L'Hôtellerie Restauration No 3741
L’expert financier a rencontré Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants, en exclusivité pour les lecteurs de L’Hôtellerie Restauration. Tous les deux réfléchissent dès à présent aux moyens d’aider les petites entreprises qui se retrouveront au tribunal du commerce suite à la crise. René Ricol livre son analyse. L’ACTUALITÉ René Ricol : “L’État doit effacer les dettes des petites entreprises accumulées durant la crise” “I l y a trois catégories d’entreprises : les plus petites - dans lesquelles entrent 80 % des adhérents du GNI -, les grandes et stratégiques, et enfin toutes les autres. S’agissant des premières, beaucoup ne peuvent plus travailler actuellement, comme les cafés et les restau- rants, mais certains artisans, comme les plombiers ou les électriciens, peuvent avoir une activité soutenue.” Pour celles qui ne travaillent plus ou pas assez : “Les aides de l’État existent mais elles vont connaître leurs limites. Nous nous trouvons dans une situation qui se dégrade, avec des dépôts de bilan inéluctables en raison des diffi- cultés que les entreprises auront pour attendre la reprise et la financer, tout en devant rembourser leurs dettes hors PGE. Cela explique l’anxiété légitime de beaucoup d’entre- preneurs. Si on doit aller jusqu’au risque de liquidation, qui peut reprendre ces entreprises ? Dans le contexte actuel, ce sont les propriétaires eux-mêmes. Or, ce n’est pas dans nos habitudes : quand quelqu’un va en liquidation, on trouve un autre repreneur.” Pour toutes les entreprises qui iront au tribunal du com- merce : “La seule idée qui me paraît jouable et équitable serait la désignation d’un expert indépendant dans le cadre 10 L’Hôtellerie Restauration N° 3741 - 5 mars 2021 d’un nouveau mandat ad hoc à imaginer. Ces experts se- raient des administrateurs judiciaires bien évidemment, mais aussi des experts-comptables et des commissaires aux comptes, ou encore d’autres professionnels. L’expert devra se poser une seule question : est-ce que cette entre- prise, hors crise sanitaire, fonctionne ? C’est-à-dire : dans quel état était-elle avant la crise sanitaire, est-ce qu’elle a toujours sa clientèle et la capacité de repartir ? Si tel est le cas, il ne faut pas hésiter à lui donner sa chance et donc à restructurer la dette.” Restructuration : “Il faut d’abord faire une photographie de la réalité de l’entreprise ; ça passe notamment par une réévaluation réaliste du bilan. Il faut aussi valoriser ce qu’on appelait autrefois le pas-de-porte. Là encore, il faut être raisonnable mais cela permet de mieux faire apparaître les sécurités que l’entreprise peut donner à ses prêteurs. La question de la localisation va être clé car même à 20 mètres de distance, les écarts de valeurs peuvent être substantiels, en particulier pour les bars et les restaurants. Il faut analyser ensuite comment l’entreprise pourra fonc- tionner à la sortie de crise avec les moyens dont elle dis- pose. C’est donc avoir une approche d’analyse du prévi- sionnel avec, comme toujours, les hypothèses défavorables, René Ricol (à gauche) et Didier Chenet .
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