L'Hôtellerie Restauration No 3737

Recrudescence des suicides chez les chefs d’entreprise et artisans-commerçants Numéros utiles Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë (Apesa) : 0805 65 50 50 (numéro vert) Cellule nationale de soutien psychologique Covid-19 : 0 800 130 000 (numéro vert, 24 h/24, 7 j/7). SOS Amitié : 09 72 39 40 50 (24 h/24, 7 j/7) V oir les restaurateurs et hôteliers dans la rue n’est pas habituel. Cela traduit le sentiment d’abandon et l’extrême inquiétude que ressentent les professionnels. Faute de visibilité, l’ave- nir ne s’annonce pas brillant. Depuis le premier confinement, le 14 mars der- nier, l’incertitude liée à l’accumulation des dettes (loyers, pertes d’exploitation, PGE…) minent les restaurateurs. Dans une enquête Ifop pour la Fondation Jean Jaurès, on apprend que trois caté- gories socio-professionnelles sont plus particulièrement touchées par les pen- sées noires qui font envisager le suicide ou les tentatives de suicide. En premier lieu, il s’agit des dirigeants d’entreprise : 27 % d’entre eux ont eu l’intention de se suicider en 2020. Chez les artisans-com- merçants, on atteint le chiffre d’une per- sonne sur quatre ! L’alerte de Philippe Etchebest Parmi les artisans-commerçants qui ont envisagé le pire, 42 % disent être passés à l’acte, avec une hospitalisation (contre 27 % en moyenne toutes catégories confondues). Un chiffre autant effrayant qu’alarmant. Mi-novembre, Ghislaine Boriller , patronne du restaurant Le Kenyah à Plougoumelen (Morbihan), a mis fin à ses jours. Son suicide a été relayé dans les médias. Mais combien d’autres ont été passés sous silence ? La troisième catégorie, ce sont les chô- meurs. L’enquête relève qu’un quart d’entre eux sont également en proie à des épisodes aigus de déprime voire de dépression menant à chercher une issue définitive. Au mois de mai dernier, dans les médias, le chef Philippe Etchebest avait lui- même évoqué les nombreux messages désespérés qu’il avait reçus : “Pour voir tous les messages qui circulent tous les jours, il y a une grosse détresse qui est là. Il y a eu deux restaurateurs qui se sont suicidés et j’ai bien peur que ça continue si on ne fait rien et si on ne trouve pas de solution.” Les mois passent, sur les réseaux sociaux, au sein des syndicats, dans les associations, les témoignages affluent. La peur de l’avenir s’ancre dans les esprits. “Entre fin septembre et début novembre, l’état mental des Français s’est encore aggravé” , a reconnu Jérôme Salomon , le directeur général de la santé, au regard des résultats de l’étude menée par Santé Publique France : “Le nombre de per- sonnes faisant l’objet d’un état dépressif a doublé ” pendant cette période. Cette tendance se retrouve dans l’en- semble de la population mais plus encore chez les inactifs, les jeunes et ceux connaissant des difficultés financières. “Il ne faut jamais hésiter à consulter un professionnel” , a sou- ligné le directeur général de la santé. Les résultats de l’enquête Ifop doivent aussi enjoindre les personnes en diffi- culté ou désespérées à ne surtout pas rester isolées. Le fait que les restaurateurs, hôteliers et cafetiers soient descendus dans la rue dans un mouvement unitaire est le signe d’un profond malaise voire d’un désespoir qui peut amener à commettre l’irréparable. Une enquête Ifop pour la Fondation Jean Jaurès tire la sonnette d’alarme. Poser une question, ajouter un commentaire Nadine Lemoine > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR565733 RESTAURATION Les restaurants de Monaco font le plein Les restaurateurs monégasques ont vu arriver des hordes de clients français ces dernières semaines puisque la Principauté les a autorisés à rester ouverts avec des réservations préalables, des tables limitées à six personnes et espacées de 1,5 m, et le respect des gestes barrières. “La hausse de la fréquentation du segment français [a] représent[é] 80 % des réservations” , a confié à FranceInfo Vincent Duvillet , manager dans un hôtel. Le gouvernement de la principauté a annoncé avoir fermé administrativement quatre restaurants, dès le 24 décembre, pour une durée de quatre à sept jours. Pour la Saint-Sylvestre, les clients ont dû montrer une réservation d’une nuit d’hôtel à Monaco ou un justificatif de domicile sur le sol monégasque pour réveillonner. Toutefois, depuis le 2 janvier, devant la dégradation de la situation sanitaire dans les Alpes-Maritimes, la Principauté a décidé de réserver les restaurants aux résidents et à ceux qui travaillent à Monaco. 73 % des Français affichent leur volonté de retourner au restaurant Selon une étude Food Service Vision réalisée durant les quatre derniers mois de 2020, 52 % des Français affirment que la restauration traditionnelle indépendante est le type de restauration qu’ils ont le plus hâte de retrouver. De plus, depuis le début du deuxième confinement, les consommateurs ont la volonté de venir en aide aux restaurateurs, puisque, pour 52 % d’entre eux, c’est le motif qui les pousse à recourir aux services de vente à emporter ou de livraison de repas, avant l’envie de se faire plaisir (41 %). Et 62 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à payer plus cher leurs repas à des petits restaurants pour les soutenir, plutôt que d’aller dans les grandes chaînes de restauration. Par ailleurs, 73 % des Français affichent leur volonté de retourner au restaurant. Leur motivation première est la volonté de se faire plaisir (78 %), de partager un moment avec leurs proches (61 %), de manger des plats différents (56 %), de soutenir les restaurateurs (50 %). Les exigences en matière de qualité de l’offre produits, dépassent celles des normes sanitaires. L’indice de peur (c’est-à- dire le pourcentage des convives craignant d’être contaminés au restaurant) est d’ailleurs en net recul en novembre par rapport à avril. Source : Food Service Vision L’Autorité de la concurrence valide le rachat de Courtepaille par Bufallo Grill La société Antelope Acquisition 2, contrôlée par le fonds d’investissement TDR Capital, à la tête du groupe Buffalo Grill - qui compte 349 restaurants implantés en France, en Espagne et en Suisse -, a obtenu le feu vert de l’Autorité de la concurrence. Elle peut ainsi reprendre les 237 restaurants Courtepaille, car “si les restaurants sous enseigne Buffalo Grill et Courtepaille se trouvent présents simultanément dans de nombreuses zones de chalandise, des restaurants concurrents demeurent en nombre suffisant dans chacune de ces zones”, a estimé l’Autorité de la concurrence. Antelope Acquisition 2 a mis 17 M€ sur la table pour ce rachat et s’est déclarée prête à maintenir l’emploi de 3 100 salariés sur un peu plus de 3 500. Une enveloppe de 80 M€ pour couvrir le plan de modernisation de Courtepaille fait aussi partie des engagements de Buffalo Grill. Le nouvel ensemble compte près de 600 restaurants. © GETTYIMAGES © GETTYIMAGES © DR © DR Face un avenir incertain, l’angoisse qui étreint les professionnels peut mener au suicide. 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3737 - 8 janvier 2021

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