Depuis trois ans, Michael Beltrami, à la tête du Logis Hôtel Les Voyageurs (La Coquille, Dordogne), ne trouve pas de repreneur pour son hôtel-restaurant 3étoiles de 13chambres. “C’est un ancien relais de poste dans le Périgord vert, sur l’axe Limoges-Périgueux. Tout est aux normes, on a rénové dans un esprit cosy chic, on fait un excellent chiffre d’affaires. Et pourtant, on n’a eu que deux visites, alors que je vends pratiquement au même prix que quand je l’ai acheté il y a près de vingt ans”, s’étonne-t-il. Ces hôteliers qui ont du mal à vendre leur fonds de commerce Ventes qui n’aboutissent pas, délais qui s’allongent… La cession d’un fonds de commerce dans l’hôtellerie peut s’avérer un parcours du combattant. Comment expliquer cette tendance? Quels établissements sont les plus concernés? Comment y remédier ? L’Hôtellerie Restauration • Janvier 2025 HÔTELLERIE 34 Son analyse “Il y a beaucoup d’hôtels restaurants à vendre, et peu de demandes. Les acquéreurs veulent des moutons à cinq pattes, ou ils ne voudraient travailler que six mois par an… Peutêtre que la partie restauration fait aussi peur…” Des délais de vente qui s’allongent Le cas de Michael Beltrami est loin d’être isolé. “Je connais des hôteliers qui vivent dans leur établissement, faute de repreneurs”, glisse-t-il. “Il y a aujourd’hui des hôtels murés à la sortie des villages. Parfois, les hôteliers finissent par vendre les murs et font un vide-hôtel. Je n’avais jamais vu ça avant”, observe Adeline Desthuiliers, agent immobilier spécialisée en hôtellerie. Jean-Christophe Brun, du département Entreprise et Commerce chez Century 21 France, confirme le phénomène : “Selon Altares, le volume est de 550cessions de fonds de commerce en hébergement en 2023. On est autour de 510-515000€ pour le prix moyen des cessions, un chiffre en hausse de 20% entre 2022 et 2023. Mais le nombre de cessions a diminué de l’ordre de 10%. Cette difficulté à vendre est une tendance de fond, depuis une bonne quinzaine d’années. On est désormais sur des durées longues, entre 24 et 36mois, pour vendre son fonds de commerce.” Les petits établissements sont les plus impactés Cet état des lieux se vérifie partout en France. “Ce n’est pas un sujet urbain ou rural, c’est une problématique plus globale qui concerne tout particulièrement les hôtels de moins de 40chambres”, note Karim Soleilhavoup, directeur général du groupe Logis Hôtels. “Au-dessus de 40chambres, on s’adresse généralement à des chaînes hôtelières, à des investisseurs. En-dessous de 40chambres, on a très souvent des exploitants. Or, on a du mal à trouver des acquéreurs pour reprendre ce type d’établissements”, enchérit JeanChristophe Brun. Les acquéreurs n’ont pas toujours la capacité financière nécessaire, d’autant que les banques se montrent de plus en plus exigeantes. “Une banque va financer selon le triptyque : le profil de l’acquéreur –si celui-ci n’a pas les compétences ou l’expérience pour gérer l’établissement, la banque ne lui prêtera pas–, l’apport, le bilan et la rentabilité du fonds Le Logis hôtel Les Voyageurs, situé dans le Périgord vert, est à vendre depuis trois ans. © DR Georges-André Piat passe la main après trente ans à la tête de l’Hôtel Urban style de l’Europe à Rouen. © DR
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