Micro-trottoir : Un an après l’interdiction de fumer, bilan positif ou négatif pour votre établissement ?

Frédéric et Sophie Lafon, propriétaires-exploitants du restaurant gastronomique L’Oiseau Bleu, à Bordeaux (33)
“On n’a pas moins de clients et pour notre espace vital, c’est finalement une bonne chose. On voit même des fumeurs qui apprécient! Nous avons la nette impression que les gens réduisent leur consommation. Pour fumer, ils doivent aller dehors, sur la terrasse et du coup, ils réfléchissent à deux fois. Le bilan est donc positif.”
B. D.

Olivier Dantzikian, responsable du bar-restaurant L’Oly Café, à Lyon (69)
“Le négatif l’emporte, surtout en hiver, pour ce qui est du bar. Le soir, c’est nul qu’une personne pense avant tout à sa santé en sortant boire un coup ! À midi, dans la partie restauration (plats du jour et en sauce), l’interdiction se fait moins ressentir. Pour pouvoir apprécier ce qu’on mange, c’est mieux de ne pas fumer.” Le responsable, lui-même fumeur, déplore une baisse de 20 % pour la clientèle du soir.
S. D.

Antonia Sarasal, du restaurant Jacquou le Croquant, à Aix-en-Provence (13) :
“Je suis très mal placée pour dire quel impact a eu l’interdiction de fumer sur mon restaurant. Cela fait 25 ans qu’il est non fumeur ! J’ai été la première en France à la mettre en œuvre. Au début, c’était très dur. Les clients ne comprenaient pas. J’ai tenu bon. C’était un impératif de santé pour moi et mon personnel. La santé est plus importante que le chiffre d’affaires. Au final, cela a eu un bon impact. Cette interdiction a été très médiatisée et cela m’a fait une grosse publicité.”
D. F.-N.

Brigitte Robin, de l’Auberge du Mont Mercure, à Saint-Michel-Mont-Mercure (85)
“On avait pratiquement mis la loi en application avant que ce soit obligatoire, et déjà nos clients l’avaient bien pris. Mais on avait laissé le bar fumeur. Ne plus fumer du tout a été un peu plus difficile à faire accepter, mais c’est la loi, alors il n’y a pas le choix. Au final, pour notre travail, c’est beaucoup mieux, même si c’est dommage de refuser que les clients n’aient pas une salle non fumeur, uniquement pour pouvoir fumer après le café. Un fumoir serait l’idéal, mais pour notre restaurant, comme pour beaucoup d’établissements existants, ce n’était pas possible d’aménager cet espace en respectant les contraintes imposées.”
E. B.

Stéphanie Massé, du restaurant le Gourmandin, à Challans (85)
“Nous, on trouve ça positif à tous les niveaux. Au niveau de la gastronomie, de la dégustation des mets et des vins, c’est bien mieux. C’est aussi plus agréable pour les gens qui travaillent dans les bars et restaurants, il n’y a plus de contrainte de cendriers à changer, ni de plafonds noircis par la fumée. Et même nos clients le vivent bien. Seuls les gros fumeurs se lèvent encore entre les plats pour aller fumer dehors. Au bout du compte, ce n’est que du positif. Et pourtant, mon mari et moi sommes nous-mêmes fumeurs, mais justement, maintenant nous fumons moins !”
E. B.

Annick Paris, du restaurant l’Étoiles du jour, à Abbeville (80)
“C’est plutôt positif, et les non fumeurs, comme la plupart des fumeurs d’ailleurs, trouvent l’atmosphère plus agréable. Les gens vont fumer dans la petite cour que nous avons aménagée. C’est plus gênant pour le service, car il est fréquent que les chaises soient vides quand on apporte les plats, les clients sont en train de fumer dehors.”
J. G.

Hervé Ferreira, Hôtel de la Poste à Coudes (63)
“C’est la catastrophe, surtout dans les campagnes. J’ai perdu la moitié des cafés le matin. Mais personne ne bouge. Et en plus, l’interdiction de fumer n’a pas eu d’incidence sur les ventes de cigarettes. Elles sont restées au même niveau qu’auparavant, sans compter la contrebande qui a progressé. De plus, l’interdiction n’est pas appliquée dans certains bars. Car il en va de leur survie.”
P. B.

Patrick Perrier, Les Voyageurs à Vitré (35)
“Nous observons davantage une baisse en nombre de café par client. Ceux qui prenaient 3 ou 4 cafés le matin n’en prennent plus qu’un. Mais ce n’est pas significatif sur le chiffre global. Les fumeurs et le personnel reconnaissent qu’on est mieux à l’intérieur maintenant, sans fumée. Quelques clients nous ont boudé quelques mois, mais ils sont rapidement revenus.”
O. M.

Nicolas et Arnaud Barde, propriétaires et exploitants de Cassolette et Café Pomme, à Bordeaux (33)
“Il n’y a pas eu d’incidences sur la fréquentation ni sur le chiffre d’affaires. Et point très positif, on respire mieux. Ceci est vrai sur nos deux établissements, sachant que sur le Café Pomme, où l’incidence aurait pu être réelle, les fumeurs vont en terrasse, comme elle est située plein sud, elle est prise d’assaut au moindre rayon de soleil. On pense d’ailleurs à l’agrandir et à la chauffer.” B. D.

Jean-Louis Lusley, propriétaire-exploitant du café-bar-tabac Barnabé à Bordeaux (33)
“Ce qu’il faut vendre c’est de la valeur ajoutée. Sans nul doute positif au niveau santé, car le café est petit et avec 25 clients fumeurs, ça tousse forcément ! Maintenant, en termes financiers, nous avons constaté une baisse du chiffre d’affaires sur les cigarettes d’environ 10 %, un peu moins sur les jeux. Sur les autres postes, boissons et restauration, il a fallu se battre. L’établissement a été entièrement rénové. Nous avons lancé de la vente à emporter, y compris pour le café. Nous proposons des boissons plus élaborées et on vient d’ouvrir un billard. On a gagné 5000 clients de mieux en 2008, ce qui nous a permis de compenser les pertes liées à l’interdiction de fumer.”
B.D.

Virginie Perrier, gérante du bar-restaurant le Dix à Mont-de-Marsan (33)
“Ici, dans la mesure où le personnel, comme moi-même, est fumeur, nous avons décidé de laisser la liberté au client. On peut donc toujours fumer au Dix, mais en respectant les non-fumeurs et ça se passe très bien. C’est le côté positif de l’interdiction, il y a une prise de conscience et plus de civisme. Maintenant j’ai bon espoir que l’on fasse comme en Espagne, avec des établissements fumeurs et non fumeurs. Ça nous permettrait d’être en règle, même si pour l’heure nous n’avons pas eu de sanctions !”
B.D.