L'Hôtellerie Restauration No 3748
REPLONGES Les gérants de l’hôtel-restaurant La Huchette s’estiment lésés sur les aides financières accordées aux CHR par l’État. Ils auraient préféré que les charges fixes soient remboursées plutôt que le calcul soit établi en fonction du chiffre d’affaires. © STÉPHANIE PIOUD L'ACTUALITÉ C’ est une situation compliquée que vivent Didier et Sandra Goiffon , propriétaires depuis deux ans d’une ferme de caractère près de Mâcon (Ain) qu’ils ont rénovée pour en faire un restaurant gastronomique de 50 couverts et un hôtel de charme de 14 chambres. Seulement, la crise du Covid-19 a mis à mal le projet de toute une vie. Et malgré les aides octroyées par l’État, la situation est intenable financièrement (lire ci-dessous). “Notre cas est particulier. Nous avons quit- té notre restaurant étoilé, La Marelle, près de Bourg-en-Bresse pour nous installer en mai 2019 à La Huchette. L’État a calculé les aides en prenant en compte notre chiffre d’affaires de La Marelle sur les cinq pre- miers mois de 2019, alors que nous ne tra- Poser une question, ajouter un commentaire Stéphanie Pioud > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR767614 14 L’Hôtellerie Restauration N° 3748 - 11 juin 2021 vaillions que les week-ends pour superviser les travaux de La Huchette. D’où un chiffre d’affaires faible. Le problème est que nos deux établissements sont enregistrés sous la même société juridique, une seule affaire a donc été prise en compte par l’État” , dé- plore Sandra Goiffon. Un emprunt impossible à rembourser Résultat, les aides de l’État ne suffisent pas à couvrir les charges fixes de l’hôtel- restaurant, d’autant plus que les gérants sont dans l’incapacité de rembourser leur emprunt. “On a la chance d’avoir pu re- pousser les échéances de notre crédit-bail. Mais on s’en sortira que si on retrouve une activité normale au plus vite. Ce n’est pas gagné. D’autant que l’été, nos principaux clients sont les Européens”, s’inquiète San- dra Goiffon. Avant de conclure : “Les gé- rants de petites structures indépendantes telles que la nôtre sont les grands perdants du système actuel. Selon moi, il aurait été plus juste que l’État rembourse les charges fixes de chaque établissement plutôt que d’établir un calcul sur les chiffres d’affaires. La rentabilité n’est pas la même entre un restaurant gastronomique, où les marges sont faibles, et une pizzeria par exemple.” Didier et Sandra Goiffon : “Les gérants de petites structures indépendantes sont les grands perdants du système actuel” En raison de la fermeture de leur restaurant, Didier et Sandra Goiffon ont touché 10 000 € d’aides de l’État par mois depuis novembre 2020. La région Auvergne-Rhône- Alpes leur a également versé une enveloppe de 8 000 € pour financer leurs plats à emporter, et le département de l’Ain 6 500 € pour leur hôtel. Mais cela ne suffit pas à couvrir les 35 000 € de charges fixes mensuelles de leur établissement. D’autant plus qu’ils doivent rembourser un prêt d’1,6 M€ contracté pour acquérir leur affaire ! Avant la crise sanitaire, ils comptaient sur la vente de leur ancien restaurant, La Marelle, mais aujourd’hui, tout est au point mort. “Nous devons réaliser 110 000 € de chiffre d’affaires par mois sur onze mois pour rembourser le prêt. Sans activité, c’est impossible”, explique la gérante. Les propriétaires ont également contracté un PGE à hauteur de 130 000 € qu’il leur faudra rembourser. Malgré les difficultés, Sandra et Didier Goiffon restent combatifs. Ils ont rouvert leur restaurant le 9 juin. 35 000 € de charges fixes mensuelles
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