L'Hôtellerie Restauration No 3780

28 L’Hôtellerie Restauration N° 3780 - 2 septembre 2022 Recrutement : la revanche des seniors ? Face à une pénurie de candidats, les employeurs font les yeux doux aux plus de 50 ans. Aujourd’hui, les seniors ont l’occasion de révéler leurs atouts : sérieux, disponibilité, savoir être et fidélité. Longtemps, les jeunes ont été les chouchous des recruteurs. Mais ‘la grande démission’ à laquelle est confrontée l’hôtellerie-restauration rebat les cartes et signe le retour en grâce des seniors. “Il y a peu encore, les employeurs nourrissaient des préjugés à leur égard : le manque de flexibilité, l’inadaptation aux nouvelles technologies, une santé potentiellement plus fragile, leur coût… Mais depuis la fin du troisième confinement, de nombreux secteurs confrontés à des difficultés de recrutement se tournent vers les seniors. Nous avons même placé des cuisiniers de près de 70 ans”, confirme Jean-Emmanuel Roux, dirigeant-fondateur de TeePy Job, plateforme de recrutement et d’emploi des 50 ans et plus. À Nice, Frédéric Ghintran, gérant de deux établissements (la brasserie Felix Faure et le restaurant Oscar), a ainsi recruté trois seniors - l’un en cuisine, l’autre en salle et le troisième au poste d’économe. “On a eu beau revaloriser les salaires, installer des pointeuses, instaurer deux jours de congé par semaine... Rien n’y fait. Les recrutements sont compliqués. Je pense que la restauration continue d’avoir mauvaise presse, à cause des pratiques du passé”, raconte-t-il. Le restaurateur poste alors un message sur les réseaux sociaux. “Nous avons reçu de nombreux appels pour ces CDD saisonniers à temps partiel, mais beaucoup de candidats n’avaient pas les qualités requises, et on n’a pas le temps de les former. On a choisi ceux qui sont du métier et qui sont directement opérationnels. Les seniors connaissent les codes de l’entreprise, ils respectent les horaires, ils sont propres et polis… Des codes que, malheureusement, on a de plus en plus de mal à faire appliquer. Leur rythme est moins élevé qu’une personne plus jeune, mais c’est compensé par l’expérience”, précise-t-il. L’atout du savoir être De son côté, Muriel Lacroix-Pringarbe, directrice générale du groupe Rose de la Morinière, recense une quinzaine de seniors dans ses équipes (soit le tiers des effectifs). “À Cholet, c’est quasiment le plein emploi. Le seul vivier, ce sont les plus de cinquante ans”, constate-t-elle, ce qui l’a poussée à organiser, en partenariat avec le Medef local et la mairie, un job dating spécial senior en juin dernier. “Nous avons cinq établissements : l’hôtel Château de La Morinière, la Brasserie du théâtre à Chemillé, Maison gourmande en centre-ville de Cholet, La Pergola dans le parc de Moine et le Restaurant du golf à Cholet. Pour ce type d’adresses, les recrutements de seniors s’avèrent réussis, en harmonie avec la clientèle. Les seniors sont des personnes rassurantes, pour les clients et pour Par téléphone : 01 45 48 45 00 Par e-mail : abo@lhotellerie-restauration.fr Votre e-mail pour l’abonnement digital : (vos coordonnées ne sont utilisées que par L’Hôtellerie Restauration) Téléphone : (Facultatif mais utile en cas de problème d’adresse) Adresse : Code postal & localité : Enseigne : Nom et Prénom : Mes coordonnées : Par web ou mobile lhotellerie-restauration.fr N° Date de validité : 3 derniers chiffres au dos de la carte : (à l’ordre de L’Hôtellerie Restauration) Chèque joint Signature : RIB joint Carte bancaire pour 3 mois 10 € pour 1 an 40 € 2. Je m’abonne 1. Je choisis la formule d’abonnement 3. Mon mode de paiement Par courrier L’Hôtellerie Restauration 5 rue Antoine Bourdelle 75737 Paris Cedex 15 Sans engagement : 3,33 €/mois interruption sur simple demande De l ’info, des métiers, des passions les employeurs. Ils ne rechignent pas devant certains horaires, ils ont l’intelligence des situations. Ils incarnent des valeurs que l’on recherche et qui sont précieuses. Un savoirêtre qu’ils peuvent transmettre aux jeunes de l’équipe. On est surpris par leur sur-motivation, si bien que nous avons embauché certaines personnes en reconversion, sans expérience de nos métiers, mais qui avaient un très bon savoir être. Le savoir-faire est plus simple à enseigner que le savoir être”, constate l’employeuse. Des rythmes adaptés Les seniors, généralement plus stables que les jeunes générations friandes de nouvelles expériences, réduisent le taux de turn-over des entreprises. Ils sont prêts à y finir leur EMPLOI Muriel Lacroix-Pringarbe apprécie le savoir-être des seniors. © DR © DR Les seniors connaissent les codes de l’entreprise, ils respectent les horaires, ils sont propres et polis… Des codes que, malheureusement, on a de plus en plus de mal à faire appliquer.” Frédéric Ghintran carrière. En revanche, leur rythme de travail doit souvent subir des adaptations. “Le quinquagénaire recherchera idéalement un temps plein. Le retraité actif préfèrera un temps partiel, pour un cumul emploi-retraite. Certains postes pourront alors être divisés en deux ou trois, afin de créer des contrats aux horaires allégés”, note Jean-Emmanuel Roux. Pour ce dernier, le seul frein actuel n’est donc plus du côté des employeurs, mais plutôt “chez les seniors qui, parfois, n’osent plus postuler en raison de leur âge”. Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR271724 © GETTYIMAGES Les seniors, généralement plus stables que les jeunes générations friandes de nouvelles expériences, réduisent le taux de turn-over des entreprises. Jean-Emmanuel Roux : “Nous avons même placé des cuisiniers de près de 70 ans.” Violaine Brissart

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