Pour Robert Billing

Dans la plus grande discrétion, Robert Billing s'est éteint il y a quelques jours à l'âge de 81 ans. Pour toute une génération de professionnels, le président des hôteliers du Groupement du Bas-Rhin, de ce qui était alors la F.N.I.H, fut d'abord le symbole de la lutte pour la liberté des prix, liberté obtenue en 1986 au terme d'un bras de fer sans concession avec les pouvoirs publics.

Juste quelques lignes pour évoquer un contexte pas si lointain: face aux ravages de l'inflation héritée des "30 Glorieuses", dont les investissements avaient en grande partie été financés par des hausses de prix galopantes  - des taux annuels d'inflation de 10 à 15 % n'étaient pas rares ! -, les gouvernements successifs avaient pratiqué un strict contrôle des prix qui maintenait des pans entiers de l'économie sous un régime de dirigisme stérilisant. En clair, un hôtelier, un restaurateur ou un cafetier ne pouvait librement fixer ses prix, qui étaient décidés chaque année par les pouvoirs publics au terme d'un semblant de concertation : les taux accordés de hausse dépassaient rarement 3 %, alors que l'inflation culminait au-delà de 10 %.

C'est grâce à l'action de Robert Billing, qui eut le courage d'assumer ses actes devant le tribunal correctionnel puis devant la cour d'appel, que les esprits commencèrent à évoluer. Après un procès retentissant durant l'été 1985, une relaxe suivie d'une condamnation en appel pour Robert Billing, le changement de majorité au Palais Bourbon conduisait à la libération totale des prix en décembre 1986. Symboliquement, c'est au cours d'un congrès de la F.N.I.H, dans la capitale alsacienne, que la nouvelle fut annoncée à la profession.