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Le département qui a osé rendre obligatoire la formation des maîtres d'apprentissage

Formation - Écoles - jeudi 28 janvier 2010 16:43
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54 - Meurthe-et-Moselle Pour Michel Bedu, président de l'Umih 54, la valorisation de l'apprentissage passe par une formation obligatoire des tuteurs. Preuve départementale à l'appui.



Le département de Michel Bedu enregistre un très faible taux de rupture du contrat d'apprentissage. Le président de l'Umih 54 est aussi président d'Umih Formation.
Le département de Michel Bedu enregistre un très faible taux de rupture du contrat d'apprentissage. Le président de l'Umih 54 est aussi président d'Umih Formation.

L’Hôtellerie-Restauration : Vous avez rendu obligatoire la formation des maîtres d’apprentissage ? Je crois que vous êtes le seul département à le faire ? Pourquoi avoir choisi un cadre rigide ?
Michel Bedu : En dehors de l’Alsace, dont la réglementation est un peu différente depuis la dernière guerre, nous sommes effectivement les seuls à avoir rendu obligatoire la formation des maîtres d’apprentissages ou tuteurs. Ce choix, nous l’avons fait en 1998, quand l’agrément pour les entreprises est tombé. A l’époque, nous nous sommes dit qu’il fallait compensé cette absence d’agrément par une formation d’au moins 20 heures. Dans le 54, vous ne pouvez pas signer un contrat d’apprentissage si vous n’avez pas suivi la formation qui a été mise en place. Ce devrait être une obligation sur tout le territoire. Vous savez, nous devons réfléchir autrement. Et notre secteur n’est pas le seul concerné. Est-ce qu’une entreprise qui s’installe, et même si elle existe depuis 5 ans, est apte à former ? Nous pouvons avoir un très bon professionnel qui soit très mauvais pédagogue… La formation que nous imposons, dans notre secteur d’activité, permet au professionnel d’être bon pédagogue. 

Vous aimeriez aller plus loin dans votre démarche, n'est-ce pas ?
M. B. : Effectivement, ce dossier amène d’autres réflexions, d’autres questions. Est-ce que quelqu’un qui crée une entreprise est immédiatement apte à ‘employer’, à gérer une équipe ? On crée une entreprise sur l’unique avis de son comptable… Cela ne vous interpelle pas, quelque part ? Pourquoi ne pas changer sa vision de l’entreprise créer des permis à former, des permis à employer ? Un chef d’entreprise peut être visionnaire, avoir plein d’idées, mais a-t-il d’entrée de jeu la capacité à diriger même un seul salarié ? Nous avons, dans le secteur CHRD, des métiers magnifiques. Simplement, certains aspects ont besoin d’être réactualisés. Et former, c’est apporter les bonnes fondations. Ce que nous avons mis en place il y a douze ans devrait être aujourd’hui un réflexe. Bien sûr, il y a des chartes de qualité. Mais une charte de qualité, c’est un engagement qui n’apporte ni savoir-faire, ni contenu.  C’est juste un engagement de bonne volonté.

Quels sont les chiffres qui vous paraissent significatifs ?
M. B. : Avec le recul, nous nous sommes rendus compte que le taux d’absentéisme des jeunes diminuait mais surtout que le taux de rupture baissait aussi. Nous sommes à 7% contre 10 à 15% au national. Ce qui me paraît encore plus significatif, c’est le taux de rupture enregistré entre la 1ère et la 2ème année. Un jeune qui entre en apprentissage chez nous et s’aperçoit au bout de 3 mois qu’il préfère la menuiserie, c’est compréhensible. Il s’aperçoit qu’il n’est pas fait pour le CHR, c’est son droit. En revanche, quand il a déjà fait une année et qu'il ne continue pas, ce n’est pas bon signe. C’est qu’il y a un problème. En Meurthe-et-Moselle, le taux de rupture entre la 1ère et la 2ème année est descendu à moins de 2%.
Nous formons 500 jeunes par an et nous avons 380 maîtres d’apprentissage, dans tous les métiers, que ce soit la cuisine, le service…

Comment avez-vous orienté cette formation ?
M. B. : Nous expliquons aux futurs maîtres d’apprentissage le programme pédagogique des diplômes préparés et un tiers du temps est consacré aux droits des jeunes. Tous les cinq ans, nous faisons une ‘piqûre de rappel’ de 8 heures et tous les ans, ils participent à une réunion d’information qui est financée par la région dans le cadre de l’aide à l’apprentissage et qui nous permet de diffuser aux entreprises toutes les informations en matière de formation et de social. Je voudrais aussi préciser que sur le carnet de liaison entreprise/CFA, qui est entre les mains des apprentis, nous avons résumé sur 4 pages le droit social, de manière à ce que l’apprentis soit parfaitement informé de ses droits. Nous avons voulu qu’il y ait une vraie transparence. Les horaires qu’il peut faire, comme les bulletins de paye, sont clairement expliqués. Nous sommes dans la valorisation de l’apprentissage, c’est notre volonté. La qualité de vie professionnelle du jeune est importante. Ce n’est pas parce qu’il est jeune qu’il doit être traité n’importe comment.
Sylvie Soubes

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