Pour la onzième année consécutive, European Travel Monitor (ETM), institut de
sondage international spécialisé dans le tourisme, a observé avec attention les voyages
réalisés par les Européens à l'étranger. Les résultats de la cuvée 1997 sont riches
d'enseignements. Au cours du dernier exercice, le volume de voyages (comportant au moins
une nuit en dehors du pays d'origine) et le nombre de nuits n'ont en effet cru que de 2%
par rapport à 1996 : soit 300 millions de voyages et 3 milliards de nuits (inclus les
moins de 15 ans). Une croissance de fait beaucoup plus faible qu'elle ne l'était dans le
passé. Et qui par ailleurs, décèle également de fortes disparités entre les pays
émetteurs.
D'après le cabinet, quinze pays émetteurs ont effectivement enregistré une augmentation
sensible de leurs départs de touristes à l'étranger tandis que sept autres ont vu leurs
chiffres baissés. C'est ainsi que le nombre de voyageurs s'est révélé plus important
en provenance des pays du Nord, de l'Europe Centrale (avec la montée en puissance en
particulier de la Slovénie et de la Croatie représentant 4 millions de départs) et de
l'Europe du Sud.
En revanche, moins de voyageurs ont été comptabilisés partant d'Allemagne, de
France, de Suisse et de Russie. «D'une manière générale, les pays du Nord et de
l'Ouest du Vieux Continent ont une demande de voyages internationaux qui varie en fonction
des évolutions du Produit National Brut. Dans les pays du Sud et de l'Est de l'Europe, la
demande de voyages à l'étranger n'est pas encore saturée. Par conséquent, dans ces
pays une évolution du nombre de voyages est perceptible, en dépit d'une stagnation de
leur PNB», explique ETM.
Malgré ces premières constatations, l'étude précise toutefois que le marché allemand
(avec une diminution des départs aux environs de 4% en 1997) demeure la plus importante
source de touristes dans le monde. La seconde source étant la Grande-Bretagne avec une
part de marché des émissions de 12%. La France, quant à elle, maintient sa position de
troisième pays émetteur de touristes en Europe et ce bien qu'elle accuse une diminution
des départs. Enfin, la Russie reste bien entendu le pays le plus fort émetteur de
voyageurs à destination des pays de l'Est de l'Europe. A noter cependant que la crise
économique a largement influencé le comportement des touristes de ce pays entraînant
une dimi-
nution de 27% des départs en 1997.
Parallèlement, l'observation des consommations touristiques réalisées par ETM en 1997
met aussi l'accent sur une répartition différente des âges des voyageurs. Ce sont en
effet les classes plus âgées qui se déplacent davantage. Ceci expliquant peut-être
d'ailleurs la forte demande dans la catégorie Luxe. Les plus de 75 ans ont ainsi le vent
en poupe avec une hausse de 80% d'une année sur l'autre. Viennent ensuite les 65-74 ans
(+19%) et les 55-64 ans (+9%). La classe des 35-54 ans est stable tandis que les jeunes de
moins de 34 ans fléchissent de 10% par rapport à 1996. Des données dont devront tenir
compte les professionnels du tourisme dans leur stratégie marketing.
Autre point souligné par l'étude d'European Travel Monitor : la baisse des courts
séjours. Après avoir connu un franc succès, le marché des courts séjours n' a pas
évolué en 1997 notamment en Russie, au Danemark, en Finlande mais également en
Autriche, en Grèce et en Italie.
En revanche, le volume des voyages de longues durées (plus de 3 nuits passés à
l'étranger) a lui augmenté de 3%. Ce sont les destinations lointaines qui ont profité
de cette dernière hausse tels les Etats-Unis (+4%), le Canada (+14%), le Mexique et
l'Amérique du Sud (+11%) et les Caraïbes (+18%). Les Européens ont par ailleurs
délaissé l'Asie et la zone Pacifique (-13%). Sans oublier également la chute de 4% de
l'Afrique et la zone sub-saharienne.
Si l'on parle de séjours touristiques d'agrément, ETM affirme en fait que 89% de la
totalité des vacances prises à l'étranger en 1997 auront été sur le Vieux Continent.
L'Espagne caracole bien évidemment toujours en tête devant la France et l'Italie. Mais,
mieux encore ! En ce qui concerne tous les types de séjours confondus, la péninsule
ibérique totalise le plus grand nombre d'arrivées et devient ainsi la première
destination européenne. La France la suit bien sûr comme son ombre, avec un peu plus
loin l'Allemagne et l'Italie.
Autre élément important à signaler, les Européens ont fait davantage appel à
l'aérien (+40%) qu'au train ou à la voiture pour effectuer leurs «escapades». Ajoutons
à cela que plus de 50% des voyages réalisés hors des pays d'origines ont été
réservés par l'intermédiaire d'une agence de voyages. A noter enfin que le total des
dépenses réalisés au cours de ces voyages a cru de 5%.
C.C
c.cosson@lhotellerie-restauration.fr
L'HÔTELLERIE n° 2573 Hebdo 6 Août 1998