L'Hôtellerie Restauration No 3835

De gauche à droite : Éric Omgba, Yann Caillère et Jérôme Bosc, à la tête du groupe Alboran Hotels & Hospitality et fondateurs de la marque FirstName, qui prône le ‘feel good’. “Le lifestyle a amené la restauration au cœur de l’hôtel, mais aujourd’hui c’est un langage mal utilisé”, explique Isabelle Maffre, directrice du studio Air&D. ©DR À l’heure d’une hôtellerie de plus en plus hybride, le lifestyle est-il devenu has been ? Hôteliers, architectes d’intérieur, designers et observateurs du secteur de l’hospitalité abordent les évolutions en cours, en amont des nouvelles tendances à découvrir sur le salon. L’hôtellerie lifestyle a-t-elle vécu ? Lifestyle. Ce terme anglo-saxon est entré dans le langage courant. Dans le secteur de l’hospitalité, il qualifie un type d’établissements, plutôt haut de gamme et ciblé sur l’art de vivre. Apparu notamment avec l’émergence des boutique-hôtels, “le lifestyle a eu sa pertinence au départ, en apportant un vent de fraîcheur dans l’hôtellerie. Mais, depuis, les grands groupes et les marques l’ont codifié et il a perdu cette sincérité du début”, observe Emmanuelle Mordacq, à la tête de l’agence NeoPlaces consulting. Un constat qu’elle a partagé lors d’une journée de débats sur le contract, organisée par L’Ameublement français (organisation professionnelle qui rassemble 380 entreprises françaises de la fabrication d’ameublement) en décembre 2023 à Paris. “En effet, au départ, le lifestyle a permis de s’ouvrir à des créateurs différents et il a apporté une mixité des usages”, a également reconnu l’architecte d’intérieur Arnaud Berthereau. Isabelle Maffre, experte en design hôtelier et directrice du studio Air & D, considère de son côté que “le lifestyle a amené la restauration au cœur de l’hôtel, mais aujourd’hui, c’est un langage mal utilisé”. Le lifestyle serait donc devenu un terme galvaudé, fourretout. Au lieu de qualifier un hôtel, il en rendrait plutôt illisible le positionnement. “En architecture d’intérieur, le lifestyle ne veut plus dire grand-chose”, commentent plusieurs spécialistes de l’agencement dans le secteur de l’hôtellerie. Un design dit “relaxant” et “intuitif” Crise sanitaire, inflation, télétravail… la donne a changé. Le voyageur aussi. Au-delà de l’étiquette lifestyle d’un hôtel, il veut comprendre à quoi correspond ce qu’il paie. Il a besoin d’être rassuré sur ce qu’il mange et ce qu’il boit. Il a aussi envie d’être chouchouté et compris lorsqu’il a besoin de se connecter, recharger une batterie, se détendre... Les hôteliers doivent donc s’adapter. Ce que font, d’emblée, les jeunes enseignes. À l’instar de FirstName, nouvelle marque du groupe Alboran, dont le premier établissement à Bordeaux (Gironde) mise sur le “feel good”, explique Éric Omgba, associé et cofondateur du groupe Alboran. Ce qui se traduit par de la musique, du bien-être, un design dit “relaxant” et “intuitif ”, “des expériences créatives”… L’atmosphère devient une clé d’entrée et de fidélisation de la clientèle, comme des salariés d’ailleurs. Les deux profils de population forment une même communauté. Avis partagé du côté du nouveau groupe Sangha - terme qui signifie justement communauté en sanskrit -, fondé par Muriel Roquejeoffre. Ce concept hôtelier, avec un premier établissement en septembre dans l’écoquartier La Cartoucherie à Toulouse (Haute-Garonne), se veut ouvert sur les 64 L’Hôtellerie Restauration N° 3835 - 11 octobre 2024 DESIGN

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