L'Hôtellerie Restauration No 3757

D’autres pistes sont envisagées par le syndicat : le versement d’un treizième mois, une négociation, à partir de mars 2022, pour mettre en place un intéressement ou une participation, ou encore la possibilité de ne pas travailler un week-end par mois. En revanche, le président des saisonniers de l’Umih rejette la possibilité de rémunérer davantage le travail du dimanche : “Nous sommes opposés à toute négociation sur ce sujet. Cela déséquilibrerait notre modèle économique.” Le GNI “déplore cette annonce” Mais le dirigeant syndical ne mâche pas ses mots : “L’État n’a pas à (…) nous pointer du doigt, comme il le fait depuis deux mois. Nous ne serons pas pris dans le calendrier électoral de la présidentielle.” Au contraire, Thierry Grégoire réclame l’aide de l’État, par la suppression des exonérations de charges sur les bas salaires qui “récompensent les entreprises qui payent au smic” et demande au contraire des exonérations pour les niveaux de rémunération intermédiaires. Enfin, il souhaite la suppression de la loi sur l’avantage en nature nourriture et propose de la remplacer par l’attribution de titres-restaurants. Le GNI ne s’associe pas à cette prise de parole. “Je déplore cette annonce, qui ne peut que venir troubler les négociations sociales”, nous a confié Didier Chenet, son président. “Les négociations sociales et les propositions sur lesquelles peuvent participer les différentes organisations patronales se débattent entre les organisations patronales, puis avec les organisations de salariés dans un second temps”, mais “ne se mènent pas sur la place publique”, a-t-il insisté. Poser une question, ajouter un commentaire Roselyne Douillet >www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR468769 Éric Cartigny, qui dirige le restaurant brestois Aux Tours du château, a augmenté de 100 € tous les salaires depuis le dernier déconfinement. “Le salaire est le premier levier mais d’autres doivent être actionnés. Mon chef de cuisine part pour devenir frigoriste, sans doute lassé par la pression. Son salaire est, après augmentation, de 2 500 € net pour 35 heures. Mon sous-chef a trois jours de congés consécutifs. J’ai mis en place le service continu. Même avec des salaires plus hauts, les difficultés [de recrutement] persistent. Les jeunes ne veulent plus passer leur vie au travail. Je pense qu’il faut revaloriser les salaires mais pour ceux qui s’impliquent.” Laurent Breuil, fondateur en 1996 du restaurant Lauryvan à Saint-Junien (Haute-Vienne), a également décidé d’appliquer une hausse de salaires, pour attirer des candidats et fidéliser les salariés déjà présents. “Cela fait dix mois que je cherche un chef de partie-pâtissier pour 1 700 € net. Je n’ai jamais reçu de CV. Depuis juin, j’ai augmenté de 10 % les salaires, ce qui a fidélisé ceux qui étaient déjà là, avec un large sentiment de reconnaissance de leur part. Le chef est passé de 2 000 à 2 300 € net pour 39 heures. L’ambiance est meilleure et nous réfléchissons à fermer un voire deux dimanches par mois en dehors de l’été. En revanche, ceux qui postulent ont des exigences délirantes, incompatibles avec le métier. Alors pour les nouvelles recrues, on mise plus sur des primes et des bonus irréguliers, le temps de voir si elles restent.” F. P. Augmenter les salaires est-il suffisant pour recruter et fidéliser ? Didier Chenet, président du GNI Les négociations sociales et les propositions sur lesquelles peuvent participer les différentes organisations patronales se débattent entre les organisations patronales, puis avec les organisations de salariés dans un second temps.” Face à la pénurie de personnel, augmenter les salaires sera-t-il suffisant pour attirer et garder son personnel ? Les restaurateurs Éric Cartigny et Laurent Breuil font part de leur expérience. © GETTYIMAGES 6 L’Hôtellerie Restauration N° 3757 - 15 octobre 2021 L’ACTUALITÉ Lire aussi nos articles p. 16-17, p. 38 et p. 51

RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==