Michaël Engelmann, Meilleur sommelier des Etats-Unis

New York (ETATS-UNIS) À 26 ans, le Français vient de remporter la compétition organisée par l’Association américaine des sommeliers. Une belle récompense pour ce Mosellan passionné par l’œnologie depuis le lycée.

Ce fut une très belle performance. À l’issue de deux jours de compétitions intensives à Jumeirah Essex House à New York, le Francais Michaël Engelmann a reçu le prix de Meilleur sommelier des États-Unis décerné par l’Association américaine des sommeliers (ASA). “Il est absolument fascinant que quelqu’un qui ne connaissait pas notre organisation, entende parler de la compétition quelques jours avant, réserve un billet d’avion, débarque à New York et reparte avec le prix en Californie”, s’est étonné Andrew Bell, président de l’ASA. “C’est un très beau jour pour la sommellerie et l’association”, a t-il ajouté.

La sommellerie française était bien représentée : parmi les 20 candidats en lice figuraient aussi Michel Couvreux, André Compeyre ou encore Olivier Dufeu des restaurant new-yorkais Cru, brasserie Les Halles et Bouley Restaurant. Au programme de la compétition : épreuve écrite avec des questions sur les vignobles, la viticulture et la vinification, dégustations à l’aveugle et service.


Du lycée de Sarreguemines à la Napa Valley

Chance du débutant ? Pas tout à fait. L’intérêt de Michael pour le vin ne date pas d’hier. Originaire de Moselle, il se souvient quand son père, chauffeur routier, emmenait la famille dans les vignobles en Alsace. Adolescent, au lycée professionnel Simon Lazard de Sarreguemines, il se passionne pour les cours d’œnologie de la section hôtelière dirigée par Monsieur Biache.

Bac pro en poche, il devient chef de rang au restaurant Georges Blanc, 3 étoiles Michelin à Vonnas. Le sommelier de l'établissement le prend sous son aile et n'hésite pas à l’emmener à des dégustations. “Le vin a pris encore une autre dimension”, explique le jeune sommelier. Après un an et demi, il est tenté par une expérience à l'étranger. Il décroche alors son premier poste de sommelier au Chewton Glen Hotel dans le sud de l'Angleterre. Puis direction la Californie. “Le fait que San Francisco soit près du vignoble, ça me plaisait”, se souvient-il.

 

Ambassadeur du vin français

Si les vins californiens (pinot noir, cabernet et chardonnay) ont la part du lion au restaurant Gary Danko, Michaël Engelmann s'est transformé en ambassadeur du vin français. “Mes collègues rigolent parce que j'essaie toujours de ‘pousser’ le vin français”, confesse-t-il. En deux ans, il dit avoir appris beaucoup de son expérience américaine. “J'ai beaucoup évolué, à la fois en tant que personne et professionnel. J’étais timide ; je suis devenu plus ouvert. C’est une autre mentalité ici : le service est un peu plus décontracté, dans le bon sens du terme. Ceci étant dit, il y a beaucoup de pression et d'exigence.”

Le métier exige de pouvoir s'adapter constamment, notamment dans le contexte de crise. Au restaurant, le prix de vente moyen d’une bouteille est 120 $, et les clients coupent bien souvent cette dépense en premier lieu. “Ce sont les cocktails, bières et vin au verre qui marchent maintenant”, explique-t-il.

Ses conseils pour les jeunes sommeliers qui débutent ? “Y aller, foncer, ne jamais arrêter d’apprendre, être curieux. Aller à des dégustations, rencontrer les vignerons, voyager à l’étranger.” Le mantra lui a bien réussi jusqu'à présent. Il entend ne pas s’arrêter en si bon chemin. Michaël se prépare désormais à l’examen (Advanced Certificate) du cours de Master sommelier en août à Chicago. Après cela, il disputera la compétition de Meilleur sommelier du monde à Barcelone en 2010.