30 L’Hôtellerie Restauration N° 3786 - 25 novembre 2022 Le logement clé du recrutement en zone isolée Le calme du bout du monde séduit les visiteurs mais peut compliquer la recherche du personnel. Impossible d’embaucher sans régler la question du logement, devenu une exigence de la part des candidats. “La saison prochaine, je vais passer à trois jours de congés consécutifs pour attirer les gens du coin et être plus attractif qu’Intermarché”, s’emporte Xavier Castillan, qui dirige le restaurant la Table du campagnard à Treffort (Isère). Le Maître restaurateur dispose pourtant d’un avantage sur ses confrères des alentours pour recruter : son camping. “Cet été, nous avons encore logé nos collaborateurs dans des mobil-homes prévus pour la clientèle avec la perte que cela induit. Cette situation pose aussi un problème de tranquillité, car nos saisonniers ne se couchent pas tôt. Le fait d’être logé sur son lieu de travail rend poreuse la frontière entre le temps d’activité et de repos”, regrette le restaurateur, qui dispose pourtant d’un terrain où il pourrait loger ses équipes, mais la mairie tarde à donner les autorisations. “Ici, sans logement, pas de recrutement ! Mais ce n’est pas tout. Sur dix jeunes, un seul avait une voiture. Il a donc fallu les véhiculer et même, parfois, les transporter”, ajoute Xavier Castillan. Les bailleurs préfèrent Airbnb aux saisonniers “Le problème du recrutement en zone isolée, en particulier sur le littoral, est en partie lié au foncier. Sur l’île d’Yeu, en Vendée, la Covid a tendu le marché immobilier. La moitié des logements sont désormais des résidences secondaires, habitées une partie de l’année ou destinées à de la location saisonnière avec des loyers à la semaine qui excèdent le coût d’un logement au mois. Dans ce contexte, il est difficile de loger nos équipes qui, par ailleurs, ont des exigences de confort. Nous recherchons désormais nos collaborateurs dans les alentours, voire des personnes qui ont de la famille sur l’île en capacité de les loger, Par téléphone : 01 45 48 45 00 Par e-mail : abo@lhotellerie-restauration.fr Votre e-mail pour l’abonnement digital : (vos coordonnées ne sont utilisées que par L’Hôtellerie Restauration) Téléphone : (Facultatif mais utile en cas de problème d’adresse) Adresse : Code postal & localité : Enseigne : Nom et Prénom : Mes coordonnées : Par web ou mobile lhotellerie-restauration.fr N° Date de validité : 3 derniers chiffres au dos de la carte : (à l’ordre de L’Hôtellerie Restauration) Chèque joint Signature : RIB joint Carte bancaire pour 3 mois 10 € pour 1 an 40 € 2. Je m’abonne 1. Je choisis la formule d’abonnement 3. Mon mode de paiement Par courrier L’Hôtellerie Restauration 5 rue Antoine Bourdelle 75737 Paris Cedex 15 Sans engagement : 3,33 €/mois interruption sur simple demande De l ’info, des métiers, des passions explique Agathe Facq, directrice générale de l’hôtel Les Hautes Mers (Les Domaines de Fontenille). Elle salue toutefois l’initiative salvatrice de la municipalité : “Une colonie de vacances a été transformée en résidence pour saisonniers avec des studios à 210 € par mois ! Nous avons pu y avoir deux logements, ce qui a constitué une vraie solution pour recruter. Vingt-deux studios sont attribués en priorité par la commune aux personnels des entreprises qui ouvrent à l’année. Nos employés partageaient les lieux dans une joyeuse mixité avec, entre autres, une infirmière ou des loueurs de vélos.” Rémi Ohayon, président d’Api & You, expert des CHR, vante d’ailleurs la conversion de bâtiments, type Ehpad, en logements pour le personnel, au frais de collectivités ou de groupements d’employeurs de différents secteurs d’activité : “Nos professionnels ne se connaissent qu’entre eux, du fait de leurs horaires décalés. Ils n’ont pas assez l’opportunité de rencontrer des personnes d’autres univers pour leur enrichissement personnel.” EMPLOI Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR072088 Quand l’isolement s’ajoute à la pénurie de personnel, le recrutement devient une véritable croisade. François Pont Le recrutement local du Clos perché Faire venir du personnel au Clos perché, à Montarcher, 66 habitants, plus haut village de la Loire, situé à 45 km de Saint-Étienne, est une véritable gageure rendue possible par l’attractivité de la cuisine du chef Julien Magne. “Certes le chef attire les vocations, mais nous avons une maison à 500 mètres du restaurant où nous logeons nos équipes et en particulier les stagiaires. Sans cela, nous ne pourrions pas les retenir. Nous travaillons aussi avec beaucoup d’extras des alentours. Ils ne sont pas toujours des professionnels mais contribuent à l’identité du lieu puisqu’ils sont originaires du coin”, souligne Sylviane Fourest, la patronne du Clos perché. Olivier Bellin, chef doublement étoilé de l’Auberge des Glazicks à Plomodiern (Finistère), a déboursé en moyenne 15 000 € pour acquérir et aménager, parfois avec un jardin privatif, chacun des 13 logements indépendants et coquets destinés à accueillir une partie de ses 21 salariés l’été. “Le salaire n’est pas déterminant dans nos villages isolés car la vie est moins chère qu’en ville. Nos collaborateurs veulent profiter de la vie. Outre le logement, qui peut faire balancer favorablement un recrutement, je passerai en 2023 à 3 jours de congés par semaine même pendant la saison d’été. Sans cela, les jeunes ne viennent plus, même dans un restaurant doublement étoilé”, note le Breton, qui recrute de plus en plus de couples sans enfants, une vraie tendance chez les moins de trente ans. “Ils prennent certes un seul logement, mais quand ils partent, on perd deux collaborateurs d’un coup.” À l’Auberge des Glazicks, le devoir de loger les salariés recrutement local Clos perché © DR
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