NANTES L’établissement écoresponsable, qui affiche une déco décalée aux couleurs pop, prône la sobriété sans lésiner sur le confort. Un pari relevé avec brio. Demain casse les codes de l’hôtellerie traditionnelle Quand l’univers du cinéaste Wes Anderson croise celui de l’hôtellerie, cela donne Grand Budapest Hotel… ou Demain. Cet ex-Kyriad nantais de 51 chambres a rouvert ses portes début mai, après un rebranding de trois mois et demi et 250 000 € d’investissement. Résultat : une déco ultracolorée et surannée née de l’imagination de l’hôtelier Pierre-Yves Le Gal et de la directrice artistique nantaise Fortiche, des têtes de lit rayées jaunes et roses, un desk à l’ancienne où Amélie Poulain pourrait jouer les réceptionnistes… “Ce sont des formes et des coloris qu’on ne voit pas ailleurs, c’est l’anti ‘comme à la maison’”, précise le fondateur d’Arzel Management, qui se veut en rupture avec l’offre hôtelière existante : “Dans le centre de Nantes, il y a soit de l’hôtellerie de chaîne, soit des enseignes familiales conventionnelles. On a voulu dépoussiérer ça avec un concept abordable et des prix agressifs - entre 75 et 90 € par nuit - pour être fort en termes de taux d’occupation.” Halte au superflu Mais au-delà de ce positionnement marketing, le créateur du Lieu-Dit (ouvert il y a deux ans à Nantes) entend “réconcilier confort et sobriété” dans l’hôtellerie. “Notre promesse, c’est un bon lit, une bonne douche et un bon wifi, sans services superflus”, déclare-t-il. Chez Demain, les matelas sont reconditionnés, les meubles sont fabriqués à partir de volants de badminton, de bouteilles en plastique, de drèche de bière ou chinés… Le low-tech est de rigueur. “Je repasse aux serrures à clé métallique, et il n’y a pas de téléphone dans les chambres, afin de ne pas importer de produits fabriqués pour la plupart en Asie”, note-t-il. Le petit déjeuner est local (moins de 100 km). Un sablier dans les douches et des poubelles de tri dans les chambres incitent les clients à agir de manière écoresponsable. L’énergie provient du biogaz et de l’électricité verte. Les clients qui viennent en train ou à vélo bénéficient d’une remise de 5 %, un local à vélo est réservé aux cyclotouristes, et des tarifs dégressifs récompensent ceux qui séjournent deux ou trois nuits afin de limiter le nombre de chambres à blanc. Au rez-de-chaussée, un espace polyvalent créé avec le collectif de designers écoresponsables Moins Pire sert à la fois de show-room, de salle de réunion et de matériauthèque pour les clients de l’hôtel et les professionnels du réemploi. Conciergerie pour les clients d’Airbnb Enfin, Demain dénote en créant des passerelles entre hôtellerie et locations de courte durée. L’établissement propose ainsi une conciergerie aux loueurs et à leurs clients : accueil et remise des clés, petit déjeuner, bagagerie, location du linge… “Notre métier, c’est d’accueillir des gens 24 heures sur 24. On a le savoir-faire. Ça peut être une activité complémentaire, sans réel travail supplémentaire. Cela amène du flux et ça nous donne de la visibilité”, explique Pierre-Yves Le Gal. Une façon ingénieuse de faire revenir les clients Airbnb dans un hôtel. Violaine Brissart Demain surfe sur une déco atypique, des prix abordables et une démarche profondément écoresponsable. © DR Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR200479
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