Une question, un commentaire sur cet article ? lhotellerie-restauration.fr/QR/RTR202926 Le ministère de la Culture a compris qu’il était anormal que les bistrots ne figurent pas au patrimoine culturel immatériel et nous a apporté son soutien.” Alain Fontaine Meublés touristiques : la justice donne raison à la ville de Saint-Malo SAINT-MALO Dans une décision rendue le 17 octobre, le tribunal administratif a débouté quatorze propriétaires de locations saisonnières qui dénonçaient la réglementation très stricte mise en place par la ville. Grâce à la mobilisation de l’association des Bistros et cafés de France, présidée par Alain Fontaine, le ministère de la Culture a inscrit “les pratiques sociales et culturelles dans les bistrots et cafés en France” au patrimoine culturel de l’Hexagone, reconnaissant ainsi leur rôle dans le pays et l’importance des liens sociaux qui s’y créent. Alain Fontaine, président de l’association des Bistrots et cafés de France. 4 L’Hôtellerie Restauration N° 3836 - 25 octobre 2024 “Après six ans de travail nous avons atteint notre but, s’enthousiasme Alain Fontaine. […] La fiche d’inventaire ‘pratiques sociales dans les bistrots et cafés en France’ est inscrite au patrimoine immatériel français.” Le président de l’association des Bistrots et cafés de France, également chef du Mesturet, à Paris, peut se réjouir de cette annonce, fruit d’une longue mobilisation des professionnels, rejoints par les pouvoirs publics. “Le ministère de la Culture a compris qu’il était anormal que les bistrots ne figurent pas au patrimoine culturel immatériel et nous a apporté son soutien, tout comme Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse et de nombreux députés.”, explique le professionnel, également président de l’Association française des Maîtres restaurateurs. Une nuance est apparue au fil de ces années de mobilisation : ce n’est pas le lieu qui a été retenu dans cette fiche d’inventaire, mais l’ambiance qu’on y trouve et ce qui s’y passe : le maintien du lien social, la notion de partage entre clients, les conversations de toutes sortes entre personnes de tous âges. Un élément matériel y trouve toutefois toute sa place : le comptoir. Cette reconnaissance arrive alors que la survie des bistrots est menacée depuis de longues années, puisqu’il n’en reste plus que 40 000 en 2024, contre 500 000 en 1900. Alain Fontaine explique le phénomène par la désertification des campagnes et la création des cantines d’entreprise dans les années 1970, puis plus proche de nous, par le développement des machines à expresso pour les particuliers, des sandwicheries et de la restauration rapide, et, depuis le Covid, de la livraison de repas à domicile et au travail. De fortes menaces “Cette reconnaissance nous permet désormais d’alerter les pouvoirs publics pour qu’ils nous aident à préserver ce patrimoine. Nous voulons également travailler avec l’Éducation nationale pour mettre en place une mention complémentaire bistrots et cafés. Enfin, elle nous permet aujourd’hui de porter notre projet à l’Unesco.” Des conférences et expositions sont déjà au programme pour faire la promotion de cet art de vivre et le faire reconnaître à l’échelon mondial. D’ici là, les professionnels savent qu’ils doivent repenser ces lieux de vie et de partage, en créant de nouveaux services – dépôt de pain, petite épicerie, distributeur de billets – qui y feront entrer une nouvelle clientèle. “L’avenir des bistrots est là”, assure Alain Fontaine. L’histoire se poursuit. Roselyne Douillet © DR La ville de Saint-Malo a adopté l’une des réglementations les plus strictes de France pour contrer les locations saisonnières. Nouveau coup dur pour les loueurs de meublés touristiques : le tribunal administratif de Rennes (Ille-etVilaine) a donné raison, le 17 octobre, à la ville de SaintMalo dans le procès qui l’opposait à quatorze propriétaires de locations de courte durée. Pour lutter contre la pénurie de logements à l’année et la spéculation immobilière, la cité corsaire a mis en place depuis le 17 mai 2021 un système de quotas, avec un pourcentage de meublés autorisés à être loués dans certains quartiers de la ville. Elle a également limité les autorisations temporaires de changement d’usage aux seules personnes physiques, afin d’écarter de ce marché les sociétés civiles immobilières (SCI) et les sociétés par actions simplifiées (SAS), ce qui en fait l’une des règlementations les plus strictes de France en la matière. Défendre “l’intérêt général” Le collectif de quatorze sociétés et propriétaires privés arguait que la municipalité n’avait pas le droit de limiter le nombre d’autorisations délivrées, d’instaurer des quotas ou d’exclure les personnes morales, expliquant que “le numerus clausus par secteur n’est pas objectif, ni transparent, ni accessible”. Le tribunal administratif de Rennes a estimé, dans une décision rendue le 17 octobre, “que le règlement de la ville de Saint-Malo s’inscrit dans la politique communale de lutte contre la pénurie structurelle de logements sur le marché locatif résidentiel et répond à un objectif d’intérêt général.” Les juges ont ajouté que la ville peut “sans discrimination, limiter à un bien par personne physique propriétaire l’autorisation de louer un logement pour une courte durée, au regard notamment des objectifs poursuivis, qui visent à limiter les fortes tensions qui s’exercent dans la commune sur le marché de la location de locaux à usage d’habitation”. Un jugement qui pourrait encourager d’autres municipalités en lutte contre l’asséchement du marché locatif au profit des locations saisonnières. Les bistrots français classés au patrimoine culturel immatériel français ©GETTYIMAGES LES TEMPS FORTS DE LA QUINZAINE Suivez-nous sur nos réseaux
RkJQdWJsaXNoZXIy ODk2OA==