L'Hôtellerie Restauration No 3786

10 L’Hôtellerie Restauration N° 3786 - 25 novembre 2022 L’urgence climatique au cœur de la convention annuelle des Collectionneurs Krystel Blondeau (Louvre Hotels Group) : “L’activité affaires demeure une interrogation pour 2023” PARISXavier Alberti a ouvert la réunion annuelle du réseau d’hôteliers-restaurateurs en rappelant la volonté du groupe d’agir immédiatement pour lutter contre les défis écologiques, avec comme priorité la réduction des émissions de CO2. La directrice générale France du groupe hôtelier se félicite des bons prix moyens qui ont permis de tirer l’activité vers le haut tout au long de l’année. Malgré quelques motifs d’inquiétude pour 2023, le groupe prévoit une quarantaine d’ouvertures en France, notamment sous enseigne Kyriad Direct “Nous avons la volonté d’agir pour répondre à deux défis qui nous paraissent historiques : le défi climatique et le défi social”, a déclaré Xavier Alberti, président du groupe Majorian, en introduction de la convention annuelle des Collectionneurs, le 7 novembre dans le cadre du salon Equiphotel, à Paris. Le groupe a décidé de mettre l’humain et le vivant au cœur de sa politique économique et d’écrire cette volonté dans ses statuts. Pour accélérer ces changements, le réseau des Collectionneurs donne la priorité à quatre axes. Il s’agit d’abord d’aider les adhérents à bien acheter pour préserver leur compétitivité tout en étant écologiquement plus vertueux, à recruter et à fidéliser leurs collaborateurs grâce à une politique sociale optimisée, à réduire l’empreinte carbone des établissements grâce à la création du calculateur Clorofil, et enfin à apprendre à communiquer sur les engagements pris par le réseau et la façon dont ils sont tenus. S’engager immédiatement Xavier Alberti a insisté : pour que ces changements interviennent, il est indispensable que les professionnels aient envie d’agir. Et de rappeler les trois grandes raisons qui doivent les inciter à changer de modèle. En premier lieu, parce que les hôtels et restaurants existent grâce aux ressources humaines et au cadre de vie. “Vous êtes fondés sur la nécessité de rendre pérennes vos environnements et les savoir-faire de vos équipes. Sans patrimoine, sans terroir, sans produits, nous n’avons plus de raison d’être”, a martelé le PDG. Ensuite, parce que face aux enjeux sociaux et environnementaux, l’action doit être immédiate : “[Ceux-ci] ressemblent à un tsunami : on les voit arriver de très loin, sans bouger, mais quand la catastrophe est là, il est déjà trop tard.” Enfin, la dernière raison pour agir est liée à l’empreinte que les professionnels laissent par leur travail, une idée forte empruntée à Alain Ducasse, fondateur et président des Collectionneurs, pour qui la trace que l’on laisse dans sa façon de travailler est fondamentale. “Nous laissons tous une empreinte, celle de la façon dont on traite le vivant dans nos vies, dans nos métiers, des responsabilités que l’on a prises ou non.” Plusieurs tables rondes, auxquelles ont participé notamment Alain Ducasse, Nadia Sammut, chef étoilée très engagée sur les sujets environnementaux et sociaux, ou encore Emmanuel Petit, fondateur d’Eklo Hôtel, ont prolongé la vision proposée par Xavier Alberti. Les participants ont expliqué comment “décarbonner le tourisme”, souligné la responsabilité du chef dans la mise en place d’une restauration durable et ont présenté les mesures prises pour valoriser les ressources humaines dans le réseau. “La contrainte du peu nous entraîne à faire mieux, mais on ne peut rien faire seul”, a rappelé Alain Ducasse. Et Nadia Sammut d’insister : “On n’est jamais assez à essayer de faire du bien.” Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR272654 Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR872571 HÔTELLERIE © DR © OBLIQUE Roselyne Douillet Roselyne Douillet Sans patrimoine, sans terroir, sans produits, nous n’avons plus de raison d’être.” Xavier Albert, président du groupe Majorian Krystel Blondeau : “D’ici à la fin de l’année, le revenu par chambre devrait globalement égaler voire dépasser celui de 2019.” L’Hôtellerie Restauration : Pouvez-vous déjà faire un bilan de l’année 2022 ? Krystel Blondeau : Après un premier trimestre compliqué suite à la vague Omicron, l’activité a fortement repris avec une croissance à deux chiffres par rapport à 2019, menée par l’augmentation des prix. Nous observons également la reprise des réservations le week-end concernant la clientèle individuelle, avec des changements de comportement, de type staycation et bleisure, et ce, sur toutes les catégories. Depuis le mois de septembre, la reprise se fait aussi sur le segment corporate, d’abord à Paris puis en province. En Île-de-France, les taux d’occupation sont un peu en recul. L’activité d’affaires est très dépendante de la politique des entreprises en matière de frais de déplacement, en raison de l’augmentation des coûts de l’essence et des charges. Elle demeure donc une interrogation pour 2023. Toutefois, d’ici à la fin de l’année, le revenu par chambre devrait globalement égaler voire dépasser celui de 2019. Qelles sont vos prévisions pour 2023 ? Il y a quelques points d’inquiétude concernant l’inflation, qui pourra avoir des effets sur la mobilité de nos clients d’affaires si les entreprises décident de mener des restrictions de dépenses. Au-delà du niveau de l’inflation, les prix augmenteront, certes, mais ils sont la résultante d’une demande. Les prix ne pourront pas indéfiniment s’envoler, donc nous devrons prendre de l’avance au premier trimestre 2023, notamment sur le segment d’affaires. Vous avez lancé de nombreuses innovations technologiques. Avez-vous obtenu les résultats escomptés ? Nous avions revu toutes nos plateformes technologiques, en commençant par nos sites internet pour faciliter la réservation et augmenter le taux de conversion. Au mois d’août, le revenu enregistré sur le site était supérieur de 85 % par rapport à 2019, et de plus de 40 % à fin septembre. En ce qui concerne le concept Smart Campanile à Lyon, qui met en avant une vingtaine de technologies différentes, les retours sont très bons. Cette offre aiguise la curiosité des clients et déclenche les réservations pour 65 % d’entre eux. Avez-vous mis des mesures particulières en place en matière de recrutement ? Nous souhaitons accompagner le collaborateur de son recrutement à son intégration, sans oublier la promotion interne pour rappeler que notre profession est véritablement un ascenseur social. Nous avons besoin de retrouver de l’attractivité dans nos métiers et de mieux communiquer. Nous accompagnons nos directeurs d’hôtels sur ce sujet et menons des actions pour développer notre marque employeur ainsi que le bien-être au travail. Quels sont vos projets pour l’année prochaine ? En France, nous prévoyons une quarantaine d’ouvertures, avec une plus forte dynamique sur Kyriad Direct puisque c’est la dernière marque que nous avons lancée sur le segment 2 étoiles. Nous avons ouvert en août un Campanile à Saint-Brieuc, avec un tout nouveau concept de chambres pensées comme un studio confortable et premium. À l’international, nous connaissons une forte dynamique en Chine, où nous avons signé notre 500e hôtel sous nos marques, et en Inde.

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