L’activité hôtelière en France se porte mieux et les perspectives pour 2022 sont encourageantes, selon l’étude annuelle Les Tendances de l’hôtellerie, que le cabinet In Extenso vient de présenter. Toutefois, des disparités persistent selon les régions, 300 000 postes restent à pourvoir dans le secteur et la crise ukrainienne a déjà des conséquences sur certaines dépenses. “Le rebond a été rapide, dès 2021”, estimeBéatrice Guedj, chargée de la recherche et de l’innovation chez Swiss Life Asset Managers. Son intervention a donné le ton en introduisant, le 21 avril dernier, la présentation des Tendances de l’hôtellerie 2022, étude annuelle menée par le cabinet In Extenso, Tourisme, culture & hôtellerie (TCH). “2021 montre les premiers signes de reprise de l’activité hôtelière en France”, confirme Olivier Petit, associé chez In Extenso TCH. “Toutefois, le chiffre d’affaires reste inférieur de 37 % par rapport à 2019”, nuance-t-il. Mais l’expert se veut optimiste. Même si Paris souffre encore, avec des résultats en deçà de 2019, la situation s’améliore en régions et sur la Côte d’Azur, “où le RevPAR, de janvier à mars 2022, se rapproche des chiffres de 2019”. Durant cet hiver 2021-2022, les vacanciers ont donc repris le chemin des pistes enneigées, les séminaires et salons ont fait recette, le marché domestique a retrouvé une dynamique et la clientèle européenne est de retour. Olivier Petit a également noté un RevPAR supérieur à celui de mars 2019 à Marseille, Montpellier, Nantes et Rennes. La pertinence des marchés de niche Le revers de la médaille ? La forte pénurie de personnel, en dépit des perspectives de revalorisation des rémunérations de 5 à 6 % et des horaires de travail mieux aménagés. “À nous d’attirer les talents et de les former”, en vue de les fidéliser, a expliqué Pierre Siegel, nouveau président de Best Western France. Quant à l’attractivité côté clientèle, Matthieu Brivet, à la tête du groupe Steller Hotels, a parlé de proximité et de local : “Nous avons des hôtels connectés à leur environnement.” Une sensation d’immersion à une ville, ou à un quartier, à laquelle les voyageurs sont de plus en plus sensibles. Autres paramètres à prendre en considération, en ce début de printemps : “Nous avons moins de croissance, davantage d’inflation et le choc ukrainien a été brutal pour l’Europe”, a souligné Béatrice Guedj. Elle a notamment évoqué “une flambée des tarifs de l’énergie, des métaux et du blé”. Mais comment répercuter ces hausses sur des prix moyens de chambres qui se sont globalement maintenus durant la crise sanitaire, voire ont grimpé pour certains d’entre eux ? Les débats qui ont suivi la présentation du bilan annuel chiffré d’In Extenso ont mis en avant la pertinence des marchés de niche. Avec, en ligne de mire, les établissements positionnés à la fois design, lifestyle et expérientiels. À l’image des hôtels Mama Shelter, The Hoxton ou encore Jo&Joe, tous sous la bannière Ennismore, marque en joint-venture avec Accor depuis un an. Créée en 2011, Ennismore réunit actuellement une quinzaine d’enseignes, 140 hôtels dans une vingtaine de pays et 80 en pipeline. Invité par In Extenso, son fondateur, Sharan Pasricha, a cité en exemple la marque Mama Shelter. Et pour cause : elle est à la fois proche de ses clients “qui lui sont très attachés”, instagrammable du sol au plafond et emmenée par des équipes jeunes et souriantes, avec “plus de 70 % des réservations qui se font aujourd’hui en direct”. Crise sanitaire : l’hôtellerie française voit le bout du tunnel l’Est de la France, a revu au 1er janvier sa politique salariale globale. Les salaires de base ont été revalorisés de 2,2 à 3,5 %, notamment selon les compétences des collaborateurs (comme la maîtrise de l’anglais). “Nous valorisons également la fidélité avec une prime d’ancienneté brute annuelle sur cinq paliers. Par exemple, dix ans d’ancienneté correspondent à une prime de 3 % du salaire de base”, explique Christophe Thiriet, associé du groupe en charge du développement, et président de l’Umih de Moselle. À Rodez, Benjamin Bergès, patron de la brasserie le Coq de la place, a fait le choix de verser en fin d’année une prime dont le montant varie entre 500 et 1 000 € net par salarié, selon le grade et la durée de présence de celui-ci. Gérant de trois établissements, il totalise 37 employés. Il compense l’augmentation des coûts par des ventes additionnelles : “Nos collaborateurs sont formés sur les bières, les vins et autres alcools, et encouragés à mettre en avant des produits pour des accords mets-vins”, dit-il. À la brasserie, son restaurant le plus ancien, il a mis en place un intéressement calculé sur un pourcentage du bénéfice net après impôt. Les salariés ont le choix de récupérer l’argent ou de le déposer sur un plan épargne entreprise (PEE). Dans ses deux autres établissements, qui ne fonctionnent pas sur les mêmes amplitudes horaires ni avec le même débit, il a versé la prime Macron. Avec un seul restaurant, Rudy Carnis propose également un intéressement, qui représente environ 100-150 € de prime pour chacun (à temps plein). Quant au groupe Heintz (180 employés), son intéressement est basé sur la performance des hôtels : “Nous avons estimé un montant entre 700 et 1 200 € quasiment net, par an et par salarié, pour un temps plein”, indique Christophe Thiriet. Ne pas négliger les autres avantages Il met en avant d’autres avantages : mutuelle et prévoyance d’entreprise, prime de cooptation de 100 € brut par candidat coopté, financement partiel de l’assurance Continuelle (permettant de constituer un capital en cas de cancer), cartes cadeaux de 171 € lors d’une naissance ou d’un mariage… Depuis septembre 2021, Rudy Carnis a lui opté pour le comité d’entreprise externalisé WiiSmile. Non chargé, il alloue un montant tous les mois à chaque salarié. D’autres proposent une prime de transport ou une indemnisation des kilomètres parcourus pour venir travailler. Nathalie Baudoin, gérante de l’hôtel Le Glacier Logis à Orange (Vaucluse), a même déjà aidé à l’achat d’un moyen de transport, par une avance du salaire ou par un prêt. La clé serait-elle de donner pour recevoir ? © DR 3 29 avril 2022 - N° 3771 L’Hôtellerie Restauration LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE Poser une question, ajouter un commentaire Laetitia Bonnet Mundschau >www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR870355 Poser une question, ajouter un commentaire Anne Eveillard >www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR870880 Les enseignes à la fois design, lifestyle et expérientielles comme Mama Shelter (ici l’établissement de La Défense) tirent leur épingle du jeu.
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