L'Hôtellerie Restauration No 3802

4 L’Hôtellerie Restauration N° 3802 - 7 juillet 2023 Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée au Tourisme, Olivia Grégoire, ont réuni le 1er juillet les représentants des commerçants, des restaurateurs et des hôteliers, des assureurs ainsi que des banques françaises pour faire un point sur les conséquences des émeutes sur les secteurs représentés. “Au total, ce sont une dizaine de centres commerciaux qui ont été attaqués et pillés, et plus de 200 enseignes de la grande distribution. 250 débits de tabac ont été attaqués et certains brûlés, 250 agences bancaires, beaucoup de commerces de mode, de vêtements de sport, des enseignes de la restauration rapide. Nous voulons redire, avec la plus grande fermeté, que ces actes sont inexcusables, inqualifiables, intolérables”, a déclaré Bruno Le Maire. Les ministres ont annoncé une série de réponses, qu’ils qualifient de “rapides et fortes”. Les assurances L’ensemble des acteurs touchés par des actes de vandalisme doivent, au plus vite, se manifester auprès de leur assurance et faire jouer leur assurance sinistre, dégradation ou perte d’exploitation pour ceux qui sont couverts, avec la possibilité de délais supplémentaires pour le faire. Le Gouvernement a demandé aux assureurs de faire preuve de la plus grande simplicité dans le traitement des procédures et de la plus grande rapidité dans la réponse en termes d’indemnisation. Les assureurs se sont engagés à réduire au maximum le montant des franchises sur les indemnisations. En ce qui concerne les banques, les ministres ont sollicité la Fédération bancaire française afin qu’elle fasse preuve de compréhension vis-à-vis des échéances bancaires. Mobilisation des conseillers sortie de crise Les ministres ont décidé de réactiver les cellules de crise de chaque département. Les commerçants peuvent s’adresser directement à ces conseillers dont les coordonnées figurent sur le site des impôts. Ils sont chargés d’accompagner individuellement les entreprises en difficulté. Il a été annoncé la possibilité des reports de charges sociales ou fiscales pour tous ceux qui seraient en difficulté. Enfin, Olivia Grégoire étudiera la possibilité de prolonger d’une semaine supplémentaire la date de fin des soldes. Bruno Le Maire et Olivia Grégoire apportent leur soutien aux professionnels Entre désarroi et résilience, les restaurateurs face aux émeutes urbaines Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR974827 Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR274820 Après plusieurs nuits d’émeutes et de pillages, les deux ministres ont demandé aux assureurs d’accélérer le traitement des procédures d’indemnisation, et aux banques plus de compréhension vis-à-vis des échéances financières. De nombreux restaurants, fast-foods et plus de 250 bar-tabacs (autant que les agences bancaires) ont été pris pour cible dans les émeutes qui ont fait suite au décès, le 29 juin, du jeune Nahel à Nanterre. Des professionnels témoignent. © DR François Pont Pascale Carbillet Q “Venez travailler dans nos restaurant plutôt que de les casser” Stéphane Manigold, propriétaire de six restaurants et président du groupe Eclore : “Il faut appeler à l’apaisement. La justice doit passer. Dégrader nos entreprises ne sera jamais une solution. Nous, les restaurateurs, sommes un ascenseur social, avec plus de 400 métiers à offrir. L’une des solutions à ces émeutes, c’est le travail. J’ai appelé au calme. Les conséquences sont lourdes, avec 15 à 60 % de réservations en moins dans l’hôtellerie. C’est un mauvais signal. Rue du Louvre, les terrasses sont vides. La pandémie, le remboursement des PGE, les grèves..., cette accumulation est intenable. Quand il y aura le coup de trop, ce sera trop tard !” Q “Les commerces, les bars, les boulangeries, ils ont tout saccagé ” Angélique Hue, responsable du restaurant Léo à table à Rouen (Seine-Maritime) : “Nous sommes un restaurant d’insertion avec trois employés en salle et six en cuisine. Ce sont des gens fragiles qui ont été éloignés de l’emploi pendant longtemps ou des réfugiés politique. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des jeunes masqués ont tout cassé. Les portes, les vitres ont été détruites. Ils ont brûlé le bar, brisé les verres, les bouteilles. Ce n’était pas du pillage mais de la destruction. À part vandaliser gratuitement, que saventils faire ? La police a fait des relevés d’empreintes. Nous ne sommes pas les seuls : les commerces, les bars, les boulangeries, ils ont tout saccagé. Je suis très affectée. J’attends une réunion avec le gérant pour savoir ce que l’on va devenir. Il y en a pour des mois à réparer. Nous serons sans doute en chômage partiel à 72 % de notre salaire sans pouvoir travailler ailleurs, pour ne pas perdre ce droit. Ils ont détruit l’avenir de gens en plus grande précarité qu’eux.” Q “Les pilleurs n’ont pas touché au bar, ils ne cherchaient que ce qui a de la valeur” Le gérant du bar-tabac la Vecquerie à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : “De très jeunes vandales, entre 13 et 17 ans, ont mis à sac notre bar-tabac vers 1 h 30 du matin. On s’en sort bien, car ils n’ont pas eu accès aux réserves de cigarettes et d’argent verrouillées dans des coffres. La police est intervenue et a arrêtée deux mineurs en flagrant délit. Nous sommes moins touchés que les tabacs du centre-ville. Ma femme est très choquée. Nous ne pourrons rouvrir que lorsque des vitrines blindées anti-balles seront installées ce qui n’est pas simple au regard du nombre de commerces détruits.” Q “En voyant les pilleurs en action, j’ai pensé à Orange mécanique” Bernard Marty, président de l’Umih des Bouches-du-Rhône : “Jeudi 29 au soir, en sortant d’une réunion, j’ai assisté au pillage des restaurants du Vieux-Port. Les hôtels sont concernés mais moins. Plus de 400 commerces ont été détruits dans le centre de Marseille au point que les vandales recommandaient sur les réseaux sociaux de se reporter sur d’autres communes mieux achalandées En les voyant, j’ai pensé à Orange mécanique. Ils étaient plus de 3 000 en petits groupes mobiles. La situation est très grave. Ils ont totalement ravagé la brasserie Le Soleil. À la Samaritaine, ils ont empilé la terrasse pour y mettre le feu. Le restaurant Une table au Sud, de l’étoilé Ludovic Turac, n’a été épargné que grâce à la résistance de son rideau de fer. La région et la ville viennent de débloquer 12 M€ pour les commerces vandalisés. Je demande au ministre des Finances d’échelonner sur dix ans le remboursement des PGE. La trésorerie, dans ces circonstances, sera le nerf de la guerre.” Le McDonald’s de la mairie de Montreuil est resté fermé le 30 juin, suite aux dégradations. LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE

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