L'Hôtellerie Restauration No 3708
D epuis le 3 avril, le préfet des Pyrénées- Atlantiques, suivi par celui des Landes, a pris un arrêté interdisant purement et simplement l’ouverture des hôtels sur les zones littorales, en même temps que les loca- tions saisonnières, de type Airbnb. “Toutes les locations à titre touristique, chambres d’hôtels, meublés de tourisme ou de tout autre logement destiné à la location saisonnière, sont pros- crites” , énumère le texte, reconduit depuis. De quoi placer les hôteliers d’un même dépar- tement dans deux situations distinctes : ceux de l’intérieur qui ont le droit d’ouvrir mais qui n’ont pas - ou si peu - de clients et ceux de la côte qui pourraient avoir des clients en ce début de déconfinement, mais qui sont empê- chés d’ouvrir. Locations impossibles L’administration veut tarir absolument le flux des locations saisonnières pour éviter de relancer des vacanciers potentiels sur les routes. En toile de fond, la méfiance vis-à-vis des hébergements qui auraient pu se négocier pour les vacances de printemps ou les longs week-ends de mai. Le phénomène corres- pond-il à une réalité ? Des journalistes du quotidien régional Sud-Ouest ont cherché à louer un logement en ayant recours aux prin- cipales plateformes numériques. Rien ne les a empêchés d’aller jusqu’au bout de la procé- dure, auprès de plusieurs propriétaires. Avant de recevoir finalement un SMS indiquant que la location ne serait pas possible. “Nous avons le sentiment que la capacité de l’État à pratiquer des contrôles sur ces loca- tions n’est pas réelle , déplore toutefois Jean- Hôtels fermés sur la côte basque : toute la saison menacée Comme dans d’autres zones littorales, les hôteliers du Pays basque sont encore sous le coup d’une interdiction administrative d’ouverture. De quoi hypothéquer toute la saison. Pierre Istres , président de l’Umih 64 Pays basque. Il nous a même été soufflé de signaler les cas dont nous pourrions avoir écho. Autant je désapprouve les gens qui ne respectent pas la loi, autant je ne vais pas encourager la délation ni pratiquer le contrôle à la place de l’administration.” Des annonces gouvernementales attendues avec impatience Marc Mariée , le procureur de la République adjoint du parquet de Bayonne, constate qu’aucune suspicion de location d’héberge- ment ‘sauvage’ n’a été portée à sa connais- sance. Les collectivités n’ont pas non plus détecté de variation de la consommation d’eau ou des volumes d’ordures collectées, en lien avec les vacances de printemps ou les week- ends de printemps. Les hôteliers basques attendent cependant un réel signe de détente à compter des annonces gouvernementales du 2 juin . “Nous n’embau- chons pas le personnel saisonnier que nous recrutons d’habitude en mai, et nous ne renou- velons aucun matériel, comme c’est le cas à cette époque. Les établissements saisonniers ne rouvrent pas. Beaucoup de professionnels sont en détresse. S’il n’y a pas d’avant saison, [et que l’été n’est] pas extraordinaire, on va retrou- ver les gros problèmes à l’automne.” Poser une question, ajouter un commentaire Cyrille Pitois > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR863401 Au bord du littoral basque, comme ici à Biarritz, les hôtels ont l’interdiction d’accueillir leurs clients. L’ACTUALITÉ #coronavirus 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3708 - 22 mai 2020 “Paris, le mardi 12 mai 2020 Monsieur Le Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron , Monsieur Le Premier Ministre, Monsieur Edouard Philippe , Monsieur Le Ministre de l’Économie et des Finances, Monsieur Bruno Le Maire , Madame La Ministre du Travail, Madame Muriel Pénicaud , Monsieur Le Ministre de l’Action et des Comptes publics, Monsieur Gérald Darmanin , Monsieur Le Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Monsieur Jean-Baptiste Lemoyne , Depuis le 14 mars dernier, l’écosystème des