Des hôteliers français assignent Airbnb en justice 4 L’Hôtellerie Restauration N° 3828 - 5 juillet 2024 Le 17 juin dernier, Airbnb Ireland a été assignée au tribunal de commerce de Lisieux par maître Jonathan Bellaïche, du cabinet Goldwin, représentant 26 hôteliers de toute la France (Deauville, Cannes, Limoges, Sarlat, Biarritz, Strasbourg, Mâcon). L’action a été présentée le 20 juin lors d’une conférence de presse en présence, notamment, d’Éric Abihssira, vice-président confédéral de l’Umih et hôtelier-restaurateur à Nice, et Véronique Siegel, présidente d’Umih hôtellerie et hôtelière à Kaysersberg et Strasbourg. Les 26 hôteliers accusent la plateforme de concurrence déloyale en raison de pratiques non conformes aux réglementations : • absence de numéro d’enregistrement pour certaines communes, comme à Kaysersberg par exemple. À Paris, il n’est plus possible de mettre en ligne une annonce sans numéro d’enregistrement. Pour les plaignants, c’est bien à l’éditeur de contenu (Airbnb) de faire en sorte d’être conforme à la réglementation ; • non-suppression des annonces de plus de 120 jours pour les résidences principales ; • non-collecte, non-déclaration et non-paiement de la taxe de séjour (en l’absence de numéro d’enregistrement) ; • manque de surveillance et présence de contenus ou d’anonces illicites (annonces sans l’accord du bailleur ou contraires au règlement de copropriété). Pour l’avocat, ces agissements causent un préjudice direct aux hôteliers, plaçant Airbnb en avantage concurrentiel déloyal puisque les hôteliers se retrouvent en concurrence directe avec un marché qui ne respecte pas la réglementation. Les hôteliers demandent une indemnisation financière et une régularisation des pratiques de la plateforme, à hauteur de 9,2 M€. Jonathan Bellaïche s’est montré rassurant : “De nombreuses décisions de justice ont révélé qu’Airbnb a sciemment laissé des annonces illicites, faussant la concurrence. Ce combat s’inscrit dans la lignée des nombreux succès contre Airbnb et les hôtes violant la loi.” L’audience publique se tiendra le 6 septembre prochain au tribunal de commerce de Lisieux. O Véronique Siegel : “Nous ne sommes pas contre les plateformes, mais le non-respect de la loi française dépasse le cadre de la concurrence déloyale. La plateforme dérégule le marché locatif et amplifie la crise du logement, impactant nos capacités à loger nos salariés, surtout les saisonniers !” O Éric Abihssira : “Nous sommes satisfaits que les hôteliers se mobilisent contre Airbnb. Ils rappellent que notre métier nécessite une présence 24 heures sur 24 et des règles de sécurité strictes. Nous investissons pour l’avenir en formant nos jeunes et en payant nos impôts. Les plateformes ne jouent pas le jeu, au détriment des clients !” L’Hôtellerie Restauration : Quels changements réglementaires, législatifs et fiscaux souhaiteriezvous voir mis en place pour équilibrer le marché ? Véronique Siegel : Sur la partie réglementaire, nous aimerions qu’il y ait un alignement des normes d’accessibilité et de sécurité incendie entre les meublés et la catégorie des petits hôtels. Sur la partie législative, nous demandons à ce que le numéro d’enregistrement soit rendu obligatoire sur tout le territoire. Aujourd’hui, on ne sait pas dire combien de lits touristiques sont disponibles sur le territoire français puisque les meublés n’entrent pas en compte alors qu’on se dit être la première destination touristique. Nous réclamons l’abaissement du nombre de jours de location pour les résidences principales, en passant de 120 à 60. Il nous paraît également important que le DPE soit rendu obligatoire sur les meublés. Enfin, sur le volet fiscal, une action conjointe avec le GHR et l’Atop est en cours. La loi fiscale prévoyait de raboter sérieusement la niche fiscale accordée mais le Bulletin officiel des finances publiques en a fait une interprétation très personnelle en maintenant des conditions très avantageuses. On attend le jugement ces jours-ci. Au sein de l’Umih, nous avons des axes de travail qui sont constants sur ces questions depuis 2012. La concurrence est saine, on est pour la concurrence, mais dès lors qu’on exerce le même métier, les contraintes doivent être équivalentes. “Nous n’avons rien contre les plateformes ni les locations de meublés mais leur développement viral pose de nombreux problèmes” 26 hôteliers accusent la plateforme Airbnb de concurrence déloyale. Vingt-six hôteliers assignent en justice, par l’intermédiaire de maître Bellaïche (cabinet Goldwin), la plateforme pour concurrence déloyale et demandent des réparations financières. Romy Carrere Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR202101 © GETTYIMAGES Véronique Siegel, présidente d’Umih hôtellerie. © DR Connu pour la générosité de ses portions, la qualité de ses produits et ses additions relevées, le restaurant Chez l’Ami Louis, à Paris, vient d’être repris par le groupe LVMH et sa division LVMH Hospitality Excellence. L’adresse, qui fêtera ses 100 ans cette année, est considérée comme une institution dans la capitale. Située à proximité de la place de la République, elle a de nombreux habitués célèbres, notamment l’ancien président Jacques Chirac qui y a dîné avec les époux Clinton, en visite en France en 1999, mais également Barack Obama, Francis Ford Coppola, Tim Burton, Lenny Kravitz, Quincy Jones, David Beckham, Roger Federer ou encore, plus récemment, l’influenceuse Rosalia. La famille Arnault est également une habituée des lieux, ce qui peut expliquer la raison de ce rachat. Le groupe assure ne vouloir modifier ni la carte ni la décoration typique, avec ses rideaux à carreaux rouges et ses nappes roses, qui fait le charme et l’identité de cette table de 50 couverts. Disparition de Pierre Bessière C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de Pierre Bessière, à l’âge de 92 ans. Cet Aveyronnais a effectué une longue carrière dans les métiers de l’hôtellerie-restauration : groom au Plaza Athénée, gérant d’hôtel à Courbevoie, restaurateur à Chamrousse en Isère, maître d’hôtel au Drugstore Publicis à Paris, puis directeur du Drugstore de La Défense. Suivront des postes de direction à Maxim’s, au Train bleu, et enfin un retour au Plaza Athénée, en tant que directeur de la restauration. Respect, écoute et bienveillance étaient ses maîtres-mots. Retraité, il avait notamment apporté son expertise à l’école hôtelière Jean Drouant à Paris. À sa famille, ses proches, ses amis et anciens collègues, L’Hôtellerie Restauration présente ses sincères condoléances. © DR Le groupe LVMH acquiert le restaurant L’Ami Louis, institution parisienne LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE
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