La proposition de loi sur les pré-enseignes que vous avez portée a été votée par l’Assemblée nationale. Votre sentiment ?
La voix de la restauration a enfin été écoutée. Cet amendement va permettre aux restaurants qui proposent des plats bénéficiant de la mention fait maison et situés dans des communes de moins de 10 000 habitants de réinstaller une pré-enseigne. L’amendement a été adopté à l’unanimité*. Tous les partis politiques ont voté ce texte, à l’issu d’un débat qui a été riche. La ruralité n’est pas un espace de vacances pour bobos métropolitains, mais un espace où l’on vit, travaille et vieillit. La vie rurale doit exister et la restauration rurale aidée. La loi va aller à son terme, Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, s’y est engagée dans l’hémicycle. Et je n’ai aucun doute sur la sagesse territoriale des sénateurs.
Pourquoi ce combat ?
Tout est parti d’une discussion avec Jean-Louis Jama, de l’Umih Loiret, qui était extrêmement remonté contre la mesure issue de la loi Grenelle 2. Les petits restaurants concernés par le retrait des pré-enseignes ont subi des baisses de chiffre d’affaires de 15 à 25%, qui les plongent dans une situation catastrophique. J’avais introduit un amendement dans le cadre de la loi Elan en 2018, malheureusement le Conseil constitutionnel a estimé qu’il n’était pas directement lié au texte de loi. Mais il n’était pas question de baisser les bras. Il faut aider ceux qui mettent en avant nos beaux produits et faire la guerre au ‘prêt à bouffer’. C’est une certaine idée de la France qu’il faut préserver et encourager, en mettant en avant les produits de la fourchette à la fourche. Un restaurateur, un cuisinier tisse des liens particuliers avec les agriculteurs qui l’entourent, il raconte aussi leur histoire, il magnifie et relaye des savoir-faire. Pour moi, les restaurateurs comme les agriculteurs n’échapperont pas à la montée en gamme mais il faut leur en donner les moyens.
Le Conseil Economique, Social et Environnemental a pourtant émis un avis négatif il y a quelques jours…
Le CESE est un organisme déconnecté de la réalité, avec des membres hors sol, qui se sont installés dans le confort de la pensée, à l’intérieur d’un bunker parisien, alors que les restaurateurs concernés ont choisi, eux, l’inconfort de l’action quotidienne. Dire que ça dénature les paysages de campagne est une chose, mais cela ne sert à rien d’être beau quand on est mort. Il faut conserver les CESER (conseils régionaux), mais fermer définitivement le CESE qui ne sert à rien. Je ne suis pas un parlementaire politicien, je suis là pour mettre en œuvre des idées qui font avancer nos territoires. Et si des restaurateurs, dans les villes de moins de 10 000 habitants, ont des soucis, qu’ils me préviennent et j’irai voir leur préfet, même s’il ne s’agit pas de mon département. Je l’ai déjà fait et vais continuer. Avant d’être député du Loiret, je suis député de la nation.
Quelles sont les autres idées à mettre en œuvre pour favoriser les CHR en zone rurale selon vous ?
Il y a beaucoup de chose à faire. Sur le terminal des cartes bancaires par exemple, il faudrait mettre une fonction pourboire à 5% et que ce pourboire soit entièrement défiscalisé. Dans un autre registre, il n’est pas normal que les petits établissements paient des commissions auprès des émetteurs de tickets restaurants bien plus importantes que les grands groupes. Je pense aussi qu’il est urgent de créer une 6ème catégorie d'ERP pour les petits hôtels. Sans parler bien sûr des plateformes comme Airbnb qui prennent la richesse française pour la défiscaliser ailleurs.
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*Aucun vote contre, 7 abstentions
Publié par Sylvie SOUBES
mercredi 15 mai 2019
vendredi 17 mai 2019
lundi 13 mai 2019