métiers de la restauration est à l’arrêt. Depuis près de deux mois, plus d’un million de collaborateurs de notre secteur sont au chômage, un milliard de repas n’ont pas été servis, 4,5 milliards d’euros de matières premières n’ont pas été vendues, 13 milliards de chiffre d’affaires se sont envolés. Nous voulons d’abord vous dire MERCI. Merci d’avoir pris des mesures rapides et efficaces, telles que le chômage partiel et les prêts garantis par l’État, nous permettant de survivre pendant cette période de fermeture. Il est temps désormais de penser à la suite. Alors que le moment des réouvertures approche, nous, professionnels des métiers de la restauration, tenons à vous alerter sur les risques nombreux et importants que notre métier va devoir affronter dans les prochains mois. Car le plus difficile est à venir. En effet, nous craignons que plus de 25 % d’entre nous n’arrivent pas à survivre durablement à cette crise sans un arsenal de MESURES D’URGENCE TEMPORAIRES, visant avant tout à préserver l’emploi, mais aussi à assurer la survie de tous nos fournisseurs, producteurs, agriculteurs, pécheurs, etc. Quel que soit notre chiffre d’affaires ou le nombre de salariés que nous avons, nous connaissons tous les mêmes difficultés de trésorerie et allons connaître une baisse durable de notre chiffre d’affaires, liée notamment aux mesures sanitaires, à la baisse du pouvoir d’achat, à l’absence de touristes sur le sol français pendant les prochains mois. À travers cette lettre, nous vous demandons de l’aide. Nous vous demandons de vous engager à nos côtés, pour la survie de nos restaurants avec des MESURES D’URGENCE TEMPORAIRES fortes : Q la réduction de la TVA de 10 % à 5,5 % pour une période temporaire qui bénéficiera à tous et permettra de soutenir la consommation. Q Le maintien du chômage partiel jusqu’à la fin de l’année 2020 pour préserver l’emploi en attendant la reprise d’activité. Q L’exonération totale des charges patronales jusqu’à la fin de l’année, quels que soient le chiffre d’affaires et le nombre de salariés. Nous sommes des entrepreneurs et nous sommes parfaitement conscients qu’on ne peut pas tout attendre de l’État. C’est pourquoi, au-delà de ces MESURES D’URGENCE TEMPORAIRES, nous devons aussi demander à nos partenaires bailleurs et assureurs qu’ils fassent preuve de solidarité et de responsabilité envers les restaurateurs, pour aider l’écosystème tout entier des métiers de la restauration. Nous avons besoin de votre appui pour demander aux bailleurs : Q l’annulation des loyers et des charges pendant la période de fermeture pour tous les restaurateurs (sans plafond de chiffre d’affaires et de nombre de salariés). Q L’accompagnement jusqu’à fin 2020 avec une adaptation du montant du loyer en fonction de l’activité réelle Nous avons également besoin de votre soutien pour parvenir à un consensus avec tous les assureurs qui permette une indemnisation décente. Vous l’aurez compris, notre problématique aujourd’hui n’est plus de savoir QUAND nous allons ouvrir, mais de savoir COMMENT nous allons ouvrir et surtout COMMENT nous allons pouvoir survivre durablement à cette crise sans précéden t. Nous vous prions d’agréer, Monsieur Le Président de la République, Monsieur Le Premier Ministre, Madame La Ministre, Messieurs Les Ministres, Monsieur Le Secrétaire d’État, l’expression de notre très haute considération.” Pétition : change.org Une lettre ouverte pour sauver les métiers de la restauration Une lettre ouverte a été lancée à l’initiative d’Olivier Bertrand, président fondateur du Groupe Bertrand, et co-signée par un Collectif des métiers de la restauration, pour demander la mise en place de mesures d’urgences temporaires afin de préserver l’écosystème des métiers de bouche. C’est aussi une pétition à retrouver sur Change.org, déjà signée par plus de 21 000 personnes.
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