L'Hôtellerie Restauration No 3806

3 1er septembre 2023 - N° 3806 L’Hôtellerie Restauration Ils veulent du contenu théorique, mais aussi des interactions avec les professionnels.” “L’apprentissage, ce n’est pas forcément la panacée” La réforme de l’apprentissage répond-elle aux attentes des jeunes ? “Oui, répond Véronique Lemasson. D’ailleurs, tous nos meilleurs élèves s’orientent vers l’apprentissage.” Didier Leder, proviseur du lycée des métiers Théodore Monod, à Antony (Hauts-de-Seine), voit aussi du bon dans cette réforme : “Cela va nous aider à multiplier les contacts et développer les actions avec les entreprises.” “Nous accueillons davantage d’alternants, reconnaît également Claire de Maximoff. Pourtant ce n’est pas toujours évident d’allier théorie et pratique dans un même emploi du temps.” Avis partagé par Philippe François, président d’honneur de l’Amfohrt - désormais présidée par Abderahman Belgat - : “L’apprentissage, ce n’est pas forcément la panacée. Il existe un temps pour se former et un temps pour le terrain. Si l’alternance fonctionne pour un commis, fonctionne-t-elle aussi bien pour un jeune qui étudie le management et qui a besoin de beaucoup de théorie ? Ne pourrait-on pas imaginer une alternance plus souple, où l’on donne davantage de liberté aux écoles pour ajuster ces temps de théorie et de pratique selon les profils et les besoins de chacun ?” La question est posée. Et des éléments de réponses pourraient être donnés lors du 38e congrès de l’Anephot, en novembre prochain, sur le thème : ‘Osez le changement’ (voir encadré). Séduire les jeunes Pour l’heure, les établissements de formation multiplient les initiatives pour rester attractifs. Tout est mis en œuvre pour séduire les jeunes et les fidéliser. Ainsi l’École hôtelière de Paris - lycée Jean Drouant (XVIIe) organise deux jours de séminaires, les 6 et 7 septembre, pour les entrants en BTS management en hôtellerierestauration. L’idée : faciliter l’intégration, nouer des contacts avec d’anciens étudiants, présenter la diversité de l’offre hôtelière actuelle. Le lycée Valéry Larbaud de Cusset mise sur la dynamique du travail en groupe sur un même projet, les expériences à l’étranger - via Erasmus - et les sorties pour découvrir les coulisses d’un restaurant, d’un marché, d’une halle gourmande… Quant à l’école hôtelière Lesdiguières en plus de son hôtel d’application désormais classé 4 étoiles, elle vient de se doter d’un internat destiné aux jeunes des filières pro et techno, pour leur éviter des temps de trajet trop longs ou des locations de logement trop coûteuses. Enfin, à Tours, on innove. Catherine Barrier, fille du chef triplement étoilé Charles Barrier, ouvre les archives familiales (lire p. 9) et les met à disposition des écoles hôtelières : “Le parcours de mon père, parti de rien et sans le sou, peut susciter des vocations et donner des envies aux jeunes”, dit-elle. Quant à la Cité des formations, grâce à un partenariat avec la Métropole de Tours et la région Centre Val-de-Loire, elle va bénéficier d’un nouveau bâtiment et d’une modernisation de ses outils pédagogique, à hauteur de 30 millions d’investissement, d’ici à 2030. Une question, un commentaire sur cet article ? www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR075124 3 questions à… L’Hôtellerie-Restauration : Que vous inspire cette rentrée 2023 ? Esther Milland : Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration sont en train de changer, à l’instar des jeunes dans nos établissements. Le bien-être au travail et les problématiques environnementales sont d’actualité. Les jeunes le disent : ils ne veulent plus travailler tous les weekends et ils sont sensibles au développement durable. Alors à nous, enseignants, de nous adapter aussi en accentuant nos interventions sur ces thèmes. Mais en nous calant également sur les attentes des entreprises : plus nous travaillerons de concert avec celles-ci, plus ce sera porteur. Et ce d’autant que nous avons des jeunes qui ont envie de travailler dans le secteur des CHR. Dans quel état d’esprit appréhendez-vous la réforme de l’apprentissage ? Les réformes, on en a l’habitude ! Nous attendons de voir comment cela va se traduire sur le terrain, notamment pour les enseignants. Même chose avec les périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) et la gratification des stages : nous attendons de voir comment cela va se mettre en place. Une chose est sûre : le travail avec nos partenaires en entreprises sera une clé de la réussite. Observez-vous un manque d’effectifs du côté des élèves ? Nous avons plutôt de la demande dans nos établissements. Les effectifs seront donc corrects en cette rentrée 2023. Certes, nous constatons plus d’inscriptions en cuisine qu’en service, mais cela n’est pas nouveau. Quant à l’apprentissage, il a pris le pas : nous avons davantage de demandes d’alternance en BTS qu’en voie scolaire. Mais cela ne déséquilibre pas l’ensemble pour autant. À savoir : le 38e congrès de l’Anephot aura lieu du 28 au 30 novembre 2023 au lycée Albert de Mun, à Paris (VIIe). Le thème : ‘Osez le changement - Vision d’avenir’. Esther Milland, présidente de l’Anephot L’Hôtellerie-Restauration : Que vous inspire cette rentrée 2023 ? Christophe Joublin : J’observe une mutation du profil des jeunes que nous accueillons dans nos établissements. Même si le personnel éducatif s’est mis au diapason des nouvelles technologies et a fait preuve d’imagination, notamment pendant le Covid, nous faisons face à une nouvelle philosophie de vie de la part des jeunes. Ils sont sur d’autres paradigmes que les nôtres. Nous constatons, par exemple, qu’ils sont de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études vers un bachelor ou encore un master… Ce qui retarde leur arrivée en entreprise et engendre moins de main-d’œuvre sur le terrain. Par ailleurs, cette nouvelle génération a envie de travailler, mais différemment. Il va donc falloir nous adapter, pour être au plus près de ces jeunes et ne pas être en disharmonie avec eux. Dans quel état d’esprit appréhendez-vous la réforme de l’apprentissage ? Cette réforme va avoir un impact dans l’accompagnement des jeunes. Nous allons voir la façon dont celle-ci va se mettre en œuvre. Même chose avec la modification du bac, qui vient d’être annoncée par le nouveau ministre de l’Éducation nationale : nous sommes dans l’expectative, même s’il y devrait y avoir une certaine continuité dans ces changements à venir. Observez-vous un manque d’effectifs du côté des élèves ? Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. Si nous constatons un frémissement dans les établissements du Nord-Ouest, nous parlons d’embellie en Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec des effectifs d’élèves à la hausse, même si cela ne comblera pas les attentes de la profession dans cette région. En Paca, les besoins de la profession sont énormes. À savoir : le 30e congrès de l’Aflyht aura lieu du 3 au 5 avril 2024 à Gérardmer (Vosges). À cette occasion, une sociologue interviendra pour décrypter les attentes des jeunes vis-à-vis de l’enseignement et du monde du travail. Christophe Joublin, président de l’Aflyht Philippe François, président d’honneur de l’Amfohrt, prône “une alternance plus souple”... © DR “La mention complémentaire barman a le vent en poupe”, souligne Marie-Jo Bodin, directrice de la Cité des formations à Tours. © DR “Les jeunes ont envie de goûter au terrain”, explique Véronique Lemasson, formatrice à l’école hôtelière Lesdiguières de Grenoble. © DR

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