L'Hôtellerie Restauration No 3712
Spas : attendue, la réouverture se révèle complexe L’adoption d’un protocole sanitaire laisse des questions en suspens concernant les spas hôteliers, et plus particulièrement les zones humides. Il limite également la capacité d’accueil, donc la rentabilité des installations. À la demande du Gouvernement, Accor et le bureau Veritas ont lancé une démarche visant à définir les standards sanitaires applicables à tous les hôtels. Cette collaboration a donné lieu à l’élaboration d’un protocole sanitaire avec les organisations professionnelles représentatives du secteur. Il a été publié le 31 mai et est d’application immédiate et obligatoire dans les établissements CHR, et engage les exploitants. Son objectif est triple : rassurer les salariés, rassurer les clients et standardiser les pratiques. Il s’accompagne de fiches métiers qui rassemblent les consignes et mesures de protections selon le poste occupé. Une fiche a été élaborée pour les spas, regroupés avec l’esthétique et les espaces forme. Néanmoins, celle-ci laisse la place à l’interprétation et chaque établissement pourra être plus ou moins rigoureux dans l’application des recommandations. Les zones humides posent nécessairement davan- tage de questions que les zones sèches. Pour celles- ci, la fiche sanitaire préconise : - la mise en place d’un circuit pour les clients obli- geant un passage aux douches savonnées et aux pédiluves ; - un accès réglementé aux lieux de regroupement (sauna, jacuzzi) pour y limiter le nombre de per- sonnes, mais sans en préciser le nombre ; - la fermeture, dans un premier temps (sans en préciser la durée), des hammams et l’interdiction d’utiliser les cols de cygnes (ou toute activité avec des projections). La fiche sanitaire recommande également la dis- tanciation d’un mètre minimum entre les appareils de cardio-training et les transats en zone de repos. Une capacité d’accueil limitée Le respect de ces préconisations aura pour consé- quence de limiter la capacité d’accueil des zones humides et des espaces collectifs et donc : - soit de limiter la fréquentation du spa et, par conséquence, les recettes ; - soit de compenser cette perte de fréquenta- tion par une augmentation des soins secs (soins esthétiques, modelages…), et donc des charges de personnel. Dans l’un ou l’autre cas de figure, des problèmes de rentabilité risquent de se poser. D’autant plus que les charges (de personnel et de consommables) pour l’entretien et la désinfection seront accrues : la fiche sanitaire recommande de désinfecter toutes les surfaces, le poste d’accueil, les cabines de soins, les outils et contenants, d’augmenter le nombre de désinfections des places de bassins, du sauna, du hammam (si ouvert), des sols dans les salles de gym,… de mettre à disposition du personnel du gel hydro-alcoolique, des masques ou visières, des gants, ainsi que des produits désinfectants ou des lingettes pour les clients. Une solution pourrait être de réévaluer les tarifs, mais les clients l’accepteront-ils ? C’est peu pro- bable. Autre difficulté envisageable : la réticence des salariés à faire évoluer leurs missions vers plus de soins, plus d’entretien et de désinfection (des tâches fatigantes et contraignantes). Sans compter le fait que certains d’entre eux ne pourront peut- être pas reprendre leur poste en raison de la ferme- ture partielle des écoles. Rassurer la clientèle Et les clients dans tout ça ? Auront-ils envie de revenir dans les spas, un lieu confiné où la promis- cuité est relativement importante ? Cela dépendra de la sensibilité de chacun, de la confiance que les clients accordent à leur spa, de la capacité des hôteliers à les rassurer sur les conditions sani- taires, sans pour autant rendre l’accès au spa trop aseptisé. Dans ce contexte complexe, le protocole sanitaire pourrait toutefois initier la construction d’un cadre et contraindre à une certaine rigueur en matière de nettoyage et d’entretien des spas, ce qui n’est pas toujours le cas et constituerait une valeur ajoutée pour la profession. Les hôteliers du golfe d‘Ajaccio remontés contre Booking.com AJACCIO Des dirigeants d’hôtels et de résidence de tourisme viennent de créer l’association des hôteliers du golfe d’Ajaccio. Ils dénoncent l’attitude des plateformes de réservation en ligne durant la crise sanitaire. L’ association des hôteliers du golfe d’Ajaccio s’est créée il y a trois semaines et réunit près d’une quarantaine de professionnels, pour la plupart à la tête d’établissements familiaux, qui dénoncent aujourd’hui l’attitude des plateformes de réservation pendant la crise du coronavirus. “Durant la crise qui nous frappe, les agences de voyage en ligne ne remplissent en rien le rôle qui devrait être le leur, celui de partenaire des hôteliers et d’intermédiaire de confiance pour leurs clients communs. En particulier, Booking.com a été aux abonnés absents pour les hôteliers au cours des derniers mois, sauf lorsqu’il s’agissait de faire de l’ingérence malvenue, à son unique profit. La plateforme n’a fait aucun geste, aucune proposition pour soutenir la profession. Booking. com a placé les hôteliers dans des positions inconfortables vis-à-vis de leurs clients, les obligeant à procéder à des remboursements, parfois sans leur demander leur avis, alors même que la loi (ordonnance du 25 mars 2020) leur permettait de proposer des reports de séjours sans frais et des à-valoir.” “Des résidences senior commercialisées à la nuitée” L’attaque, déjà sévère, va plus loin. “Booking.com n’a pas cessé de commercialiser des meublés touristiques alors même qu’un arrêté préfectoral interdisait cette activité en Corse (comme dans de nombreux territoires), en raison du risque sanitaire qu’ils représentaient. La plateforme continue d’ailleurs de mettre largement en avant ces logements, véritables hôtels clandestins pour certains, alors que 80 % d’entre eux ne sont même pas déclarés auprès des municipalités, comme la loi les y oblige pourtant. Encore ce jour et durant les dernières semaines, on a pu constater que des résidences senior (!) y étaient commercialisées à la nuitée pour les touristes de passage, malgré les risques que ce genre de pratique peut représenter pour les résidents permanents de ces structures en période de pandémie.” Les hôteliers et exploitants de résidence de tourisme ajacciens, rejoint par ceux des communes limitrophes, ont décidé de fermer les locations sur la plateforme du 2 au 23 août. L’association a pu échanger en visio- conférence avec des responsables France de Booking.com, indique Jean- Baptiste Pietri , secrétaire général de l’association qui réclame “une baisse substantielle des commissions pour l’ensemble de [ses] adhérents, la mise en avant réelle de l’hébergement en règle avec la loi par rapport aux hébergements non-déclarés, ces derniers devant être éliminés des hébergements commercialisés, le respect de la loi et fin de l’ingérence dans les politiques commerciales des hôteliers”. L’utilisation des cols de cygnes et, plus généralement, toutes les activités avec des projections, sont interdites dans un premier temps par le protocole sanitaire mis en place dans les hôtels et spas. © GETTYIMAGES Les hôteliers et exploitants de résidence de tourisme ajacciens ont décidé de fermer les locations sur Booking.com du 2 au 23 août. © GETTYIMAGES 11 18 juin 2020 - N° 3712 L’Hôtellerie Restauration HÔTELLERIE Poser une question, ajouter un commentaire Perrine Edelman, Coach Omnium > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR163682 Poser une question, ajouter un commentaire Sylvie Soubes > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR063691
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==