COMMENT RÉENCHANTER VOTRE ENTREPRISE POUR VOS CLIENTS, POUR VOS SALARIÉS, POUR VOUS Et la rémunération et les dividendes des investisseurs, qui sont encore souvent les dirigeants dans notre profession ? Figurez-vous que certaines entreprises libérées ont abordé le sujet avec un collectif de salariés qui se sont portés volontaires. Pour vous donner un cas concret, dans l’entreprise libérée que j’ai en tête - qui n’est pas du secteur -, cela a commencé par une explication des tenants et des aboutissants du compte de résultats et du calcul des dividendes. Ensuite, on a demandé à ce groupe de travail quel retour sur investissement ils aimeraient en mettant leur argent sur un livret A. Ils ont dit 1 % - aujourd’hui le taux réglementé est fixé à 0,5 %. Et le risque du placement ? Ils ont répondu : quasiment zéro. Ensuite, on leur a demandé d’imaginer investir la même somme dans leur entreprise en prenant en compte la situation incertaine et souvent difficile qu’elle vit. Après la discussion, le groupe a demandé 8 %. Les propriétaires de l’entreprise ont suivi cette conclusion et se sont accordé des dividendes de 8 %. Il y a beaucoup de fantasmes sur les dividendes que les propriétaires s’octroient, mais pas dans cette entreprise. Que pensez-vous de la transparence des salaires dans l’entreprise, à la fois celui du dirigeant et des salariés ? Dans les entreprises libérées, on ne fait pas de la transparence pour la transparence, mais pour fournir à tous l’information qui les aide à prendre de meilleures décisions. Si les salariés pensent que connaître le salaire du collègue les aide à prendre de meilleures décisions sur leur périmètre, l’entreprise peut envisager de les diffuser. Mais ça n’arrive presque jamais. En revanche, certaines entreprises, après avoir donné aux salariés les informations sur le niveau de salaires pour leur poste, leur proposent de décider de leur rémunération. Dans ce cas, les salaires de chacun sont connus de l’équipe et c’est elle qui décide par la suite si la rémunération d’un coéquipier correspond à sa réelle contribution. En effet, ces équipes décident du recrutement, de l’intégration, mais aussi du départ d’un collègue. Vous en demandez beaucoup au leader… aimer ses collaborateurs, les faire progresser, leur faire confiance, se mettre en retrait, mettre son en égo de côté… C’est aussi pour cela que n’est pas leader qui veut et que c’est la denrée la plus rare sur la planète, comme le dit Bob Davids*. Effectivement, il est difficile de faire confiance à l’intelligence de ses salariés et se penser parallèlement le plus intelligent. Ensuite, le dirigeant doit décider si c’est lui qui se met au service de son entreprise ou si c’est l’entreprise qui se met à son service. Si c’est le premier cas, alors il doit se mettre au service de ses salariés car ce sont eux qui font marcher l’entreprise, et plus on les fait progresser, mieux elle marche. C’est du bon sens, non ? Après avoir vu dans le précédent article de la série le rôle du dirigeant/leader de l’entreprise (voir le n° 3751), que pensez-vous de sa rémunération ? Toute rémunération, et de surcroît celle d’un dirigeant, doit tenir compte de quelques réalités. Premièrement, du niveau de responsabilité et de contribution. Ensuite, du marché du travail. La plupart des entreprises classiques s’arrêtent là - je ne parle pas du cas où un propriétaire-dirigeant décide de se rémunérer très peu car les résultats financiers ne lui permettent pas plus. Cependant, dans les entreprises fondées sur la confiance, un 3e facteur intervient : les salariés. Il est difficile pour un dirigeant d’affirmer qu’il a de la considération et de la confiance envers ses salariés si l’écart des salaires entre lui et eux est trop important. Il n’y a pas de règle. Mais l’écart de salaires pour un grand groupe sera bien sûr supérieur à celui d’une TPE. De même pour la voiture de fonction. Un patron d’un petit hôtel qui arrive en grosse berline achetée par l’entreprise est peu audible quand il dit : “Je vous fais confiance pour réduire les coûts.” Transformer l’organisation du travail dans son entreprise, libérer le potentiel des salariés... Olivier Milinaire, codirecteur de L’Hôtellerie Restauration, avec la participation d’Isaac Getz, auteur de L’Entreprise libérée, répondent aux questions qu’une telle transformation soulève. Septième partie de la série de questions-réponses. MANAGEMENT * Dans le livre Leadership sans ego, Fayard, 2019. Pour partager un retour d’expérience, retrouver l’ensemble des articles de la série ainsi que des liens utiles, consultez la version en ligne : lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR868793
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