L'Hôtellerie Restauration No 3736

L e restaurateur Vincent Potez n’aurait jamais ima- giné que la gérance d’une importante brasserie parisienne, située entre la place de la Bastille et la gare de Lyon (XII e ) lui réserverait autant d’épreuves, jusqu’à se retrouver hospitalisé. Avec 18 employés en 2016, la brasserie US Ateliers est pleine de promesses pour son nouveau gérant, qui vient de s’acquitter d’une caution de 150 000 € auprès du propriétaire. L’année 2017 est excellente, avec un chiffre d’affaires de plus de 1,3 M€. En 2018, d’importants travaux de voirie, qui ralen- tissent l’activité, viennent tempérer son optimisme. PARIS L’histoire de Vincent Potez est celle de beaucoup de professionnels de la restauration qui voient leur carrière s’effondrer en raison de la situation sanitaire actuelle. “Toutes les places de parking payantes ont été retirées pour installer une voie de bus. Pendant un an, j’ai eu des barrières devant mon affaire. L’impact sur la fré- quentation a été très fort. On m’a caché le projet de ces travaux, alors qu’il était connu lors de la vente. Je suis aujourd’hui en procès avec le propriétaire. De 18, nous sommes passés à 11 collaborateurs” , explique l’ancien gérant, qui s’attendait à surmonter rapidement cette mauvaise passe. C’était sans compter les manifesta- tions et mouvements sociaux qui ont agité la capitale tout au long de l’année 2019. Prêt garanti par l’État refusé “Les manifestations des gilets jaunes, tous les week- ends, ont été un désastre. En 2018, nous passons sous le million d’euros de chiffre d’affaires, mais la chute s’accentue avec les grèves des transports de la fin de l’année 2019. Entre décembre et février, j’ai perdu 280 000 € de chiffre d’affaires ! J’avais 17 000 € de redevance mensuelle, plus 4 000 € de loyer et 2 000 € de droit de terrasse. À 4 000 € de CA par jour le samedi et le dimanche et 52 week-ends bloqués par les gilets jaunes, vous pouvez faire le calcul” , s’indigne Vincent Potez, qui pense avoir alors atteint le pire. La crise sanitaire liée au Covid-19 fige totalement l’ac- tivité en France quelques semaines plus tard. Pour le gérant, c’est le coup de grâce. “Au premier jour du confinement, je savais que c’était fini. J’avais des retards de loyer. Le prêt garanti par l’État [PGE] m’a été refusé en raison de la mauvaise activité de l’an- née précédente. Au deuxième jour du confinement, j’ai été hospitalisé deux semaines. J’ai fait un burn-out. Pendant les grèves, nous n’étions plus que trois. On dormait dans le restaurant. C’est une chance de pou- voir en parler, car j’ai eu des idées noires” , se souvient le restaurateur. Le temps de la résilience Vincent Potez a travaillé dans de belles adresses parisiennes, notamment aux Deux Magots (VI e ) et comme directeur du Café de la musique, porte de Pantin (XIX e ). Par ses relations, à la fin du premier confinement, il décroche un poste au Café de la mairie, place Saint-Sulpice (Paris, VI e ). “Ça fait trente ans que je travaille, ça m’a fait un bien fou pour le moral de reprendre une activité. J’ai retrouvé l’envie. Je ne regrette pas d’avoir été exclu du PGE, cela m’a évité de m’acharner et d’aggraver une situation difficilement réversible [avec le deuxième confinement]. En rede- venant employé, j’ai ressenti un apaisement face aux responsabilités. Je garde une colère contre le système, la manière dont sont traités les patrons. Pourtant, je ne renonce pas à reprendre une affaire, plus petite, à Paris. En attendant, si je peux aider mes confrères, ce sera un plaisir. J’ai tellement frappé à toutes les portes et passé de temps dans la paperasse…” , confie le qua- dragénaire, actuellement en chômage partiel. 20 L’Hôtellerie Restauration N° 3736 - 26 décembre 2020 Par téléphone : 01 45 48 45 00 Par e-mail : abo@lhotellerie-restauration.fr Votre e-mail pour l’abonnement digital : (vos coordonnées ne sont utilisées que par L’Hôtellerie Restauration) Téléphone : (Facultatif mais utile en cas de problème d’adresse) Adresse : Code postal & localité : Enseigne : Nom et Prénom : Mes coordonnées : Par web ou mobile lhotellerie-restauration.fr N° Date de validité : 3 derniers chiffres au dos de la carte : (à l’ordre de L’Hôtellerie Restauration ) Chèque joint Signature : RIB joint Carte bancaire pour 3 mois 10 € pour 1 an 40 € 2. Je m’abonne 1. Je choisis la formule d’abonnement 3. Mon mode de paiement Par courrier L’Hôtellerie Restauration 5 rue Antoine Bourdelle 75737 Paris Cedex 15 Sans engagement : 3,33 €/mois interruption sur simple demande Au deuxième jour du confinement, j’ai été hospitalisé deux semaines. J’ai fait un burn-out.” Poser une question, ajouter un commentaire François Pont > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR965371 Vincent Potez : “En redevenant employé, j’ai ressenti un apaisement face aux responsabilités.” © DR ÇA VOUS EST ARRIVÉ La chronique du naufrage d’un ancien patron de brasserie

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