L'Hôtellerie Restauration No 3715

RETOUR D’EXPÉRIENCE “L ’hôtel des Gens de mer est un grand navire amarré en plein centre-ville du Havre [Seine- Maritime]. D’ailleurs, on appelle les chambres des cabines. Les fenêtres res- semblent à des hublots. Il y a des ancres rouges imprimées sur la moquette. L’ambiance années 1970 est très kitsch” , s’amuse son directeur, Laurent Lozano . L’établissement a été créé en 1946 pour loger les marins en escale. “Au premier étage résident une vingtaine de mineurs non accompagnés [MNA]. Ce sont des migrants qui viennent du Mali, de Guinée, du Maroc… Ils nous sont adressés par le département, qui règle la note. Aujourd’hui, ils sont une vingtaine en chambre indivi- duelle. Avant le confinement, il y en avait le double. Leur passage est transitoire, le L’hôtel des Gens de mer accueille aussi bien migrants que touristes LE HAVRE L’établissement 2 étoiles, à la fibre sociale appuyée, reçoit toutes sortes de clients. Un mélange des genres entretenu avec finesse et empathie par Laurent Lozano, et qui a accessoirement préservé l’activité pendant la crise du Covid-19. temps d’obtenir un logement ou de devenir majeur. C’est notre choix de les accueillir. Mon employeur et moi-même sommes atta- chés à la mixité sociale même si elle impose, dans une entreprise hôtelière, des aménage- ments voire des renoncements.” Laurent Lozano a dû séparer les différents publics : “Au deuxième étage, à part, on loge les marins en escale. Ils sont plus rares de nos jours. Les armateurs veulent de moins en moins dépenser de l’argent pour les marins. Certains restent sur des cana- pés pour ne pas occuper de chambre. Le troisième étage est réservé aux touristes qui visitent la Normandie. À 50 € la chambre, c’est avantageux.” “Certains réagissent mal lorsqu’ils croisent nos autres occupants, poursuit le directeur de l’hôtel. Des clients annulent parfois lorsqu’ils découvrent des commentaires excessifs déposés sur internet qui nous présentent comme un foyer de migrants. Lors des réservations, je n’ai pas à spécifier que nous logeons trois marins philippins ou quatre mineurs africains. Ce n’est pas toujours simple d’avoir un engagement soli- daire alors qu’au quotidien, nos locataires ne posent pas de problème. Ils respectent les règles, ne font pas sécher leurs chaus- settes aux fenêtres !” Laurent Lozano manage une équipe d’une dizaine de collaborateurs fidèles : “Une femme de chambre vient de prendre sa retraite après quarante-quatre ans dans l’entreprise. Les autres sont là depuis plus de dix ans !” Exigence de rentabilité Héberger une clientèle sociale n’est pas dénué d’avantages commerciaux pour une entreprise soumise à une exigence de rentabilité. “Pendant le confinement, nous étions ouverts. Certes, les touristes n’étaient pas là, les ouvriers en déplacement non plus, mais notre activité était plus sou- tenue que les autres hôtels du Havre avec nos mineurs et des marins restés bloqués chez nous. Nous étions candidats pour accueillir aussi des malades en quarantaine mais nous n’en avons reçu aucun. Les auto- rités préféraient des agencements en motel avec des chambres en accès direct par l’ex- térieur” , explique Laurent Lozano. Marié à une Dominicaine, le quinquagé- naire a dirigé des hôtels en République dominicaine, à Haïti, à Saint-Martin et en Alsace avant de rejoindre, début 2019, cet établissement singulier. “Avant mon arri- vée, le lieu recevait traditionnellement des publics dont les autres hôtels ne voulaient pas. J’ai poursuivi ce projet social. Je suis un voyageur. Mon couple est mixte. Ouvrir mes portes à tous est une valeur de base pour moi, même si je ne suis pas un phi- lanthrope. L’hôtel doit être profitable !” , souligne-t-il. Poser une question, ajouter un commentaire François Pont > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR363634 POPINNS : UN GROUPE HÔTELIER QUI CONJUGUE LUXE ET SOCIAL Sept hôtels des Gens de mer ont été créés en 1946 pour loger les marins en escale, à Marseille, Lorient, Concarneau, Brest, Dunkerque ou encore au Havre. Administrés par l’association pour la gestion des institutions sociales maritimes (AGISM), les sept établissements des Gens de mer sont cédés en 2016 à Popinns, la branche hôtelière du groupe français Doctegestio. “Nous avons 83 établissements, de la Cocoteraie en Guadeloupe au château- golf des 7 Tours à Courcelles-de- Touraine, en passant par des hôtels en station thermale ou des résidences de vacances” , explique Laurent Lozano . 24 L’Hôtellerie Restauration N° 3715 - 9 juillet 2020 Laurent Lozano : “Ce n’est pas toujours simple d’avoir un engagement solidaire alors qu’au quotidien, nos locataires ne posent pas de problème.” L’Hôtel des Gens de mer, au Havre. © POPINNS © POPINNS Par téléphone : 01 45 48 45 00 Par e-mail : abo@lhotellerie-restauration.fr Votre e-mail pour l’abonnement digital : (vos coordonnées ne sont utilisées que par L’Hôtellerie Restauration) Téléphone : (Facultatif mais utile en cas de problème d’adresse) Adresse : Code postal & localité : Enseigne : Nom et Prénom : Mes coordonnées : Par web ou mobile lhotellerie-restauration.fr N° Date de validité : 3 derniers chiffres au dos de la carte : (à l’ordre de L’Hôtellerie Restauration ) Chèque joint Signature : RIB joint Carte bancaire pour 3 mois 10 € pour 1 an 40 € 2. 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