L'Hôtellerie Restauration No 3829

Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR202210 Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR202269 Élections législatives : les réactions et les attentes de la profession Après les élections du 7 juillet et dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement, les organisations professionnelles ont réagi aux résultats. Olivia Grégoire : “J’espère que les chantiers que nous avons engagés au ministère se poursuivront dans les années qui viennent” PARIS La ministre chargée des PME, de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme assistait au relais de la flamme olympique, le 15 juillet à la mairie du XVe arrondissement. L’occasion de faire un bilan des deux années passées à la tête du ministère et de l’interroger sur les défis du secteur. 4 L’Hôtellerie Restauration N° 3829 - 19 juillet 2024 Catherine Quérard, présidente du GHR : “La situation n’est pas du tout rassurante” La “situation n’est pas du tout rassurante”, estime Catherine Quérard, présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR), suite à l’élection d’une Assemblée nationale “sans majorité absolue ni relative”. La représentante s’alarme de la crise économique, qui n’a “jamais été évoquée pendant la campagne électorale”, et rappelle la multiplication des défaillances d’entreprises (33 500 au cours des six derniers mois). “Chaque jour, en France, on compte sept restaurants traditionnels qui ferment leurs portes définitivement”, indique-t-elle. Catherine Quérard rappelle également les difficultés de remboursement des PGE contractés pendant le Covid, la diminution de l’activité liée à la hausse des prix et à la baisse du pouvoir d’achat, et les difficultés de recrutement dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, sujets ignorés durant la campagne. Le GHR défendra plusieurs mesures auprès des nouveaux députés et du prochain gouvernement : • le coût de l’énergie ; • “le régime social et fiscal applicable au salaire, afin de donner aux entreprises les moyens de rémunérer leurs salariés pour qu’ils vivent tous dignement de leur travail”, face à des charges qualifiées d’“insupportables” ; • “libérer le travail” : “inscrire les métiers du secteur HCR dans les listes des métiers en tension, autoriser le recours aux auto-entrepreneurs dans ces mêmes métiers en tension, libérer l’emploi à temps partiel” ; • ne pas augmenter les impôts et les taxes. “Désormais l’État doit, comme nos entreprises, réduire ses frais et se désendetter.” Des mesures garantes de “la visibilité et la stabilité” nécessaires aux chefs d’entreprise pour poursuivre leur activité. Alain Fontaine (Maîtres restaurateurs) : Clarifier la question des sans-papiers Pour Alain Fontaine, président de l’Association française des Maîtres restaurateurs et patron du Mesturet, à Paris, les résultats des élections législatives constituent “un soulagement, en tant que citoyen mais aussi en tant que chef d’entreprise”. Cependant, “rien n’est réglé”, constate-t-il. “Le prochain gouvernement devra statuer rapidement sur la régularisation claire et efficace des sans-papiers qui sont déjà en poste dans nos établissements. Il faut que cesse le travail au noir qui favorise une concurrence déloyale entre nos établissements.” L’autre urgence de la profession est la diminution des charges sociales pour les entreprises qui emploient beaucoup de salariés, insiste Alain Fontaine. “Nous sommes des métiers de femmes et d’hommes qui travaillent le soir et le week-end. Pour augmenter les salaires et être plus attractifs, il faut alléger les charges sociales, car nous ne pouvons plus augmenter les prix.” Enfin, dernière attente pour le représentant des Maîtres restaurateurs : la clarification du statut du fait maison, tant en matière de définition que d’affichage. “Il faut sortir de ce débat stérile”, demande-t-il. L’Umih insiste sur la nécessaire simplification administrative L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), dirigée par Thierry Marx, rappelle quant à elle les priorités qu’elle avait déjà énoncées durant la campagne des législatives, notamment : • faciliter le recrutement et garantir les moyens de la formation, notamment en inscrivant les métiers de l’hôtellerie-restauration dans la liste des métiers en tension et en renforçant les fonds publics en faveur de la formation des salariés et des demandeurs d’emploi ; • reprendre la proposition de loi visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale ; • démarrer le projet de loi tourisme, qui doit, notamment, accélérer la simplification administrative et alléger le poids des normes, intégrant notamment la refonte du code des débits de boissons ; • réformer le titre restaurant et notamment mettre fin à l’extension à tous produits alimentaires au 31 décembre 2024 ; • pérenniser la désocialisation et la défiscalisation des pourboires ; • arrêter le financement des transports publics par la taxe de séjour ; • baisser les prélèvements obligatoires sur les entreprises au niveau de la moyenne européenne. © GETTYIMAGES Roselyne Douillet L’Hôtellerie Restauration : Quelles sont les prévisions de fréquentation pour les Jeux olympiques ? Olivia Grégoire : On attend 15 millions de visiteurs, dont l’immense majorité sont français. Les visiteurs étrangers seront principalement anglais et américains. Les chiffres de la billetterie atteignent des records, avec plus de 8 millions de billets vendus, dont plus d’un million pour les Jeux paralympiques. L’état d’esprit est plutôt positif et les Français sont dans l’attente de ces Jeux. Quand on voit comment le parcours de la flamme s’est déroulé, depuis son départ de Marseille jusqu’à Paris, on comprend la dimension populaire de l’événement. Que retiendrez-vous de vos deux années au ministère du Tourisme ? Si la France demeure la première destination touristique mondiale, ce n’est pas par hasard. Les hommes et femmes du secteur sont très professionnels, mais aussi extrêmement engagés et résilients. J’ai été marquée par l’engagement total de ces professionnels dans des champs très différents : de l’œnotourisme au voyage d’affaires, du tourisme culinaire au slow tourisme, du tourisme littoral au tourisme de montagne… La France compte un vivier de richesses, d’expériences et d’expertises assez exceptionnel. Mais ce grand professionnalisme suppose aussi une remise en question permanente. J’espère que les chantiers que nous avons engagés au ministère - sur la nouvelle consommation du tourisme, la gestion de pics de fréquentation, le tourisme de savoir-faire, de gastronomie, l’agritourisme, le cyclotourisme - se poursuivront dans les années qui viennent. Et pour cela, il faut se rassembler pour être plus forts. Le secteur du tourisme est très fragmenté avec beaucoup d’acteurs différents. J’espère qu’ils se réuniront plus encore, par exemple sous l’égide d’une action comme le tourisme durable ou du slow tourisme, pour pouvoir répondre aux nouveaux défis. Quels sont, à votre avis, les défis auxquels les acteurs du tourisme seront confrontés dans les années à venir ? Il y a peu de secteurs économiques qui sont confrontés à de telles transformations. Entre la nouvelle clientèle, les mutations post-Covid, les impératifs de la transition écologique, je pense que le tourisme de masse des années 1980 est révolu. Pour écrire cette nouvelle page du tourisme, se rassembler est une façon de faire plus et mieux ensemble. J’appelle de mes vœux à une montée en gamme de l’offre touristique française. Ce n’est pas de devenir premier qui est le plus dur, c’est de le rester. Roselyne Douillet © DR Olivia Grégoire (au centre) en compagnie d’Anne Hildalgo (à droite), maire de Paris, lors du relais de la flamme olympique à la mairie du XVe arrondissement. © DR LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE

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