L'Hôtellerie Restauration No 3748

PARIS Les restaurants ont repris leur activité et misent sur les espaces extérieurs, souvent privilégiés par les clients. Néanmoins, les terrasses éphémères sont source de frictions avec les riverains qui ne veulent pas revivre les dérapages de l'été dernier. Comment agir sur les nuisances sonores pour apaiser les tensions alors que le seuil de tolérance des uns et des autres semble ne jamais avoir été aussi bas ? © GETTYIMAGES L'ACTUALITÉ/RÉOUVERTURE Poser une question, ajouter un commentaire François Pont > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR567503 8 L’Hôtellerie Restauration N° 3748 - 11 juin 2021 “L es nuisances sonores sont un problème récurrent et plutôt parisien. Nos clients de province souffrent moins du partage de l’espace public qui est moins concentré”, constate Adrien Gahinet , du cabinet de conseil en restauration Sophradrien. Gilles Pourbaix , président du réseau Vivre Paris ! qui fédère une ving- taine d’associations de quartiers, précise toutefois : “Ce n’est pas un problème avec les restaurateurs. À part quelques éclats de rire, les si- tuations sont très acceptables. Les gens sont assis et mangent. Nous ne sommes pas dans des enclos avec des jeunes debout et ivres, qui s’étendent jusqu’à occuper la chaus- sée. En revanche, les bars parisiens sont peu syndicalisés. Beaucoup ont des comportements de voyous.” Et de s’emporter : “À cause des bars, dans le quartier Jean-Pierre Timbaud [Paris, XI e ], il a été mesuré un bruit plus fort à 2 heures du matin que dans la journée ! ” Les terrasses peuvent aussi pacifier un quartier “Paris manœuvre pour pérenniser ces terrasses au détriment des voitures et des riverains. Nous refusons qu’elles deviennent saisonnières. Les Pari- siens ne se rendent pas compte qu’ils vivraient alors, chaque année, six mois de fête de la bière en bas de chez eux. Nous demandons l’interdiction des extensions devant les immeubles voisins ou les trottoirs d’en face, la présence de chuteurs qui sont très efficaces, mais surtout la générali- sation des méduses. Ces capteurs directionnels, à l’essai rue des Lom- bards, sont imparables et démontrent la réalité, la nature, l’intensité, la répétition et l’origine d’une nuisance sonore !”, liste Gilles Pourbaix. “ L’installation d’une terrasse doit faire l’objet d’un échange avec les voi- sins. C’est dans la charte de la ville. Il ne s’agit pas de juste signer. Il faut engager ces échanges de nature à dé- miner en amont des conflits à venir ”, ajoute Adrien Gahinet. “Les tensions sur le bruit vont être contraintes par la météo et la prolongation du couvre- feu jusqu’à l’été. Le temps de voir ce qui marche ou pas ”, positive Bernard Boutboul , du cabinet Gira. Et Gilles Pourbaix en convient, la réouver- ture des terrasses peut aussi être salvatrice. “L’été dernier, au premier jour de l’ouverture, nous avons été applaudis comme [l’avaient été] les soignants. La place Émile Goudeau était devenue le lieu de pique-niques sauvages et alcoolisés jusqu’à l’aube. En redéployant notre terrasse, le calme est revenu ”, rappelle Choukri Chamkhia , le gérant du Relais de la Butte à Paris (XVIII e ). Lutter contre les nuisances sonores sur les terrasses permet d'harmoniser les relations avec les voisins, qui sont aussi des clients. La lutte contre le bruit, un enjeu capital

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