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Audrey Jacquier règle son pas sur celui de son père

Restauration - vendredi 15 octobre 2010 09:37
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Lyon (69) Avec son père Williams, Audrey Jacquier a investi les cuisines de La Vivarais, dans la cité rhodanienne. Si elle n’a jamais franchement hésité sur le choix de sa trajectoire professionnelle, elle lance son message : “si une fille veut devenir cuisinière, qu’elle le fasse. Il faut foncer sans regarder en arrière et sans regret !”



“On s’était toujours dit que l’on travaillerait ensemble et je considère que vivre cette aventure est une chance inespérée”, explique Audrey Jacquier, ici avec son père Williams, devant Le Vivarais, le restaurant dont ils sont désormais les propriétaires.
“On s’était toujours dit que l’on travaillerait ensemble et je considère que vivre cette aventure est une chance inespérée”, explique Audrey Jacquier, ici avec son père Williams, devant Le Vivarais, le restaurant dont ils sont désormais les propriétaires.

Jeudi 7 octobre 2010, peu avant neuf heures. Williams et Audrey Jacquier investissent la cuisine du Vivarais, place Gailleton, à Lyon, où le restaurant a connu ses heures de gloire. Ils en sont désormais propriétaires et attaquent leur premier service.

La veille, père et fille ont mal dormi et beaucoup stressé. Ils sont en confiance, mais rien n’est évident lorsque l’on se retrouve ainsi à la tête de sa première affaire. Les deux caressaient depuis longtemps le rêve de travailler ensemble. Ils le concrétisent.

Retour en arrière. Audrey n’est qu’une gamine mais déjà elle met la main à la pâte. André Receveur, son arrière grand-père, lui a souvent raconté son Tour de France, qui lui a permis de travailler chez les plus grands. Et il l’a initiée à la recherche du meilleur en matière de produits. Alors, sous le regard de son père cuisinier, elle s’amuse. Plus tard, rien n’a changé.

“Petite, j’imaginais plein de métiers que je pourrais exercer, mais à chaque fois, c’était la même chose : je voulais être chef cuisinière. Je ne savais pas encore comment y arriver. J’aidais mon père pour les ‘extras’ dans les restaurants sans me sentir obligée de le faire. Mais il existait déjà une vraie complicité : en cuisine, on se comprend.”

Envie d’avancer

Tout naturellement, elle a suivi la filière professionnelle, à Lyon, au lycée Jehanne de France où son père enseignait. Pas évident tous les jours. “C’est vrai que cela faisait jaser certains mais cela me laissait indifférente ; je voulais faire mes preuves”, raconte celle qui a terminé avec un BEP et un bac technologique. “Ce qui me motive, c’est d’essayer d’être la meilleure. Même si ce n’était pas direct, j’ai rencontré un brin de machisme sur ma route car cela reste quand même un univers masculin. Mais en étant souvent mise en bas de l’échelle, j’ai eu envie d’avancer.”

Et elle l’a fait. À travers stages ou ‘extras’ chez plusieurs cuisiniers lyonnais : Pierre Orsi, Christian Lherm, Gérard Vignat. Et elle a remis à plus tard ses envies de courir le monde, d’aller aux États-Unis ou en Grande-Bretagne pour trouver d’autres inspirations culinaires.

“Un vrai travail d’équipe”

Jeudi 7 octobre, peu après quinze heures. Le premier service s’est bien passé. Une vingtaine de couverts et des clients à l’évidence satisfaits de trouver ici des classiques : quenelle, tête de veau, foie de veau au vinaigre de framboise ou le bœuf à la ficelle. Des plats qui ont l’heur de plaire à une jeune fille de 19 ans qui épaule son père et ne revendique qu’un rôle de commis !

“Je n’ai pas encore assez d’expérience. Il me manque quelques années. Travailler avec mon père ? On s’était toujours dit que l’on travaillerait ensemble et je considère que vivre cette aventure est une chance inespérée. Même s’il crie en cuisine, ce qui est normal pour un chef” - elle sourit – “tout se passe bien. Et avec Florian Chatelard, le second, nous faisons un vrai travail d’équipe. Tout le monde touche à tout et moi, je me concentre surtout sur la pâtisserie en attendant la suite.”

La suite ? Une cuisine plus ‘contemporaine’ par exemple ? “Je mentirais si je disais que je ne pense pas parfois à une cuisine plus ‘décalée’, mais les grands classiques ne manquent pas de charme. Je suis encore en phase d’apprentissage et commencer par des choses simples n’est pas plus mal. Un bœuf à la ficelle ou un foie de veau, si c’est bon, ce n’est pas la peine de rajouter un zigouigoui (sic). Il y a quelques jours, j’ai fait un repas chez Paul Bocuse : c’était une merveille.”

“J’ai le temps”

Audrey avoue son admiration pour Anne-Sophie Pic - “ce n’est pas possible, c’est trop beau” - et se dit “impressionnée” par Michel Roth MOF et Bocuse d’Or qu’elle a vu à la télévision. De quoi rêver ? “C’est vrai que préparer le Meilleur ouvrier de France ou le Bocuse d’or, cela doit être fabuleux. J’ai le temps”, constate-t-elle simplement.
Dans une ville où la cuisine des mères incline à une certaine nostalgie, une place est à prendre. “Si plus tard on parle de moi comme une mère…” murmure-t-elle. Chiche, ‘la Mère Jacquier’ ? “Pourquoi pas ?” se marre-t-elle.
P. E.

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