Cette 14e édition du concours A.S.I du Meilleur sommelier du monde qui s'est déroulé du 27 au 29 mars a été globalement un succès. À commencer bien sûr par celui du Suisse Paolo Basso qui ramène le titre dans son pays d'adoption et le partage aussi un peu avec l'Italie. Après trois échecs en finale mondiale et autant de places de second, il a fait la preuve qu'il ne faut jamais renoncer. "Je voulais ce titre et je n'ai jamais imaginé arrêter les concours tant que je n'y parviendrai pas", confie-t-il.
Ce professionnel mène de front une activité d'animation de soirées dans un restaurant helvétique et une autre de conseil auprès d'établissements qui n'ont pas de sommelier professionnel et de groupes hôteliers. "Il faut beaucoup d'énergie pour préparer un tel concours et bénéficier d'un grand soutien familial. Et une fois dans la compétition, gérer le temps imparti pour une épreuve est essentiel. J'ai toujours présent en tête la finale au Chili (en 2010) où je n'ai pas terminé la décantation d'une bouteille. Je ne voulais plus connaître une telle mésaventure…"
Épreuves originales et complexes
Avec autant de méthode que de précision chronométrique, il a donc tout réussi : le service de trois champagnes à trois clients aux goûts bien différents ; l'accord mets et vins dans le cadre d'un repas gastronomique avec cinq vins dont deux blancs seulement ; la correction d'une carte des vins erronée ; la dégustation commentée de quatre vins et enfin l'identification de six spiritueux. Sans oublier de reconnaître une partie des quinze personnalités du monde, le temps d'un rapide diaporama.
Autant d'épreuves originales et complexes proposées par le comité technique du concours. C'est l'autre grand succès de cette finale. Celui que le Français Serge Dubs (chef sommelier de l'Auberge de l'Ill et Meilleur sommelier du monde 1989) a notamment partagé avec trois autres MSM, Andreas Larsson, Gérard Basset et Shinya Tasaki. Dans le cadre de l'attente de gestes techniques ou d'appels aux connaissances et à l'expérience dans des registres classiques du métier de sommelier, ils parviennent à trouver matière à originalité à l'occasion de chaque finale. Ce qui donne à chaque fois un spectacle différent et toujours passionnant.
Un vrai spectacle
De quoi ravir les 3 500 personnes venues suivre cette ultime étape du concours dans un décor de théâtre transformant la scène en salle de bar et restaurant. Un succès populaire qui est celui de l'Association des sommeliers japonais alors même que Satoru Mori, le candidat du pays organisateur, était éliminé au soir du premier jour du concours. Mais depuis la victoire en 1995 de Shinya Tasaki, le pays du soleil levant s'est pris de passion pour ce métier et le vin.
En prélude à la finale, un salon du vin (mais aussi du saké) a prouvé la détermination du Japon à s'affirmer comme un pays producteur en devenir. Le public a été sensible à la spontanéité teintée d'humour de la canadienne Véronique Rivest, à la surprise et à la décontraction du Belge Aristide Spies inattendu à ce niveau et, bien sûr, à la maîtrise de toutes les contraintes d'un tel concours du futur vainqueur.
Lots de consolation
Les supporters français, eux, espéraient beaucoup lorsque les 12 demi-finalistes sont montés sur scène. Mais ni David Biraud, le candidat tricolore, ni les Français de l'étranger Eric Zwiebel (Royaume-Uni) et Franck Moreau (Australie) n'ont été appelés pour participer à la dernière étape. Les efforts consentis depuis de longs mois n'étaient pas ou peu récompensés. La France a cependant des lots de consolation. Eric Zwiebel, absent de la scène internationale depuis 2008 a fini à la 4e place et Julia Scavo, la candidate roumaine basée à Nice où elle travaille à L'âne rouge, s'est classée 5e.
Mais pour rêver du titre suprême, tous devront attendre trois ans pour retenter leur chance. Ce n'est qu'à la mi-juin, à Vinexpo, que l'Association de la sommellerie internationale annoncera le pays organisateur du prochain mondial. Quatre sont candidats : l'Allemagne, l'Argentine, l'Australie et l'Allemagne.
Publié par Jean BERNARD