L'Hôtellerie Restauration No 3802

EN BREF 3 7 juillet 2023 - N° 3802 L’Hôtellerie Restauration L’Hôtellerie restauration : L’année dernière, vous aviez évoqué la mise en place d’un plan d’action en faveur des saisonniers pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des CHR ? Que prévoit ce plan et où en est-il ? Olivia Grégoire : 200 000 personnes manquantes dans les CHR, ce n’est pas arrivé du jour au lendemain ! On y répond donc par des réformes structurelles comme le plan Castex sur les tensions de recrutement qui, en 2021, a permis de faire baisser de 280 000 le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée et de 146 000 ceux de très longue durée. Je peux aussi citer la réforme de l’assurance chômage, pour laquelle nous envisageons un retour vers l’emploi de 100 000 à 150 000 demandeurs d’emploi. On y répond également par des mesures de court terme : les réformes liées à l’apprentissage qui ont permis en 2022 d’atteindre 837 000 contrats d’apprentissage ou encore la fixation à 6 000 € de la prime à l’embauche d’un apprenti mineur. À côté de ces mesures, nous venons d’annoncer avec Olivier Dussopt [ministre du Travail, NDLR] un plan pour stimuler l’emploi saisonnier. Ce plan, co-construit avec les acteurs du tourisme et qui s’étendra sur plusieurs années, se focalise sur trois axes. • D’abord, on fait venir les saisonniers en les accueillant, orientant et accompagnant par la communication numérique - webinaires d’information - et physiques - guichets d’information, multiplication des événements autour des métiers et la formation au tourisme, notamment durant la semaine des métiers du tourisme, etc. • Ensuite, on fait rester les saisonniers en formant mieux - formations plus courtes et plus personnalisées - et proposant des recrutements facilités et adaptés, passerelles pour le recrutement en intersaison. • Enfin, on loge les saisonniers. Le logement est un problème bien connu : quel intérêt de prendre un travail si tout le salaire doit passer dans un loyer ? Pour faire face à cela, nous allons ouvrir, dès cette période estivale, des capacités dans les campings, les internats et chez les particuliers. Tout cela doit être couplé par une action des organismes professionnels, lesquels doivent porter la réflexion sur l’amélioration des conditions de travail dans ces métiers, car aujourd’hui, nous l’avons compris, les jeunes générations ne s’attachent plus uniquement à une valorisation des salaires mais aussi au sens de leur travail. Pour pallier les difficultés de recrutement, les professionnels de l’hôtellerie-restauration demandent que leur secteur soit reconnu comme métiers en tension afin de pouvoir recourir aux salariés étrangers. Des dispositions sont-elles prévues en ce sens ? Il ne vous a pas échappé que si cette loi n’a pas encore été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale, c’est que les travaux continuent, notamment par mes collègues Gérald Darmanin [ministre de l’Intérieur] et Olivier Dussopt. Ce que je peux d’ores et déjà vous dire, c’est que les problématiques rencontrées par le secteur CHR sont bien identifiées et ont fait l’objet de plusieurs discussions entre nos trois ministères qui vont se poursuivre dans les prochaines semaines. Vous avez annoncé le lancement d’un programme de reconquête du commerce rural avec une enveloppe de 12 M€ afin de permettre l’installation de commerces dans les communes rurales. Ce programme a-t-il rencontré son public ? Il dépasse nos attentes ! Nous avons plus de 350 projets d’ores et déjà déposés, alors que nous avons ouvert les candidatures il y a trois mois ! Avec la Première ministre, nous avons annoncé le 15 juin les 76 premiers projets sélectionnés, pour un montant global de 2,4 M€, qui bénéficieront à près de 50 000 Français, sans compter l’impact de ces futurs commerces sur les communes à proximité ni en comptant l’impact des projets de commerce itinérant. Je souligne qu’il s’agit d’indépendants qui souhaitent entreprendre, mais aussi des communes. Les projets sont de grande qualité, avec beaucoup de commerces multiservices. C’est une immense satisfaction, tant ce programme me tient à cœur. Les taux de commission des titres-restaurant se situent entre 4 et 6 % selon les opérateurs. Les professionnels s’en plaignent et demandent un encadrement des taux, comme pour les cartes bancaires. Que leur répondez-vous ? Ce sujet m’a été signalé et j’ai demandé à mon cabinet d’étudier toutes les pistes pour le traiter dans le cadre d’une réforme plus globale des titres-restaurant. Des consultations sont en cours, sur le niveau de ces commissions, mais également sur la dématérialisation des titres-restaurant, en passant par la gouvernance de la Commission nationale des titres-restaurant. Il faut une approche claire, lisible et cohérente de ce sujet : c’est l’objet de ces consultations, qui feront l’objet d’une restitution et de prises de décision à la rentrée. Recrutement, logement des saisonniers, commerces ruraux, titres-restaurant… La ministre déléguée au Tourisme a abordé avec nous plusieurs sujets d’inquiétude des acteurs du secteur. Une question, un commentaire sur cet article ? www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR574754 Olivia Grégoire : “Les jeunes générations s’attachent au sens de leur travail” Olivia Grégoire : “Des consultations sont en cours sur le niveau des commissions, mais également sur la dématérialisation des titresrestaurant, en passant par la gouvernance de la Commission nationale des titres-restaurant.” Déjà présent à Paris et à Tokyo, le café Les Deux Magots s’est récemment établi en Arabie saoudite et ouvrira prochainement un établissement au Brésil. La Confédération des acteurs du tourisme a remis à la ministre Olivia Grégoire 20 propositions pour renforcer le secteur et lui permettre de rester compétitif et moderne face aux pays concurrents. Lagardère Travel Retail France signe un partenariat avec Thierry Marx autour d’une gamme de sandwichs ‘Jambonbeurre de saison’ qui seront en vente dans 150 magasins Relais H du réseau hospitalier de France. Le groupe Accor a l’ambition de dégager un excédent brut d’exploitation compris “entre 920 et 960 M€” en 2023 et prévoit de reverser quelque 3 milliards d’euros à ses actionnaires. Romain Girard, vice-président et CFO McDonald’s France, a été réelu président du Syndicat national de l’alimentation et la restauration rapide (Snarr). © ALEXANDRA LEBON Pascale Carbillet Le logement est un problème bien connu : quel intérêt de prendre un travail si tout le salaire doit passer dans un loyer ?”

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