHR fait partie des priorités. Pourquoi le Gouvernement ne lancerait-il pas une impulsion forte pour faire en sorte que les Français aient une incitation en direction de nos cafés, res- taurants et hôtels. [Le secteur représente] 2 mil- lions d’emplois directs et indirects, 100 000 jeunes formés tous les ans et près de 8 % du PIB, avec des recettes qui restent en France. L’idée la plus effi- cace pourrait être l’instauration d’un principe de chèques vacances solidaires, qui pourraient être abondés à montant égal par le consommateur, l’État et pourquoi pas les territoires ou régions. Les outils et organismes, comme l’ANCV [Agence nationale des chèques vacances, NDLR], existent. Il ne va pas falloir gâcher l’argent qui sera dégagé pour faire la promotion du tourisme et c’est tout le pays qui doit en bénéficier. Le mécanisme du chèque vacances va dans ce sens, et il est facile à mettre en place. Jean-Virgile Crance : “L’enjeu de la reprise, c’est l’offre. ”

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