L'Hôtellerie Restauration No 3748

PARIS La longue grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, à Paris, a permis de pointer les limites du recours à la sous-traitance. Depuis, la CGT- HPE joue un rôle d’alerte auprès du groupe Accor. © DR L'ACTUALITÉ Ibis Batignolles : victoire des femmes de chambre après 22 mois de conflit E lles auront bataillé près de deux ans, dont huit mois de grève. La vingtaine de femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, à Paris (XVII e ), ont signé le 25 mai un accord leur garantissant de meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale. La raison de leur colère était la sous-traitance de leurs tâches. Un dispositif auquel le secteur de l’hôtellerie a de plus en plus recours. Car, sur le papier, la sous- traitance cumule les avantages. À commencer par une meilleure maîtrise des coûts, l’externa- lisation de la gestion de l'absentéisme ainsi que l’absence de congés à payer. Sur le terrain en revanche, c’est une autre his- toire. À l’Ibis Batignolles, les femmes de chambre réclamaient notamment des contrats à temps plein et l’internalisation de leur prestation, et la fin du paiement à la chambre. Avec une douzaine de chambres à faire par tranche de quatre heures, le rythme était soutenu, difficile à tenir, et s'ac- compagnait d’un plus grand risque de blessure ou d’accident du travail. Pour le syndicat CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques), externaliser le métier de femme de chambre, “c’est le déconsidérer” , commente Claude Lévy , l’un de ses représentants. Or, pour 67 % des clients d’hôtels, la propreté est “le plus important dans une chambre” , rappelle une étude du cabinet Coach Omnium. Revaloriser les métiers pénibles “Les problèmes liés à la sous-traitance, c’est un combat que nous menons depuis dix ans. Nous avons déjà permis de mettre fin à cette pratique dans une quinzaine d’hôtels” , reprend Claude 20 L’Hôtellerie Restauration N° 3748 - 11 juin 2021 Lévy. Partisan de “la revalorisation des métiers pénibles” , il se félicite de la sortie de crise trouvée par la CGT-HPE, AccorInvest et STN, à qui Ac- cor sous-traite l’entretien des chambres de l’Ibis Batignolles. “Accor reconnaît désormais notre rôle d’alerte dès qu’il y a un risque de dérive des pra- tiques” , souligne Claude Lévy. Une façon d’aller d’abord à la discussion, voire à la conciliation, avant la grève. Le dialogue, c’est ce que demandent aussi une partie des salariés de l’hôtel Westin Paris Ven- dôme (I er ) depuis le 4 mars. Chaque jeudi, à l’ap- pel de Yamina Bellahmer , salariée de l’hôtel et membre du comité social et économique (CSE), ils manifestent pour dire leur mécontentement face au plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) dans cet établissement estampillé Marriott. Celui- ci doit se solder par 168 suppressions de postes. Toutes les femmes de chambres et gouvernantes sont concernées, avec externalisation de leurs missions à la clé. La CGT-HPE soutient les ma- nifestants. “Mais le PSE est homologué, confie Claude Lévy. La bagarre ne sera pas facile . Les problèmes liés à la sous- traitance, c'est un combat que nous menons depuis dix ans.” Le 25 mai, après huit mois de grève, les vingt femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, à Paris (XVII e ), ont signé un accord pour de meilleures conditions de travail. Claude Lévy, délégué CGT-HPE Poser une question, ajouter un commentaire Anne Eveillard > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR767634

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