Laurent Trochain, Numéro 3 au Tremblay-sur-Mauldre : “Le métier de patron s’apprend tous les jours. ” © LAURENT TROCHAIN © SNAPSHIFT > Quand avez-vous introduit la pointeuse dans votre établissement ? Le métier de patron s’apprend tous les jours. Le déclic, pour moi, a été mon premier prudhomme précédé d’un arrêt maladie. On me reprochait la pression que je faisais peser sur l’employé, mon contrôle. J’ai assumé la responsabilité de cet échec relationnel et je me suis remis en question. J’étais un nouvel étoilé trop autoritaire et trop catégorique. Boire un verre avec ses équipes, faire une sortie avec eux, ça ne suffit pas. Alors on a fait des essais pour mieux prendre en compte les besoins de nos salariés, et notamment la vie familiale, avec le principe d’appliquer aux salariés ce qui était aussi positif pour notre propre vie de famille. On a essayé plein de choses, une semaine de vacances toutes les cinq semaines, fermeture le mois d’août, fermeture les 24 et 25 décembre… Mais, apparemment, cela n’a pas suffit puisqu’un couple de salariés m’a laissé tomber du jour au lendemain, et que je me suis retrouvé seul en cuisine pendant un an. Deuxième déconvenue. Deuxième déclic. La remise en question a débouché sur la mise en service de la pointeuse. C’est pour cela que je parle de projet d’ensemble : horaires, organisation du travail, salaire et avantages divers, c’est un tout. Mettre en place un critère de satisfaction pour les salariés de manière isolée, sans projet d’ensemble, ce n’est pas satisfaisant. Ce projet d’ensemble, vous le mettez en place quand vous progressez dans votre métier de patron, en rebondissant sur vos échecs. Ce qui sous-tend le projet d’ensemble, c’est votre sincérité vis-à-vis de votre personnel. Et vos salariés vous le rendent bien. En salle et dans les assiettes, les clients s’en aperçoivent. Et vous, patron, vous êtes plus détendu et plus heureux. Un salarié m’a quitté, en l’occurrence pour se mettre à son compte, et il n’y a pas eu de déconvenue : il nous a prévenus en amont et nous avons pu organiser son départ sereinement. Une question, un commentaire sur cet article lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR871483 Avec l’appli Snapshift, la tablette se transforme en pointeuse. Lire aussi : Adopter la semaine de 4 jours, c’est possible ? p. 28 Il n’y a pas que les horaires... C’est un tout il est vrai... Le salaire aussi mais si on nous baissait les charges sincèrement nous, TPE, ferrions nettement plus pour notre personnel... Vincent Tanquerel Vos commentaires Les horaires, c’est aussi les clients qui les font... En voulant prolonger la soirée au restaurant, au bar ou au petit déjeuner... ils créent aussi ce souci... Aurélie NotCordier Vos commentaires Bien sûr qu’on a besoin de personnel avec des salaires attractifs mais le coût du travail ne peut plus être taxé en charges aussi fortement. Le salaire du salarié à la hausse oui mais l’équivalence en charges. Faut arrêter nous sommes un métier manuel ou l’on ne peut pas délocaliser... Alors stop aux charges et oui à une embauche. Richard Sandrine Plume Vos commentaires Olivier Milinaire Laurent Trochain : Ce qui compte pour garder son personnel - et j’utilise cette expression sciemment car la difficulté ne date pas d’hier – c’est de proposer un projet d’ensemble à votre salarié. Qu’il se rende compte de votre sincérité. Aller à l’opposé de la communication sur tel ou tel critère - deux jours de repos consécutifs par exemple - tout en demandant, par ailleurs, des horaires à rallonge. Ce projet, il faut en parler à votre futur salarié dès l’entretien d’embauche : “Quel est votre choix de vie ?” On peut très bien être passionné et choisir les 35 heures ! On peut très bien avoir des préférences pour les services du midi ou du soir. Prendre en compte ses besoins, écouter et se mettre d’accord dès le début donnent un visage humain à la direction et le contrat a alors plus de chances de bien se dérouler. Et par rapport aux critères de l’enquête, pour moi, il y a quatre cases à cocher pour entretenir une bonne relation avec son salarié : 1. Les horaires. 2. L’organisation du travail. 3. Le salaire. 4. Les avantages divers (pourboire, participation au transport…). > Que vous inspirent les résultats de l’enquête menée par L’Hôtellerie Restauration en octobre 2021 ? © GETTYIMAGES La pointeuse a des effets positifs insoupçonnés sur l’organisation du travail. Bien sûr. Une heure travaillée égale une heure payée. Avant de parler de taux horaire, parlons déjà de payer les heures travaillées. 90 % des problèmes de personnel viennent des horaires. Et pour cela, il faut une pointeuse, pour quatre raisons : - les salariés surestiment le nombre d’heures qu’ils effectuent. Comme on entend dire que toutes les heures ne sont pas payées, ils s’approprient cette croyance ; - cela apporte de la sérénité à l’employeur ; - cela limite les déviances pendant les heures travaillées ; - enfin, cela permet de mieux organiser le travail dans le restaurant, de trouver une bonne adéquation entre les besoins de l’entreprise et ceux du personnel. Chez nous, par exemple, la réorganisation du travail a débouché sur deux jours de fermeture - le lundi et le mardi -, un service du soir les mercredis, jeudis, vendredis, midi et soir, le samedi, et midi seulement, le dimanche. Les services fermés - car générateurs de peu de couverts et pénibles pour tout le monde - ont été plus ou moins compensés par un nombre de couverts plus important grâce à l’agrandissement de la salle, qui compte cinq tables en plus. Bien sûr, la pointeuse ne résout pas tous les maux, mais elle fait une sacrée différence. > Les horaires avant le salaire ? 3 8 juillet 2022 - N° 3776 L’Hôtellerie Restauration
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