“Omnivore est profondément ancré sur le sens de la cuisine”, estime Luc Dubanchet. Une question, un commentaire sur cet article ? www.lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR675120 Le regard de Luc Dubanchet sur deux chefs emblématiques de la jeune cuisine, Pascal Barbot et Giovanni Passerini “Pascal Barbot, c’est l’étincelle ! J’ai découvert sa cuisine en 2000, quand j’étais encore chez Gault&Millau et j’ai basculé dans un autre monde. Je me suis dit : “Ce gars-là qui a mon âge fait une cuisine de mon âge qui me touche” et j’ai senti qu’un ‘truc générationnel’ était en train de se passer. Il était dans le premier numéro d’Omnivore et participe avec Christophe Rohat au festival. J’ai rencontré Giovanni Passerini à la Gazetta de Peter Nielsen. Puis il a ouvert Rino et ce fut un déferlement hyper-créatif dans un style italien contemporain. Je ressens chez Giovanni cette même émotion, cette même curiosité, cette tension, cette subtilité, ce même parti pris sur des sauces, sur des cuissons, des viandes bleues, des poissons rosés, des assaisonnements fous, une sorte d’évidence de cuisine qui va de pair avec un côté cosmopolite. Ça donne des clés de cette jeune cuisine qu’Omnivore a nommée. Barbot comme Passerini ne cessent de se réinventer. Ils ne se contentent pas d’un patrimoine figé.” ©WHITE MIRROR 15 septembre 2023 - N° 3807 L’Hôtellerie Restauration 47 de la cuisine et son utilité dans la société. Omnivore est profondément ancré sur le sens de la cuisine. Cela a toujours été sa préoccupation première. Être créatif non pas pour briller mais pour raconter quelque chose de puissant de son environnement, de son histoire, de son identité. C’est pour moi essentiel. Qu’est-ce qui a changé en vingt ans ? C’est ce qui a radicalement changé, c’est qu’il n’y a pas une minute, un journal, un site internet, un réseau social, où l’on ne retrouve pas le fait culinaire, le fait du produit, les chefs, les vignerons, les éleveurs. Tout ça est devenu de manière planétaire un sujet permanent. Omnivore en a été l’un des ferments. À l’époque, personne n’y croyait. On voyait la cuisine comme quelque chose de subalterne. J’ai revu cet été à la télévision la première fois où j’ai interviewé pour Omnivore Cyril Lignac. C’était en 2006, il faisait Oui Chef ! sur M6 et il était raillé de tout le monde culinaire. Mais je pensais que ce fait médiatique allait bouleverser les choses. Cela a commencé par la télévision et des années après, avec les réseaux sociaux, Facebook et Instagram. Je me souviens qu’en 2005, j’étais tout seul à prendre des photos de plats dans un restaurant avec mon appareil photo professionnel pour le carnet de route Omnivore. Aujourd’hui, tout le monde prend des photos dans un restaurant. Les gens alimentent leur quotidien de bouffe. C’est la révolution food ! La cuisine et les chefs sont devenus ce phénomène sociétal et culturel. Omnivore l’a anticipé et y a contribué à sa petite échelle mais de manière consciente. Le monde a bougé, mais le festival n’a pas fondamentalement changé dans sa manière de faire. C’est toujours un acte de curiosité. La cuisine se transforme au quotidien en fonction des émotions du chef, de son ouverture d’esprit et dans un répertoire inventif et créatif permanent.”
RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==