L'Hôtellerie Restauration No 3797

10 L’Hôtellerie Restauration N° 3797 - 28 avril 2023 Avec des séjours longs qui se renouvèlent d’une année sur l’autre, l’hôtellerie thermale a de quoi faire rêver. Pour autant, la crise du Covid et le changement générationnel de la clientèle obligent les acteurs du secteur à se réinventer. HÔTELLERIE Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR074254 L’hôtellerie thermale, modèle économique en mutation Pour être prise en charge par la Sécurité sociale, une cure thermale doit se dérouler dans un centre conventionné pour une durée de traitement de 18 jours. “Avec des séjours de 21 jours [en moyenne] et des réservations une année à l’avance, ce qui favorise, de manière inespérée la prévision et la planification, l’hôtellerie thermale a de beaux atouts”, convient Eléonore Guérard, qui préside la Chaîne thermale du soleil, fondée en 1947 par son grand-père maternel. La dirigeante du premier acteur du secteur, présent dans une vingtaine de villes thermales, veille sur un portefeuille de quarante structures d’hébergement réparties entre résidences, hôtels et même deux Relais & Châteaux. “Avec la perte d’autonomie des boomers les plus âgés et l’arrivée progressive de la génération X, le produit hôtelier dans des formats tout compris s’effondre. Il devient en plus très coûteux d’opérer des hôtels avec de la restauration. C’est donc le triomphe des résidences avec un désir plus fort d’autonomie de la part des nouveaux curistes. Ce constat explique aussi notre arrivée dans l’hôtellerie de plein air et l’exploitation de trois campings”, précise la fille du chef étoilé Michel Guérard. Des séjours longs et quelques contraintes L’Observatoire de l’économie des stations thermales a chiffré de la dépense moyenne en frais d’hébergement durant les trois semaines d’une cure à 442 €. Pour autant, des projets ambitieux et récents démontrent l’attractivité hôtelière du secteur, à l’image de l’ouverture, en 2022, de la Villa Castellane Hôtel & Spa, un 4 étoiles logé dans un ancien relais de chasse face aux thermes de Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), troisième station thermale de France. “Nous proposons des séjours de trois semaines pour les curistes à partir de 3 400 € avec la même qualité de service réservée à nos autres visiteurs, que ce soit en tourisme de loisir ou d’affaires”, explique Pauline Baret, assistante de direction de l’établissement, qui démontre l’intérêt additionnel pour l’hôtellerie thermale de s’ouvrir à d’autres publics que les uniques curistes. “Nous misons beaucoup sur les mini-cures et les séjours santé non-conventionnés”, revendique de son côté Sylvain Serafini, qui préside France Thermes, le deuxième acteur du secteur, qui exploite plus d’un millier de chambres dans dix établissements dont un hôtel 5 étoiles à Vichy (Allier). Le modèle du numéro deux repose sur la proximité immédiate des sites d’hébergement avec les lieux de soins. “S’il y a des avantages spécifiques à l’hôtellerie thermale, nous avons aussi des contraintes comme la mise en place de navettes entre les lieux de résidence et les thermes, lorsqu’ils sont éloignés, ce qui est hautement déficitaire”, reconnaît Eléonore Guérard. Hugo Goncalves Da Costa, hôtelier seul pour gérer 20 chambres François Pont Un secteur fragilisé par la crise du Covid • 437 259 curistes ont séjourné en moyenne 18 jours dans les stations thermales françaises en 2022 contre 580 000 curistes en 2019. Une baisse de 24,56 % que le Conseil national des établissements thermaux (CNETh) explique par l’impact de la crise sanitaire. • 90 stations thermales sont en activité sur le territoire français. • 770 sources en France, soit 20 % du capital thermal européen. • 11 500 emplois directs non délocalisables. SOURCE : CNETh PERNES-LES-FONTAINES Le jeune homme de 28 ans fait le pari d’être seul à la barre de son établissement, ouvert le 7 avril dernier dans le Vaucluse. Le 7 avril, Hugo Goncalves da Costa a ouvert son hôtel, La Perna à Pernes-lesFontaines (Vaucluse). Une première acquisition pour ce jeune homme de 28 ans qui souhaitait lancer un concept “d’hôtel urbain en Provence”. À La Perna, les clients ne réservent pas une chambre, mais une décoration parmi quatre univers proposés : Saint-Tropez, aux teintes terracotta, Toits de Paris, aux couleurs bleu-nuit, Sépia, dans des tons safran, et Jungle, plutôt kaki, avec des papiers peints spécifiques pour chaque ambiance “J’aime beaucoup la décoration et je me suis dit que les clients en Provence devaient être lassés des cigales et de la lavande. J’ai choisi de proposer un hôtel plus moderne pour me démarquer”, explique-t-il. Pour optimiser au mieux la superficie de l’hôtel, la salle des petits déjeuners est transformable en espace de coworking, et l’espace bar peut également servir de salle de réunion. Et Hugo Goncalves Da Costa ne s’arrête pas là, puisqu’il optimise également la masse salariale, étant pour l’instant seul à travailler dans l’hôtel. Il a choisi d’externaliser l’entretien des chambres pour maîtriser ses coûts au plus juste. “Le pari d’ouvrir un hôtel est déjà osé, car c’est un métier que les banques n’aiment pas trop en ce moment. Mais je crois à ce projet donc je me donne à 100 %, même si bien sûr travailler seul est un peu fatigant.” Toutefois, dans un mois, une salariée - sa mère - devrait rejoindre l’établissement pour gérer la réception le soir. Des projets de développement Malgré son jeune âge, l’hôtelier connaît déjà bien le secteur puisqu’il a ouvert l’hôtel du Parc à Fontaine-de-Vaucluse, il y a dix ans, après un BTS gestion mercatique hôtellerie à l’Utec de Marne-la-Vallée et à la CCI d’Avignon. Il reprend ses études en 2015 pour se former à l’e-commerce, puis rejoint le groupe de restauration SRP, une expérience qui lui permet aujourd’hui “d’avoir toutes les cartes en main pour gérer une entreprise”. Une semaine après l’ouverture, l’hôtel dépassait de 10 % son prévisionnel d’occupation, se réjouit Hugo Goncalves. De quoi imaginer de futurs développements, avec la création de dix chambres supplémentaires, d’ici un ou deux ans, au dernier étage, encore non exploité. Mais également la création d’autres hôtels similaires - de type motel : “Une configuration ouverte qui plaît beaucoup aux clients car elle est très conviviale” - dans les environs, notamment vers Saint-Rémy-deProvence. Roselyne Douillet L’ouverture de la Villa Castellane Hôtel & Spa en 2022 à Gréoux-lesBains démontre l’appétence des hôteliers pour le thermalisme. Hugo Goncalves Da Costa dirige seul l’hôtel La Perna. Une question, un commentaire sur cet article? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR174265 L’hôtel La Perna, à Pernes-les-Fontaines, a une configuration de type motel. © DR © DR

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