et l’histoire de l’art, qu’il exerçait dans des hôtels franciliens, pour rejoindre un groupe immobilier. “Je suis en télétravail, mais je garde le contact avec les clients, comme dans les hôtels, lors des visites d’appartements et de maisons”, confie-t-il. Le second, pour sa part, a opté pour un poste de commercial dans une start-up. “Avant, je dirigeais un restaurant à Bordeaux [Gironde, NDLR]. Mais lorsqu’on a vidé les frigos le 16 mars 2020, je me suis dit que je n’aurais plus de boulot avant longtemps…” Jordi Argiles décide alors de se former en accéléré dans une école de commerce, “à raison de 50 heures par semaine pendant trois mois”. Puis, il enchaîne avec deux périodes de six mois en entreprise, “pour avoir une expérience de terrain”. Résultat : “Aujourd’hui, je suis un digital nomade, avec des horaires de bureau. Rien à voir avec la restauration, où je n’avais pas de week-end, j’étais sur le pont de 9 heures à minuit, je rentrais fatigué chez moi et je gagnais 2 500 € net par mois, contre près de 4 000 € actuellement.” Cerise sur le gâteau pour ce néo-télétravailleur de 28 ans : “Cet automne, je quitte la France pour emménager à Malaga, en Espagne, et partager mes journées entre travail et loisirs.” “Il serait judicieux de refondre des pratiques du secteur” “Nous perdons de vraies pépites en ce moment dans l’hôtellerie-restauration”, regrette Julia Rousseau. La spécialiste en ressources humaines reconnaît que “le rythme Poser une question, ajouter un commentaire Anne Eveillard > www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR668385 de travail et le manque de reconnaissance incitent à quitter les CHR. Il serait judicieux de refondre des pratiques du secteur, par exemple en revalorisant des salaires, pour attirer dès le lycée de nouveaux profils”. Elle suggère aussi la création de “groupes de travail pluridisciplinaires, pour mener une réflexion sur la fidélisation des acteurs issus de l’hôtellerie-restauration”. Enfin, elle nuance l’actuelle fuite de talents en soulignant que certains de ses clients la sollicitent aussi “pour quitter d’autres secteurs et se tourner vers la cuisine ou la pâtisserie”. “Une gemmologue est en cours de reprise d’un petit hôtel-restaurant en Bourgogne”, confie Julia Rousseau. On savait le secteur des CHR en pleine mutation. La crise sanitaire en accentue le trait et en accélère le rythme. Le premier confinement a fait prendre conscience à beaucoup qu’ils avaient envie de souffler, de vivre dans un appartement plus grand, d’avoir un extérieur, de passer moins de temps dans les transports en commun, de profiter davantage de leurs enfants, d’avoir un rythme plus léger et de se recentrer sur eux-mêmes.” Julia Rousseau © DR Louis Jacquemin a quitté la restauration pour devenir réparateur de deux roues chez Zeride, à Boulogne-Billancourt. 15 octobre 2021 - N° 3757 L’Hôtellerie Restauration 17 En quête de qualité de vie Pour Julia Rousseau, “les raisons des départs sont multiples et récurrentes dans le secteur des CHR”. La consultante en ressources humaines au sein d’Ethique RH cite “les horaires, le travail en coupure, l’astreinte du week-end, l’impossibilité de voir sa famille et ses amis, être souvent debout, se plier aux exigences du client, le manque de reconnaissance du travail réalisé, les salaires qui manquent d’attractivité…” Conséquence : “J’ai reçu un chef de cuisine qui a quitté le secteur pour s’épanouir en tant qu’agent immobilier. Depuis, il dit avoir appris à connaître ses enfants, gagné en qualité de vie et ce, même avec un rythme intense car certaines visites de biens s’effectuent le week-end.” Par ailleurs, un second de cuisine, en cours de reconversion vers le secteur bancaire, lui a confié : “La banque propose un 13e mois, des RTT, des formations régulières, des horaires normaux. C’est une qualité de vie à laquelle j’aspire et qui me permet aussi de me retrouver.” Lire aussi nos articles p. 4-6, p. 38 et p. 51. © DR
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