L'Hôtellerie Restauration No 3766

© DR © DR Bernard Champreux (Umih Franche-Comté) : “Je suis inquiet pour l’hôtellerie rurale” L’Hôtellerie Restauration : Au niveau régional, quel bilan faites-vous de l’année 2021 ? Bernard Champreux : Comme 2020, l’année 2021 est négative, surtout en hôtellerie où les taux d’occupation sont très bas. Sur l’ensemble de l’année, ils sont de 30 %. L’an dernier, nous n’avons pas eu de saison de ski puisque les stations étaient fermées jusqu’en mars. En 2020 et 2021, les établissements ont pu bénéficier de reports de charges patronales, mais aujourd’hui, l’Urssaf commence à prélever des sommes sur 2021. Les montants sont parfois colossaux. Les PGE qui ont été contractés servent actuellement à payer ces charges. Il y aura certainement des défaillances d’établissements mais nous ne pourrons pas faire de bilan avant la fin de l’année. Je suis inquiet pour l’hôtellerie rurale. Elle est composée de petits établissements familiaux qui vont avoir du mal à relever la tête. Ces hôteliers s’étaient constitué un patrimoine ces trente ou quarante dernières années et, arrivés à la retraite, ils auront des difficultés à trouver des repreneurs. Ils risquent de tout perdre. Comment s’est passée la saison estivale ? La saison a été bonne mais elle n’a pas suffi à combler le manque à gagner du reste de l’année. On a un peu sorti la tête de l’eau, pas davantage. Les mois de novembre et décembre auraient pu permettre d’avoir de bons chiffres d’affaires, mais la cinquième vague est arrivée. Nous avons tous vécu des fêtes [de fin d’année] difficiles, voire dramatiques. Les bilans ne vont pas être bons. Quelles sont vos prévisions pour l’année 2022 ? On espère avoir une bonne saison d’hiver et que nous pourrons travailler convenablement à partir des vacances de Pâques et jusqu’à la fin de l’année. Quelles sont les revendications des professionnels aujourd’hui ? Je pense surtout aux hôtels purs, qui ont été les grands oubliés de cette pandémie. Pour les indépendants, c’est très compliqué, alors que les chaînes hôtelières ont, elles, bénéficié d’aides de l’État. L’une de nos revendications portait sur le report du remboursement du PGE, qui a été obtenu. C’est une bonne nouvelle. L’État a fait à hauteur de ce qu’il pouvait faire. Roselyne Douillet Café Joyeux s’installe à Lyon L’enseigne Café Joyeux, qui forme et emploie des personnes atteintes de troubles mentaux et cognitifs, a ouvert un coffee-shop au cœur de la Presqu’île de Lyon. Ils sont ainsi huit jeunes équipiers en situation de handicap à travailler en salle, au comptoir ou en cuisine. En parallèle, ils vont poursuivre leur apprentissage du métier au sein du café pendant deux ans dans le cadre du centre de formation d’apprentis Joyeux (CFAJ), avec à la clé un diplôme reconnu par l’État. “Tous ont été embauchés en CDI avec un contrat de travail de 23 heures, et des tâches adaptées à leurs compétences. Et cela fonctionne, car ils sont hyper motivés et heureux de travailler” explique Antoinette Le Pomellec, responsable d’exploitation des Cafés Joyeux. Les jeunes salariés doivent ainsi assurer des tâches classiques comme l’accueil du client, la préparation des encas salés et sucrés (faits maison) mais aussi des boissons chaudes, le service en salle… Plusieurs formules (menu, happy hour, brunch…) sont proposées à tout moment de la journée. L’enseigne prévoit trois autres ouvertures d’ici cet été, à Tours, Versailles et Lille. GRAY Pour le président de l’Umih FrancheComté, également patron de l’hôtel-restaurant Le Mastroquet, de nombreux hôteliers indépendants vont se retrouver en difficulté ces prochains mois. Il espère toutefois une reprise d’activité dès les vacances d’hiver. Bernard Champreux, président de l’Umih FrancheComté : “On espère travailler convenablement à partir des vacances de Pâques.” Pour Isabelle Rouhan, la notion d’agilité est clé dans une carrière. Bâtir le futur des métiers de l’hôtellerie Selon une étude du cabinet McKinsey, 47 % des heures de travail en France seraient automatisables. Isabelle Rouhan, fondatrice du cabinet Colibri Talent et présidente de l’Observatoire des métiers du futur, rappelle que “l’automatisation ellemême créé des emplois et qu’elle libère du temps pour les salariés, pour des tâches à valeur ajoutée”. Si l’humain restera prépondérant dans l’hôtellerie, le secteur n’échappera pas à l’automatisation et à la digitalisation. “Certains métiers sont en évolution, comme la e-conciergerie sur smartphone, applicable aux questions récurrentes que l’on peut sous-traiter - connaître la météo, commander un taxi…”, souligne-t-elle. “Former en interne” “Effectivement le numérique prend plus de place dans hôtellerie, avec l’arrivée de community managers, de graphistes, de chefs de produit e-commerce… On doit par ailleurs se remettre en question sur les profils attendus et peut-être former des gens en interne, avec de vrais formateurs”, remarque Vanessa Muller, responsable recrutement et gestion des carrières au Ritz Paris. “L’obsolescence des compétences techniques est une particularité de notre époque : il faut se former en permanence”, relève Isabelle Rouhan. Pour elle, le métier de responsable de l’inclusion numérique va émerger, “pour former ceux qui sont en situation de fracture numérique au sein des sociétés”, tout comme celui de consultant en cybersécurité. Le métier de revenue manager évolue également, nécessitant de savoir interpréter différentes données. “Certains groupes proposent d’ailleurs des reconversions vers cette activité à des employés dont les postes sont en décélération, car ils ont l’avantage de connaître leur secteur”, ajoute-t-elle. Sur le plan du management, elle estime que le mentorat intergénérationnel devrait trouver sa place, tout comme le profil de neuromanager - où comment les neurosciences modifient le management ! Laetitia Bonnet Mundschau Lors de l’événement FuturumH&R, organisé fin janvier par l’école hôtelière Vatel Bordeaux, la question desmétiers de demain s’est imposée. La transition numérique est évidement au cœur des prochaines évolutions. 18 février 2022 - N° 3766 L’Hôtellerie Restauration © DR

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