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Large vote de défiance contre Christine Pujol

Vie professionnelle - mardi 24 novembre 2009 20:48
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Nantes (44) Le Congrès de l’Umih s’annonçait houleux. On attendait de la présidente Christine Pujol, une réaction à l’annonce du Sénat d’un éventuel retour de la TVA à 19,6 %. La surprise est venue d’ailleurs. La tenue d’une assemblée générale extraordinaire en plein Congrès, et le vote de révocation qui en a découlé ont semé le trouble au sein de la direction de l’Umih. À l’heure où nous imprimons, André Daguin, président sortant de l’Umih déclarait être disponible pour reprendre temporairement la direction de l’organisation professionnelle, alors que Christine Pujol annonçait que la mesure de destitution dont elle a été la cible n’était pas statutairement valable.



Jean-Pierre Elkabach ne croyait pas si bien dire en interrogeant Christine Pujol mardi matin sur Europe 1 en lui demandant : “Alors ce Congrès de Nantes, ça va chauffer ?”, faisant allusion aux dernières péripéties de l’amendement sénatorial sur le retour de la TVA à 19,6 % pour les restaurateurs jugés peu coopératifs en matière de baisse de prix.

En fait, “ça a chauffé” dès le début du Congrès, mais pas pour les raisons évoquées par le célèbre débateur d’Europe 1. Les partisans de la tenue d’une assemblée générale extraordinaire (AGE) firent bruyamment entendre leur revendication alors que les organisateurs du Congrès et la présidente de l’Umih entendaient s’en tenir à l’ordre du jour d’une assemblée générale ordinaire, ignorant la décision entérinée la veille au soir par le conseil de surveillance.

Ambiance plombée donc dès le début avec la présence de deux huissiers (un pour chaque camp !),alors qu’on se demandera longtemps qui a eu l’idée funeste de réquisitionner des ‘vigiles’, des adhérents de l’Umih, - hélas !, serait-on tenté de dire - qui avaient pour principale mission d’interdire à André Daguin d’approcher du micro de la tribune. Comme si une bande de ‘gros bras’ avait pu empêcher André Daguin de s’exprimer !

C’est dans cette atmosphère détestable que les représentants des autorités locales ont néanmoins souhaité la bienvenue aux congressistes (aucun n’a eu la cruauté de lancer un “excellent Congrès”), qui auront eu là une bien piètre image de la profession.

Comme il fallait s’y attendre, rien n’ayant été fait pour calmer les esprits, Christine Pujol fut réduite à s’époumoner dans une indescriptible pagaille. 

Déstabilisation programmée

Dans le désordre qui s’ensuivit, le rapport financier, d’ordinaire présenté dans un assoupissement général, fut péniblement expliqué par un trésorier méritant qui en oublia de demander le vote de la salle. De toute façon, les esprits étaient ailleurs.

Et le tumulte fut relancé par l’intervention d’une adhérente partisane de l’ AGE, Catherine Chouridis, vice-présidente des hôteliers du Calvados, qui parvint à franchir l’obstacle des vigiles et prit le micro pour demander l’intervention du président du conseil de surveillance.

Effet garanti et réussi, sous le regard des huissiers qui notaient scrupuleusement des péripéties qu’ils pourront sans doute consigner dans leurs annales. Face à une cacophonie de plus en plus pesante, il était temps pour Christine Pujol d’en terminer.

Une assemblée générale extraordinaire sous tension

De leur côté, les partisans de la tenue immédiate d’une assemblée générale extraordinaire se dirigeaient vers une autre salle du palais des Congrès afin de se réunir. André Daguin prenait la parole pour préciser que le conseil de surveillance n’a pas vocation à exprimer un vote pour ou contre la présidente de l’Umih mais de faire respecter les statuts.

S’exprimant sous le contrôle actif de Me Froment-Meurice, avocat de l’Umih, le président rappela que le conseil de surveillance avait , la veille, jugé recevable la demande de tenue d’une AGE dès l’ouverture du Congrès, et ce conformément aux statuts de l’association.

Et l’orateur de poursuivre que cette AGE est habilitée à une demande de statuer sur une motion de confiance ou de défiance à l’égard de la présidente.Il en profitait pour déplorer en termes vifs les manœuvres destinées à l’empêcher de prendre la parole, alors que le désordre s’accroissait dans la salle.

Après l’intervention de Me Froment-Meurice, qui confirma la régularité de la tenue de cette assemblée, d’autant que la séance du matin “démontre suffisamment que l’assemblée ne pouvait fonctionner normalement, et qu’il n’y a même pas eu de vote sur le rapport moral ni sur le rapport financier”. Pour l’avocat, il faut prendre acte de la nécessité impérieuse de la continuité du fonctionnement de l’Umih, précisant que : “La révocation de la présidente n’est pas prévue dans les statuts, mais elle est de droit quand elle perd la confiance de la majorité.”

Un vote sans appel

Il restait à l’assemblée à constater que 45 départements, représentants 66 % des droits de votes à l’assemblée de l’Umih, étaient présents au début du  scrutin, dont l’objet était ainsi libellé :

‘Révocation de la présidente : oui
Révocation de la présidente : non’

Après avoir indiqué qu’en cas de vote favorable à la révocation de Christine Pujol, il assurerait un éventuel intérim “d’un trimestre et pas un jour de plus”, André Daguin proposa de passer à l’organisation du scrutin.

Ce fut l’occasion pour Me Froment-Meurice d’assurer aux permanents de l’Umih chargés des opérations de vote qu’ils ne pouvaient en aucun cas subir une sanction du fait de leur présence, rappelant sèchement que le code du travail doit être respecté. Le résultat était connu dès le début de l’après-midi, provoquant, on s’en doute, des réactions diverses. Finalement, 70 % des inscrits, le GNC (Groupement national des chaînes hôtelières) ayant décidé une prudente abstention, se sont exprimés à 94,7 % en faveur de la révocation de Christine Pujol.

Sur le terrain juridique

Mardi soir, il n’était pas certain pour autant que les esprits soient calmés afin d’assurer la continuité des travaux du Congrès. Côté partisans de la révocation de la présidente, il n’y a pas l’ombre d’un doute : le vote a été acquis régulièrement, et dès ce jeudi matin, une assemblée plénière doit entériner ce résultat. En clair, la présidente de l’Umih ne peut se maintenir à son poste. Politiquement, la tâche paraît effectivement compliquée.

Côté présidence de l’Umih, on n’est pas disposé à accepter ce résultat, Christine Pujol considérant qu’il n’y a pas eu d’assemblée générale extraordinaire au sens statutaire du terme, mais une simple “réunion” d’une partie des congressistes. Si le contentieux est déplacé sur le terrain juridictionnel, il n’est pas certains que les esprits se calment de sitôt, alors qu’il est urgent de rétablir la sérénité au sein de l’institution. Toutefois, la présidente de l’Umih ouvre une porte à ses opposants en déclarant vouloir, après le Congrès, convoquer un directoire afin de décider de l’organisation d’une assemblée générale extraordinaire.

Mais en fin de journée, André Daguin annonçait également qu’il convoquait un “directoire extraordinaire” pour le soir même.

En outre, avec les élections de branche, les choses se compliquent pour la présidente sortante et ses soutiens, puisque les résultats des deux fédérations où il y avait compétition, les hôteliers et les restaurateurs, ont élu les partisans de la révocation : Laurent Duc avec 75,25 % aux hôteliers, et Philippe Villalon, réélu avec 72,6 % aux restaurateurs, les candidats ‘officiels’ accusant une lourde défaite.
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